RMC Sport

A Daegu, les paris sont ouverts

Usain Bolt va défendre sa triple couronne sur 100 m, 200 m, et relais 4x100 m

Usain Bolt va défendre sa triple couronne sur 100 m, 200 m, et relais 4x100 m - -

La 13e édition des Championnats du monde d'athlétisme (27 août-9 sept.), qui débutent ce samedi en Corée du Sud (2h, heure française), s'annonce très ouverte. Une situation qui pourrait faire le jeu des Français, même s'ils devront cravacher pour se frayer un chemin derrière les Bolt, Blake, Felix, Jeter et autres fusées kényanes.

100 m-200 m : Bolt face la meute
Le roi du sprint peut-il perdre sa couronne en Corée du Sud ? Certainement pas son record du monde (9’’58), signé à Berlin en 2009, mais les performances d’Usain Bolt cette saison (9’’88) laissent planer un léger doute sur l’état de forme de la Foudre. « Je ne suis pas à 100% », a-t-il admis, toujours ennuyé par des pépins physiques survenus ces deux dernières saisons. « Bolt est revenu sur terre », a même lâché l’ancienne star américaine Maurice Greene. Le Jamaïcain de 25 ans devra donc s’employer pour honorer son statut d’extraterrestre bâti en 2008 (triple champion olympique sur 100 m, 200 m, et relais 4x100 m), et réaffirmé un an plus tard par un nouveau triplé aux Mondiaux de Berlin. L’homme le plus rapide de l’histoire n’a pas non plus impressionné sur la double distance (19’’86), soit loin (-0’’67) de son record du monde établi en Chine (19’’19). Résultat : sur 100 m comme sur 200 m, la meute fonce sur la bête (blessée ?). Si les forfaits de Tyson Gay et d’Asafa Powell (meilleur performeur de l’année en 9’’78) jouent en faveur de Bolt, ses compatriotes Yohan Blake, Nesta Carter et Michael Frater, l’Américain Walter Dix, et le Français Christophe Lemaitre aiguisent leurs pointes. Mais Bolt reste une extraordinaire bête de compétition...

200 m-400 m : Felix pour le doublé
L’Américaine, triple tenante du 200 m, n’a jamais caché son admiration pour Marie-José Pérec. Comme la Française, double championne olympique sur 200 m et 400 m en 1996, la prodige de 25 ans va tenter de doubler sur le tour de piste à Daegu, exploit jamais réalisé en Championnats du monde. « En tentant le doublé, je sors de ma routine », a expliqué la Californienne qui a programmé de s’aligner sur les deux distances l’an prochain à Londres. Sur 200 m, l’Américaine devra se méfier de la Jamaïcaine Veronica Campbell-Brown, double tenante olympique, mais aussi de ses compatriotes Shalonda Solomon et Carmelita Jeter. Sur 400 m, le danger viendra d’Outre-Atlantique, du côté de la tenante Sanya Richards-Ross.

Relais 4x100 m : sur un air de Guerre Froide
Les Etats-Unis sont toujours là comme au temps anciens de la Guerre Froide, mais l’URSS a passé le témoin à la Jamaïque, dont les relayeurs ont écrasé les deux derniers grands rendez-vous. Emmenés par Usain Bolt, les Caribéens ont signé un nouveau record du monde à Pékin (37’’10), avant d’enfoncer le clou un an plus tard à Berlin. Privé de Tyson Gay, le relais U.S. devrait encore une fois baisser pavillon face à l’armada rasta, à plus forte raison si Asafa Powell, meilleur sprinteur du moment, est rétabli à temps pour tenir sa place dans le relais jamaïcain.

3000 m steeple : les Bleus foncent sur les Kenyans
Les Français Mahiedine Mekhissi et Bouabdellah Tahri ont le privilège d’avoir marché sur les plates-bandes des Kényans en 2008 et en 2009. Le premier s’est classé 2e aux JO de Pékin, le second a chipé la 3e place à Paul Koech aux Mondiaux de Berlin, à cinq mètres de la ligne d’arrivée. Les deux Tricolores devront s’accorder parfaitement pour éviter une nouvelle mainmise des fondeurs d’Afrique de l’Est. Mekhissi a fait le plein de confiance à Paris en terminant devant Ezekiel Kemboi, sacré à Pékin puis à Berlin. Mais outre Kemboi, le Kenya comptera sur Brimin Kipruto, auteur d’une course inoubliable à Monaco, avec un chrono de 7’53’’64, à un centième du record du monde de Saif Saaeed Shaheen. Richard Mateloong pourrait compléter un podium 100% kényan, rééditant l’exploit de 2007 et de 1997.

Perche : Lavillenie pour écrire l’histoire
Médaillé de bronze en 2009, Champion d’Europe en titre, Renaud Lavillenie a l’ambition de réparer une incongruité dans le palmarès de la perche tricolore en devenant le premier Français champion du monde. A Berlin, l’Australien Steven Hooker avait brulé la politesse à Romain Mesnil, Lavillenie se contentant du bronze. Perturbé par des blessures, le champion olympique considère le Français comme le favori à Daegu. « Il y a Renaud et les autres. » Malgré des résultats en dents de scie cette saison, il s’est fait sortir aux « France », l’Auvergnat vise l’or, même s’il ne bouderait pas un podium. « Par rapport à 2009, j’ai appris à faire avec la pression. » 

400 m : l’attraction Pistorius
L’épreuve du tour de piste masculin risque d’être partiellement monopolisée par la présence d’Oscar Pistorius, athlète sud-africain qui court avec une double amputation des membres inférieurs. En réalisant un chrono de 45’’07 à Lignano (Italie), le 19 juillet, « Blade Runner », qui court sur des prothèses en carbone flexible, a décroché son billet pour Daegu et pour Londres 2012. Qualifié pour les épreuves du 400 m en individuel et par équipes, Pistorius ne devrait cependant pas être une menace pour les ténors de la discipline en finale du tour de piste. La bataille pour le titre se jouera entre les Américains LaShawn Merritt, champion sortant, et Tony McQuay, sans oublier le contingent caribéen (Kirani James, Jermaine Gonzales).

Dopage : l’étau se resserre
Tout comme sa consœur cycliste de l’UCI, l’IAAF a programmé sa lutte antidopage en deux temps. Pour réduire les mailles du filet, la Fédération internationale a d’abord passé au contrôle sanguin tous les athlètes présents à Daegu (environ 2000). Une première pour la première Fédération olympique qui compte 47 disciplines. Les données hématologiques serviront au passeport biologique de l’athlète, et dans l’immédiat à cibler les suspects pendant la semaine coréenne (500 prélèvements). Mais à la différence du cyclisme, qui privilégie les produits favorisant l’endurance, l’IAAF piste aussi le recours à des substances augmentant la performance musculaire ou l’explosivité. Un dispositif plus large qui devrait dissuader les fauteurs.