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Athlétisme: Makenson Gletty, l’étoile montante du décathlon français dans l’ombre de Kévin Mayer

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Vainqueur en septembre 2023 du Décastar de Talence en battant son record personnel, Makenson Gletty est l’étoile montante du décathlon français. Dans l’ombre de Kévin Mayer, il a fait un immense pas vers les JO de Paris et ne compte pas s’arrêter là.

"Un gros tremplin.” Voilà comment Makenson Gletty définit son année 2023. Hautes en rebondissements, elle a vu l’Haïtien de 24 ans quitter Montpellier pour s’installer à Nice et connaître bon nombre d’émotions. Point d’orgue de celle-ci, le Décastar de Talence en septembre. Le champion de France du décathlon y pulvérise son record et le repousse à 8 443 points. S’il n'échoue qu'à 17 points des minima olympiques, Makenson Gletty s’est quasiment assuré sa place pour Paris 2024 grâce à un ranking très favorable. À lui de confirmer désormais les espoirs placés en lui. 

La force du rebond 

Les plus grands succès se construisent souvent dans les défaites. C’est le cas pour ceux de Makenson Gletty. Après son titre national à Albi et ses 8 279 points, il est privé du voyage à Budapest pour les championnats du Monde, devancé par des champions continentaux au ranking. “C'était pas vraiment un échec de ma part mais plutôt du système. Malheureusement des athlètes ont été sélectionné avec de moins bonnes performances que moi. C’était pas à notre portée, que ce soit moi ou la fédération.” Une frustration dans laquelle il va puiser pour réaliser 8 443 points au Décastar de Talence. “Ça a été un élément déclencheur. J’ai eu encore plus de hargne et d’envie donc double d’intensité à l'entraînement, double de souffrance aussi… J’ai atteint des états assez élevés de nervosité.” Bien lui en a pris au vu des résultats. 

8 443 points, un record au goût amer 

C’est donc gonflé à bloc que Malenson Gletty performe en Gironde. Il y réalise quatre records personnels : 16,46m au poids, 48'38 au 400m, 5'07m à la perche et 4'27'46 au 1500m. “Il y en a qui font plus plaisir que d'autres parce qu’il y a des épreuves où tu doutes. Une semaine avant Talence, je casse ma perche à l'entraînement, je m’entaille le bras et je finis ma séance comme ça. J'ai pas ressauté derrière, j'arrive à Talence et je bats mon record de 20 centimètres.” Le colosse (1,92 m pour 91 kg) n’oublie pas pour autant les 17 points qui lui manquent pour réaliser les minima olympiques : “J'avais le démon, comme on dit. Je sais où je les ai perdu.” Au disque et au javelot notamment. Des axes de progression d’ici aux Jeux.  

“Même si on est à 98% de chance, je veux 101 % (rires) !”

Ce record personnel lui assure néanmoins quasiment son ticket pour Paris 2024. Pour être écarté, il faut que 14 décathloniens fassent mieux que lui d’ici là. Qu’importe, Makenson Gletty ne veut pas revivre un mauvais tour : “Même si on est à 98% de chance, je veux 101 % (rires) ! Maintenant au lieu de jouer avec le ranking, on va faire les minima et on se pose plus de questions.” D’autant plus que sa marge de progression se trouve “partout” selon lui : “Je me suis amélioré depuis Talence. Maintenant on va chercher quelque chose au dessus. Que ce soit physique, technique, vraiment je le sens, je me suis amélioré.” Car si son record est une fierté, il est aussi un objectif à dépasser : “Je ne suis pas à mon plein potentiel. Je sens au fond de moi ce que je peux vraiment donner. Je recherche toujours la performance. Quand je regarde la totalité je me dis «franchement c'est bien mais c’est pas encore ça parce que je me suis raté là et là, je peux encore chercher là.” Une quête de perfection nécessaire pour sortir de l’ombre de la référence de la discipline. 

Dans l’ombre de Kévin Mayer, mais encore combien de temps ?

“Kévin c'est l'emblème du décathlon mondial. C'est une référence, on prend tous exemple mais ça reste un adversaire.” Blessé à la hanche depuis de longs mois, Kévin Mayer est lui aussi en quête des minima olympiques. Malgré ses absences ou contre-performances lors des derniers rendez-vous, le recordman du monde (9 126 points) reste le porte-drapeau de la discipline. Makenson Gletty espère ne plus rester dans son ombre très longtemps. “Est-ce que ça me convient ? Je dirai non pas vraiment. (...) Si ça doit continuer et si je dois passer l'étape après lui, je le ferai.” D’autant que se profile le rendez-vous de sa vie : “Les Jeux Olympiques, c'était ça mon rêve. Quand j'ai su que c'était à Paris, l'objectif est devenu plus important.”

Maxime Tilliette