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Ces femmes dopées au naturel

Caster Semenya

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Ce vendredi, la Dépêche du Midi a dévoilé une enquête diligentée par le CIO et l’IAAF selon laquelle certaines athlètes féminines possèdent le chromosome masculin Y. Une anomalie génétique qui met un terme aux soupçons de dopage à la testostérone qui pèsent, notamment, sur la Sud-africaine Semenya.

Puissance physique étonnante, musculature hors du commun, voix rauque et peu de poitrine… Lors des Mondiaux 2009 d’athlétisme à Berlin, Caster Semenya avait remporté de la tête et des épaules la finale du 800 m. Le début des em… Avec sa médaille s’enfilent autour de son cou mille rumeurs sur sa sexualité et sa part de masculinité. Jusqu’à ce que la fédération internationale (IAAF) réclame un test de féminité.

Si ces tests, introduits en 1967, ont été abandonnés en 2009 en raison de leur imprécision, leur caractère humiliant et discriminatoire envers les femmes, Semenya s’y soumet tout de même. Cette étude poussée confirme que la Sud-africaine est bien une femme. Mais certains observateurs et autres scientifiques émettent quelques doutes et continuent de la suspecter de dopage à la testostérone.

Une anomalie génétique

Mais ce vendredi, la Dépêche du Midi dévoile une étude menée par des experts des centres hospitaliers universitaires (CHU) de Montpellier et de Nice, à la demande du Comité international olympique (CIO), qui pourrait chambouler le monde sportif. Les professeurs Patrick Fénichel et Charles Sultan, qui ont examiné au peigne fin le dossier médical de quatre sportives finalistes des derniers JO de Londres dont les taux de testostérone étaient largement au-dessus des normes féminines, ont découvert une anomalie génétique chez ces athlètes. 

En un mot, il apparait qu’aucune trace d’un quelconque dopage n’a été découvert lors des tests ADN effectués sur ces sportives aux apparences peu féminines. En revanche, un invité surprise : le chromosome masculin Y, coupable de l’excès de testostérone de ces femmes et de leur virilité étonnante. « C’est une anomalie génétique particulière : le déficit en 5 Alpha Réductase, explique le professeur Charles Sultan. A la puberté, la production de testostérone virilise ces patients. Ceux-ci voient leur pilosité se développer de façon excessive, leurs muscles et leur ossature se développer de façon significative, et les organes génitaux se viriliser ».

Un évident avantage sportif

Malgré le caractère naturel de cette anomalie, les femmes dotées du chromosome Y sont largement avantagées sportivement, puisque leur force musculaire est augmentée de 25%, et leur résistance à l’effort et aux impacts périphériques multipliée. « La masculinisation du cerveau confère à ces individus tous les facteurs androgénaux spécifiques : l’agressivité, la volonté, la performance, la meilleure orientation spatio-temporelle, assure le professeur Sultan. Ils ont tous les attributs du mâle alors même qu’ils concourent dans les classes féminines des sports ».

Si l’étude rend à ces femmes étonnantes leur dignité, elle débouche sur un véritable casse-tête pour le CIO. « Incontestablement, la testostérone confère à ces patients un avantage considérable qui mérite d’être identifié et dénoncé sur un plan éthique, car leurs taux de testostérone sont égaux ou supérieurs à ceux d’un homme », conclut le professeur. Reste à comprendre comment condamner l’extraordinaire...

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