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Athlétisme: "Je n’ai pas envie que ça devienne trop sérieux", les confidences de Bonnin après son titre mondial à la perche

Marie-Julie Bonnin le 10 juin 2025 au meeting de Montreuil

Marie-Julie Bonnin le 10 juin 2025 au meeting de Montreuil - Hugo Pfeiffer/Icon Sport

Championne du monde en salle de la perche en mars dernier à la surprise générale, Marie-Julie Bonnin n’a pas vraiment surfé sur la vague d’un hiver parfait. Elle a préféré rentrer à Bordeaux près des siens pour récupérer mentalement. 'MJ', un des grands sourires de l’équipe de France, assume toutefois son nouveau statut et vise un nouveau podium mondial aux championnats du monde de Tokyo en septembre prochain.

Marie-Julie Bonnin, avec du recul, est-ce la meilleure période de votre vie sportive, avec ce statut de championne du monde de la perche?

C’est plutôt sympa, c’est sûr! Mais le meilleur reste à venir. Honnêtement j’ai hâte de faire des performances qui reflètent un peu mon niveau et ma forme car ce n’est pas le cas en ce moment. (4m58 au mieux en trois concours depuis un mois, ndlr).

Un concours à Charléty, devant le public français, c’est évidemment le moment idéal pour relever la tête…

J’espère que ce sera le tournant de ma saison et que ça me permettra de repartir de l’avant pour faire des perfs qui me plaisent. Aller plus haut, et au-delà des 70. Il me tarde de prendre la perche, me régaler et sauter haut.

Comment vous avez digéré cet hiver, avec une médaille de bronze aux Europe et surtout ce titre de championne du monde en salle?

C’était juste… parfait. Je digère bizarrement car j’ai du mal à m’en rendre compte. Il faut être honnête et savoir que toutes les meilleures mondiales n’étaient pas présentes mais on me répète souvent que les absents ont toujours tort. Surtout, je n’ai pas envie que ça soit trop sérieux, qu’on me mette trop la pression et qu’on m’enlève le plaisir de sauter. J’aime les choses simples: si je pouvais vivre dans une grotte avec mes performances, ça m’irait très très bien. Ça prend de temps à comprendre.

Est-ce que les Américaines, qui sont les plus performantes en ce moment, vous prennent plus au sérieux avec ce titre? Votre statut a changé aux yeux de vos adversaires?

Ces filles là savent que j’ai un potentiel et qu’il n’est pas totalement exploité. Elles me le disent! Mais c’est ce qui est sympa avec la perche en général, on est dans un univers bienveillant. Les filles sont des adversaires mais elles me disent que je vaux beaucoup plus qu’aujourd’hui et que je pourrais tenter un record du monde. Ce sont des filles qui me prennent au sérieux mais elles savent que je suis jeune. C’est génial de profiter de leur expérience.

Sur quels aspects vous pouvez progresser cette saison?

Beaucoup de choses! Techniquement j’ai beaucoup de progrès à faire. En physique et en vitesse, je suis vraiment pas mal. Mais comme disait Sandi Morris, la perche est un sport de maturité. Cela prend du temps pour acquérir la technique et ce n’est pas ma qualité première. Ça se voit en meeting, que je suis en-deçà des autres sur le plan technique. Mais je compense avec d’autres qualités.

Le meeting de Charléty sera l’occasion de vous voir sauter avec Margot Chevrier, la numéro un française avant sa grave blessure (fracture de la cheville à l’hiver 2024). Cela doit vous faire plaisir, vous qui êtes partenaires d’entraînement à Bordeaux?

On a vécu l’année 2022 et 2023 ensemble. En 2024, cela a été un choc, pour elle évidemment mais pour nous aussi. Ça rappelle à quel point la perche est un sport dangereux. Mais c’est une guerrière! Repartir sur des compétitions comme ça avec elle, c’est incroyable. Je suis trop contente car c’est ce qui va nous aider à chercher des performances de pointe.

On a envie de penser déjà aux Mondiaux de Tokyo (du 13 au 21 septembre)… et on va vous parler de podium forcément...

C’est légitime car moi aussi je me mets la pression pour Tokyo, avec des objectifs élevés. J’y vais dans l’optique de faire une médaille là-bas. J’ai goûté à la médaille mondiale maintenant, j’ai envie encore. Il faut sauter haut également, je veux aller bien au-delà des 4m80.

Justement, vous êtes désormais co-détentrice du record de France avec Ninon Chapelle, à 4m75. Vous le battrez en 2025?

J’espère et qu’il ira bien plus haut que 4m76 ou 4m77. Je veux mettre la barre très très haute!

Propos recueillis par Aurélien Tiercin