Lemaitre-Vicaut, question de suprématie

Lemaitre et Vicaut lors des JO de Londres. - -
La rivalité sportive peut-elle nuire à la franche camaraderie ? Les copies du BAC de philo ayant déjà été relevées, c’est Christophe Lemaitre et Jimmy Vicaut qui devront répondre à cette interrogation, ce samedi au stade Charléty de Paris. Sans antisèche ni rattrapage possible, on connaît déjà en partie la réponse. Oui, les deux ne sont pas incompatibles. Oui, on peut être à la fois potes et rivaux. Oui, on peut se tirer la bourre sans se tirer dans les pattes. A l’image d’un Usain Bolt et d’un Yohan Blake, partenaires d’entraînement et amis côté cour, ennemis déclarés sur la piste.
« C’est une rivalité saine, pas malsaine comme chez les Américains qui se bousculent, par exemple, entre eux, souligne d’emblée Jimmy Vicaut. Nous, on est cools. C’est plus simple de bien s’entendre, d’autant qu’on fait le relais ensemble. Ce serait con de faire une erreur comme celle-là ! » Un point de vue approuvé par son alter ego : « C’est sûr, quand on est adversaires, il n’y a plus cette ambiance-là entre nous, c’est chacun pour soi, insiste Christophe Lemaitre. Mais en dehors, ça ne nous empêche pas de bien nous connaître et d’être potes. »
Lemaitre jamais battu par Vicaut
Ce samedi, l’enjeu est pourtant de taille entre les deux sprinteurs. Plus qu’un titre de champion national, c’est de suprématie et de leadership dont il sera question sur la distance reine. Intouchable en France depuis son éclosion au très haut niveau 2009, Christophe Lemaitre a vu fondre sur lui ces derniers mois une menace nommée Vicaut. Pire, le jeunot (21 ans contre 23), qui ne l’a jamais encore battu sur 100 m, ne s’est pas fait prier pour lui griller la politesse cet hiver sur 60 m (6’’48 contre 6’’63), avant de remettre ça à distance sur 100 m depuis l’ouverture de la saison en plein air (10’’02 contre 10’’07 aux bilans actuels). Alors, simple passage à vide ou vraie passation de pouvoir ?
Dans le premier cas de figure, une victoire de Lemaitre rétablirait une certaine forme de logique, si l’on se fie à la trajectoire ascensionnelle de l’Aixois depuis son début de carrière. Mais aussi à son invincibilité, intacte depuis quatre ans sur la ligne droite. En cas de défaite, il sera alors grand temps d’évoquer (du bout des lèvres ?) un passage de témoin. Et surtout, de ne plus négliger Vicaut, ce battant qui ne se défile jamais et qui n’aime rien d’autre que la bagarre. « Il fait sa vie, je fais la mienne, conclut le protégé de Guy Ontanon. Pour l’instant, c'est lui le meilleur sur 200 m et moi sur 100 m. » L’affirmation sera-t-elle totale et sans nuance ce samedi ? Réponse sur les coups de 16h35.