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Voile: objectif moins de 40 jours sur le Trophée Jules Verne pour Coville et Gabart

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Depuis quinze jours, les équipages de Sodebo Ultim 3 emmenés par Thomas Coville et SVR Lazartigue par le duo François Gabart – Tom Laperche sont en stand-by pour tenter de battre cet hiver le record du Trophée Jules Verne détenu depuis janvier 2017 par Francis Joyon et ses équipiers sur Idec Sport en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes. Les deux équipes sont désormais passées en code orange signifiant qu'un départ pourrait avoir lieu très rapidement si les conditions météo se confirment.

Alors que la flotte des monocoques navigue dans l’Atlantique pour une course, le Vendée Globe, deux multicoques Ultimes sont désormais en attente d’une fenêtre météo propice pour se lancer à l’assaut d’un record mythique, le Trophée Jules Verne. Depuis presque huit ans et la trace quasi parfaite de Francis Joyon et ses hommes, ils sont trois à s’être cassés les dents sur un temps historique.

Depuis sa création en 1993, jamais le Jules Verne n’était resté si longtemps entre les mains d’un même équipage. Franck Cammas et Charles Caudrelier sur le Maxi Edmond de Rothschild s’y sont essayé en 2020 et 2021, Thomas Coville sur Sodebo fin 2020 et Yann Guichard en 2018 et 2019 sur Spindrift 2. Jamais ces tentatives n’auront dépassé le Cap Leeuwin au Sud de l’Australie en raison de casses matérielles.

Un dixième tour du monde pour Coville

Coville, dont la dernière tentative il y a quatre ans s’était arrêtée après 16 jours et dans les temps du record, en raison d’une avarie de safran, repart à l’assaut avec six hommes qui n’ont jamais fait le tour de la planète : Frédéric Denis, Léonard Legrand, Pierre Leboucher, Guillaume Pirouelle, Benjamin Schwartz et Nicolas Troussel. Un an après sa deuxième place sur l’Arkea Ultim Challenge-Brest, l’ancien recordman du tour du monde en solitaire en 2016 (que lui avait soufflé Gabart l’année suivante) repart pour le dixième tour du monde de sa carrière : 5 en solitaire, 4 en équipage, 7 en multicoque, 2 en monocoque.

Lors de son premier, en 1997, le Rennais alors équipier d’Olivier de Kersauzon avait repris le Trophée Jules Verne aux légendaires Peter Blake et Robin Knox-Johnston en 71 jours et 14 heures. "J’avais préparé Commodore avec Bruno Peyron et j’étais resté très amer de ne pas avoir participé à ce premier Trophée Jules Verne. Et après j’ai eu cette chance d’être dans l’équipe de Franck Cammas, cette 'dream team', sans doute mon plus beau tour du monde. Nous étions douze à l’époque. Steve Ravussin et Bruno Jeanjean étaient mes coéquipiers de quart. J’ai adoré naviguer avec Franck et observer sa gestion. J’ai ça dans ma culture, mon histoire, mes émotions. Avec ces bateaux foilers ça va être extraordinaire."

Gabart, pour un troisième et dernier tour du monde?

Un second bateau est également en stand-by, SVR-Lazartigue de François Gabart et Tom Laperche. Ces deux-là embarquent avec eux l’expérimenté Pascal Bidegorry accompagnés d’Antoine Gautier, Emilien Lavigne et Amélie Grassi. Gabart, qui a réalisé deux tours du monde dans sa carrière, à chaque fois en vainqueur (Vendée Globe 2012 et Record en solitaire 2017), a hâte de partir en équipage.

"Un tour du monde, ça reste toujours quelque chose d'assez extraordinaire dans la vie d'un marin. J'ai eu la chance d'en faire deux. À chaque fois, ça a été absolument extraordinaire, génial, intense, plein d'émotions avec de belles victoires à la fin. Là, je suis hyper heureux de pouvoir le vivre différemment. Ce que j'espère en tout cas, c'est que je vais pouvoir vivre et partager avec tout l'équipage quelque chose d'aussi fort que ce que j'ai eu la chance de vivre autour de la planète en solitaire." Gabart, qui a d'ailleurs annoncé à son équipe: "Ce sera mon dernier tour du monde en course dans les 5 ou 10 prochaines années. S'il y a un Jules Verne l'année d'après, moi je ne serai pas là. Il faut qu'on arrive à gérer cette transmission."

Mais pour aller chercher ce record, il faudra additionner les éléments: fenêtre météo idéale pour partir, pas de casse matérielle et un peu de chance. Gabart sait que les chances de réussites sont minces: "Francis a mis la barre très haut avec son équipage en 2016. On a énormément progressé avec nos bateaux depuis, et pourtant, il y a eu des tentatives mais le record n'a jamais tombé. Il faut certes bien naviguer, avoir un bon bateau. Et puis, il faut aussi avoir un peu de réussite. Donc, on espère que les étoiles seront bien alignées pour nous." Outre les aléas liés à un sport mécanique, le risque majeur est d’être bloqué par un système météo. Les chances de réussir sont estimées à une sur deux par Tom Laperche.

Pierre-Yves Leroux