Championnat du monde de volley: "J'espère que ça va être un déclic", Lucille Gicquel et l'équipe de France ont un rendez-vous historique à jouer contre le Brésil

Lucille, comment êtes-vous depuis ce dernier bloc face aux Chinoises dimanche, synonyme de qualification pour les quarts?
Cela fait quelques jours qu'on est sur notre nuage, on réalise petit à petit ce qu'on vient de réaliser historiquement surtout pour nous. C'est assez incroyable mais on a aussi passé le cap et on essaye maintenant d'être concentrées surtout sur le prochain match. J'ai l'impression que notre qualification a été pas mal suivie, en tout cas on a reçu beaucoup de messages, de volleyeurs comme de gens en dehors donc ça fait vraiment plaisir de pouvoir montrer qu'on est capables de faire de belles choses et que notre équipe commence à performer de plus en plus.
Vous êtes maintenant à moins de 24 heures d’un nouveau rendez-vous historique, face au Brésil, comment l’abordez-vous?
On est surtout excitées par l'événement qui arrive. Le Brésil, on commence à connaître maintenant, à chaque fois c’était accroché donc on espère pouvoir retourner la tendance sur ce match-là. Je pense qu'on est prêtes. On sait de quoi on est capables et on a juste envie d'y être.
C’est en effet la troisième fois en moins de deux mois que vous allez affronter les Brésiliennes, après la Ligue des Nations en juillet et le match de poule le 24 août, pour deux défaites au tie-break. Qu’allez-vous changer dans l’approche et la gestion du match pour tenter d’éviter la même issue?
Il y a des choses à la vidéo qu'on essaye de regarder, des joueuses par exemple qui sont entrées pour le Brésil sur les précédents matchs, dont une pointue par exemple sur le dernier qui a été très efficace… On a essayé de l'analyser, regarder ce qu'elle était capable de faire pour justement s'adapter si elle commence ou si elle entre. Les Brésiliennes ont quand même une équipe assez étoffée, elles sont capables de faire beaucoup de changements. De notre côté, ce sont des ajustements, des détails en défense, au bloc, qu'est-ce qu’on n'a pas bien fait à certains moments qu'on pourrait faire mieux sur le prochain match. Après, un score de 3-2 montre qu'on a fait des bonnes choses face à elle. Il faut continuer là-dessus et s'ajuster sur quelques actions.
La gestion des émotions, comme lorsque vous meniez 2-0 face au Brésil en poule, est-elle une des clés aussi pour vous?
Il y a de cela aussi oui. C'est ce qui nous manque un peu, l'expérience joue énormément. Les Brésiliennes, ça fait un moment qu'elles jouent à ce niveau-là. Nous, on arrive et on commence à faire de très bons résultats face à ce genre d'équipes, mais on n'a pas forcément l'habitude. Donc dans des matchs serrés, sur des 3-2, il nous manque peut-être émotionnellement l'expérience qu'elles ont. On espère que là, le match contre la Chine, les matches qu'on a eus à la Ligue des Nations, ça va nous permettre de pouvoir accrocher sur un tie-break… Cela peut aussi être un 3-0 dans le meilleur des cas ! (rires)
La Chine était cinquième nation mondiale, avec le Brésil, deuxième au ranking, l’adversité monte encore d’un cran...
Oui, c'est difficilement comparable. La Chine est cinquième mondiale mais c'est une équipe qui est quand même très jeune, avec beaucoup de nouvelles joueuses et qui ne sont pas encore vraiment stables, qui sont encore un peu en construction et qui arriveront à maturité dans quelques années. Le Brésil, c'est différent. Ce sont des joueuses qu'on connaît, qui sont là depuis quand même quelques années, qui ont beaucoup d'expérience, qui sont reconnues mondialement… Maintenant, on est arrivées à un moment où on se dit que tout est possible. Cette année, on a montré qu'on était capables de rivaliser. Je pense que l'atmosphère de l'équipe joue aussi, on a un groupe qui fonctionne bien, qui prend énormément de plaisir à chaque match. C'est aussi comme ça qu'on peut arriver à les battre.
Espérez-vous que ces Championnats du Monde puissent-être un déclic pour l’équipe de France féminine?
Oui, on y pense en tout cas. On voit bien que ça commence à fonctionner, qu'on a un groupe beaucoup plus étoffé, beaucoup plus homogène. Le changement de coach aussi nous apporte du nouveau. On y croit de plus en plus et c'est ce qui change, de l'année dernière en tout cas. J'espère que ça va être un déclic, mais en tout cas, on commence à comprendre qu'on est capables de jouer à ce très haut niveau. A nous maintenant de prendre la vague.
Lucille, vous êtes arrivée en équipe de France en 2017, vous avez connu les compétitions internationales où les Bleues n’étaient pas qualifiées, comment jugez-vous cette progression?
Oui, ça remonte maintenant, il y a bien 6 ans quand le groupe a commencé à se former et ça fait plaisir de nous voir là. C'est aussi de la reconnaissance parce qu'on se dit que c’est aussi grâce à tout le travail qu'on a fourni depuis les débuts. On en rêvait en voyant les garçons performer, on les regardait à la télé à chaque fois sur les grands événements. Cela nous a donné envie et on commence à y être donc on espère continuer sur cette lancée.
Quelle est la part de votre nouveau sélectionneur Cesar Hernandez dans ce changement d’envergure de l’équipe de France?
Quand il est arrivé, il a commencé à faire des réunions avec nous et il nous a directement dit : « moi j'y crois, on est capables de battre la Turquie, le Brésil ! ». On ne nous avait jamais dit ça, et quand quelqu'un apporte ce genre de discours, au fur et à mesure l'équipe commence à y croire aussi. Sur la Ligue des Nations, ça s'est super bien passé. Les jeunes joueuses qui sont arrivées ont aussi apporté quelque chose de nouveau, de la fraîcheur aussi qui nous a fait beaucoup de bien.