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Athlétisme: le TAS déboute Semenya mais demande la modification du règlement de l'IAAF

Caster Semenya

Caster Semenya - AFP

Le recours de la double championne olympique Caster Semenya a été rejeté par le TAS mercredi. Mais le Tribunal a tout de même demandé à la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) d'amender son règlement, qui demande aux athlètes hyperandrogènes de baisser leur taux de testostérone.

Dans un jugement très attendu mercredi, le Tribunal arbitral du sport a débouté Caster Semenya dans son recours contre le règlement de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Ce dernier oblige les athlètes hyperandrogènes, dont la Sud-Africaine double championne olympique du 800m (Londres 2012 et Rio 2016), à baisser leur taux de testostérone.

Des mesures gelées par le TAS

Le TAS, s'il ne juge pas le règlement "invalide" comme le demandait la double championne olympique, émet néanmoins de "sérieuses préoccupations au sujet de sa future application pratique". Les mesures obligeant les femmes "hyperandrogènes" à faire baisser, avec des médicaments, leur taux de testostérone pour pouvoir participer aux épreuves internationales allant du 400 m au mile (1.609 m), seront gelées jusqu'à correction.

"Le TAS n'a pas validé le réglement de l'IAAF, il a simplement rejeté les requêtes de Semenya, a indiqué Mathieu Reeb, secrétaire général de l'instance juridique de recours. C'est à l'IAAF maintenant de travailler sur son réglement pour l'adapter en fonction des réserves posées par le TAS."

Trois points posent problème

Trois points posent particulièrement problème aux experts: d'abord, la difficulté d'appliquer un principe de responsabilité objective en fixant un seuil de taux de testostérone à respecter, ensuite la difficulté de prouver un véritable avantage athlétique chez les athlètes hyperandrogènes sur les distances du 1500m et du mile, enfin les éventuels effets secondaires du traitement hormonal.

Une défaite pour Semenya

S'il n'est pas une victoire pour l'IAAF, le jugement du TAS est une défaite pour Semenya, double championne olympique du 800m, et les autres athlètes hyperandrogènes qui devront se soumettre à un règlement spécifique, même une fois modifié. "Parfois il vaut mieux réagir sans réaction", a sobrement réagi l'athlète sur son compte Twitter après l'avis rendu par le TAS, laissant sous-entendre son désaccord.

Si le TAS a estimé que le réglement sur les DDS (différences de développement sexuel) était bien "discriminatoire", il a en revanche jugé, sur la base des preuves soumises par les parties au cours de la procédure, qu'une "telle discrimination constituait un moyen nécessaire, raisonnable et proportionné d'atteindre le but recherché par l'IAAF, à savoir de préserver l'intégrité de l'athlétisme féminin dans le cadre de certaines disciplines (du 400m au mile)".

Caster Semenya, comme les médaillées de bronze et d'argent sur 800 m aux JO de Rio en 2016, Francine Niyonsaba (Burundi) et Margaret Wambui (Kenya), ont été reconnues hyperandrogènes, c'est à dire générant naturellement un taux de testostérone très élevé.

Le règlement critiqué par l'ONU

Fin mars, l'ONU avait pour sa part critiqué le nouveau règlement de l'IAAF. Un texte adopté par consensus par les 47 membres du Conseil des droits de l'Homme de l'organisation demandait aux Etats à "veiller à ce que les associations et instances sportives (...) s'abstiennent d'élaborer et d'adopter des politiques et des pratiques qui forcent, contraignent ou obligent par d'autres moyens de pression les athlètes des catégories féminines à subir des traitements médicaux inutiles, humiliants et préjudiciables pour participer aux épreuves féminines des compétitions sportives".

AFP