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Equipe de France de volley: "Un statut à respecter", clame Grebennikov avant le quart de finale de Ligue des nations contre la Slovénie

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L’équipe de France de volley affronte la Slovénie ce jeudi matin (9h, heure française), en Chine, en quart de finale de la Ligue des nations. Un an après avoir remporté le titre olympique, le libéro Jenia Grebennikov se confie sur les ambitions des Bleus, entre volonté de performer, équipe remaniée et nostalgie des JO 2024.

Jenia Grebennikov, comment abordez-vous ce quart de finale contre la Slovénie?

On est arrivés en Chine il y a 5-6 jours donc on a eu pas mal de temps pour se préparer. La Slovénie est une grosse équipe qui nous a toujours mis en difficulté - je repense au match aux JO. Là, on les a battus en Ligue des nations mais c’est difficile de juger sur les phases de groupes parce qu’il y a beaucoup de turnover et pas mal de tests avec des nouveaux joueurs. En plus, ils ont eu un nouveau sélectionneur qui est arrivé cette année donc qui va apporter une nouvelle vision à leur jeu… Nous, on s’est préparés comme d’habitude, on est au taquet, on a envie de bien faire. On est tenants du titre de la VNL donc on a envie de gagner ce titre, au moins aller chercher une médaille si c’est possible parce que ça reste une compétition prestigieuse qui a lieu tous les ans. Le premier objectif reste les championnats du monde, donc on travaille beaucoup physiquement, au niveau de la tactique. On reprend nos marques tranquillement et on est prêts pour le match de demain (jeudi), on est quasiment tous en forme pour ce quart de finale qui est un match couperet et nous c’est ce qu’on aime en général.

Comment vous adaptez-vous au départ de Jean Patry, qui a dû rentrer en France pour raisons médicales?

Ça arrive souvent en équipe nationale que des joueurs partent et que d’autres reviennent. Jean Patry est un élément clé de cette équipe, un de nos atouts forts, mais on a Théo (Faure) qui est là pour prendre le relai, qui fait une super compétition et qui est vraiment en forme donc heureusement qu’on a un deuxième pointu, et il y en a pas mal aussi en France. Mais c’est vrai que c’est toujours triste, c’est toujours embêtant pour le travail collectif. C’est vrai que c’est difficile parce qu’on est vraiment une bande de potes, donc quand un pote part on est toujours un peu malheureux pour lui surtout que c’est un virus donc ça aurait pu arriver à n’importe qui. Mais il faut y faire face et c’est pour ça qu’on a une liste assez élargie avec beaucoup de joueurs qui sont très compétents pour pouvoir remplacer s’il y a besoin. On peut compter sur tout le monde donc c’est ça qui est bien.

Selon vous, quels sont les points forts et les points faibles de la Slovénie?

Ils ont deux gros points forts: un réceptionneur-attaquant, Rok Možič, un jeune qui a vraiment progressé depuis 2-3 ans et Žiga Štern, le pointu, qui est vraiment très offensif. Ils vont s’appuyer sur ces deux joueurs clés pour faire la différence dans ce match. Ils ont aussi leur capitaine, le central Jan Kozamernik, qui évolue dans les meilleurs clubs au monde et qui a beaucoup d’expérience. C’est une équipe qui n’est pas du tout à prendre à la légère, qui est très performante et qui ne nous a pas toujours réussi.

Vous faites référence à votre défaite face à eux aux JO 2024?

Oui. On avait perdu 3-2 au tie break au terme d’un troisième match de poule super chaud (les Bleus étaient déjà qualifiés, NDLR). En général, les matchs contre la Slovénie sont super intéressants parce qu’on a à peu près le même type de jeu. Ils vont garder cette identité même si la moitié de leur équipe a changé. C’est une équipe un peu remaniée, comme nous. C’est une belle bataille, ça va être du 50/50, c’est difficile de dire qui est le favori même si je pense qu’on est favoris puisqu’on est tenants du titre, mais sur un quart de finale, sur un match couperet, on ne peut jamais savoir.

Comment aborde-t-on une Ligue des nations après avoir décroché le titre ultime de champions olympiques? Est-ce que le regard des autres équipes a changé? Est-ce que vous êtes un peu plus craints?

On va jouer face à des équipes qui vont tout lâcher, qui vont jouer sans pression contre nous parce qu’on est champions olympiques en titre et qu’on a gagné pas mal de fois la VNL. Mais je pense que ça fait déjà pas mal d’années qu’on performe, donc les équipes nous craignent mais le niveau est tellement homogène au niveau international que tout le monde se craint un peu, surtout dans les phases finales. Tout le monde peut gagner une médaille ou le titre. On est craints, mais ça fait partie du jeu en tant que champions olympiques, il y a un statut à respecter et c’est pour ça qu’on est au taquet à chaque fois. Mais on utilise surtout cette VNL comme une bonne préparation, pour se challenger, pour voir où on en est, pour les Championnats du monde en septembre.

Est-ce que vous arrivez à trouver la même motivation pour une compétition qui a lieu tous les ans que pour l'expérience incroyable des JO?

C’est sûr que la motivation est différente. Je vous mentirais si je vous disais que j’ai la même motivation pour la VNL que pour les JO. Ça n'a rien à voir. Les JO, c’est une compétition à part, c’est un autre monde… La motivation n’est pas dure à trouver mais elle est différente. On l’aborde plus comme un test pour voir où on en est dans notre préparation pour les Championnats du monde, pour challenger les meilleures équipes qui sont présentes à la VNL. C’est toujours plaisant de gagner des titres, de se battre pour une médaille, pour ramener quelque chose à la maison, parce qu’on est sportifs de haut niveau et on est là pour performer et pour gagner.

Comment vivez-vous le fait d’être un peu retombés dans l’anonymat après les JO?

De mon point de vue, on n’est pas encore assez médiatisés malgré la belle histoire qu’on a créée avec cette équipe de France, avec les résultats qu’on a eus, avec cette bande de potes qu’on a depuis plus de dix ans. C’est vrai que c’est dommage, mais moi, ce qui me fait plaisir, c’est que, depuis les JO de Tokyo, dès qu’on joue un match amical en France ou qu’on a une compétition en France, les salles sont pleines et c’est la plus belle récompense qu’on a pu avoir en tant que joueurs. Depuis les JO de Paris, je sens qu’on me reconnaît plus dans la rue, et pas seulement les fans de volley comme avant. Mais le plus important, c’est que les salles soient pleines, on a joué deux matchs amicaux à Tours et à Poitiers et les salles étaient pleines et là on se dit que ça a marché. Les gens kiffent nous voir et nous on kiffe parce qu’on aime faire le show.

Un an après les JO, comment vous sentez-vous?

On se remémore beaucoup de souvenirs, tout le monde en parle… C’est plaisant. Je ressens beaucoup de nostalgie. À chaque fois qu’on revoit des images que les gens postent sur les réseaux sociaux... On se dit "wow c’est incroyable… l’année dernière on était à Paris!" Il n’y a rien de mieux que de se sentir chez soi. Ca faisait bizarre d’aller dans une compétition où les gens nous disaient bonjour en français, on n’avait pas l’habitude! C’est ce qui m’a marqué. Je me disais "on est en train de vivre la plus grande compétition du monde chez nous !".

Propos recueillis par Camille Beaurain