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Azeddine Habz, Just Kwaou-Mathey, Marie-Julie Bonnin... Ces Bleus qui veulent permettre à l'athlétisme français de décoller aux Mondiaux de Tokyo

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L’équipe de France d’athlétisme arrive à Tokyo pour les championnats du monde - qui débutent ce samedi 13 septembre - sans aucune certitude. Encore une fois, puisque c’est malheureusement le cas depuis presque dix ans désormais. La seule médaillée des JO de Paris, Cyrena Samba-Mayela, est forfait, comme Kevin Mayer ou Alice Finot. Mais les espoirs de médailles existent, entre un Azeddine Habz numéro 1 mondial sur 1500m, Just Kwaou-Mathey sur 110m haies ou encore Marie-Julie Bonnin, championne du monde en salle de la perche l’hiver dernier.

La peur du zéro pointé est désormais une habitude dans le clan français. "Cette appréhension, ça fait un moment que la Fédération aurait pu l’avoir, ou doit l’avoir", assume Frank Bignet, le Directeur technique national de la Fédération française d’athlétisme depuis quelques mois seulement. Pour ses premiers championnats du monde, il espère malgré tout redresser la barre, après quatre grands championnats (Mondiaux et JO) terminés avec une seule médaille à chaque fois.

"Il va falloir traverser ces championnats jour après jour, il peut y avoir un alignement des planètes, ça peut sourire, comme ça peut être en flux tendu jusqu’au bout", prévient-il.

Sans Kevin Mayer, dont on ne sait pas s’il pourra reprendre l’athlétisme de très haut niveau un jour, ni Cyrena Samba-Mayela, en argent sur 100m haies l’été derniers lors des Jeux olympiques de Paris, le tableau peut sembler noir. Mais les bilans mondiaux ne sont pas si négatifs pour les tricolores.

Azeddine Habz, le meilleur du monde sur 1500m en 2025

"Nous avons des athlètes qui émergent et d’autres qui confirment", se rassure Romain Barras, le directeur de la haute performance. "Neuf athlètes font partie de leur top 8 mondial, et 17 sont dans le top 12. Tous ceux-là doivent viser une finale, voire mieux." Dans cette catégorie, on peut citer évidemment Azzedine Habz. Le coureur de 1500m arrivera sur la piste de Tokyo avec le dossard bleu, celui de meilleur performeur mondial de la saison. "Ça ne change rien et ça ne veut rien dire, les cartes sont redistribuées dans un grand championnat", glisse-t-il. Vraiment ? "J’arrive avec de la confiance mais je reste lucide. J’ai passé un cap cette saison, en termes de chrono (il a battu le record de France de Mehdi Baala qui tenait depuis 2003 en 3’27’’49) et en gestion de course. Je suis plus respecté dans le peloton aujourd’hui mais il faudra éviter le piège des séries puis les demies seront du niveau d’une finale." A 32 ans, son palmarès s’est enfin étoffé avec une médaille d’argent sur 1500m et une en bronze sur le 3000m des derniers championnats d’Europe en salle. "J’espère terminer la saison aussi bien qu’elle a commencé." Dans une saison où le monstre norvégien Jakob Ingebritsen – blessé depuis plusieurs mois – arrive sans repère, et où les autres cadors comme Cole Hocker ou Josh Kerr sont au petit trot, tout est possible.

D’une rupture du tendon d’Achille à l’or mondial en 15 mois pour Kwaou-Mathey ?

L’autre tête qui dépasse, c’est celle de Just Kwaou-Mathey. Champion de France du 110m haies en 12.99 cet été, il est devenu le troisième français de l’histoire à briser la barrière des 13 secondes (après Pascal Martinot-Lagarde et Ladji Doucouré) et se classe 3e au bilan mondial. "12.99 ? C’est plutôt pas mal (rires), mais là c’est la médaille qui compte. J’aimerais faire un grand coup et faire un super chrono. Je me méfie de tout le monde malgré tout, même ceux qui ont fait 13.50 cette année, c’est un championnat." Kwaou-Mathey revient de très loin, lui qui a déclaré forfait pour les Jeux olympiques de Paris après une rupture du tendon d’Achille droit en avril 2024. "Cela a été dur quelques semaines, mais on a bien travaillé et on a remonté la pente facilement." Après quatre médailles de bronze dans sa carrière, dont une mondiale sur 60m haies à l’hiver 2024, il aimerait goûter à l’or.

Bonnin / Kpatcha, l’athlé féminin qui brille

Marie-Julie Bonnin connaît déjà le poids de l’or. L’hiver dernier, la perchiste est devenue championne du monde en salle en Chine.

"On a envie que la jeune génération explose enfin. On a envie de ramener des médailles pour notre pays. À Nanjing, c’est ce que je me suis dit: 'Allez, il faut bien que quelqu’un prenne ses responsabilités'. Je me suis confirmée à moi-même que j’avais les épaules", dit-elle.

"MJ" Bonnin espère rééditer l’exploit à Tokyo mais la perche féminine est très dense cette année. Hilary Kpatcha peut rêver d’un podium aussi, après ses 7,02m réussis à la longueur en mai dernier. "Je viens pour m’éclater et viser la plus haute place." Ancienne pépite du saut en longueur, la Toulousaine a connu des pépins physiques à répétition et semble enfin lancée à 27 ans. "Je m’entraîne à l’INSEP avec Kafétien Gomis comme coach et Renaud Longuèvre qui manage le projet, ce n’est plus à moi de penser à tout, ça me libère."

La dernière compétition pour le manager des Bleus, Romain Barras

Pour compléter le tableau des chances de médailles, on peut citer Yann Chaussinand au marteau, Melvin Raffin au triple saut, Anaïs Bourgouin sur 800m et des exploits sont toujours possibles pour un Gabriel Tual encore sur 800m, pour les hurdlers Sasha Zhoya et Wilhem Belocian ou même un Renaud Lavillenie, qui revient fort à quelques jours de ses 39 ans et peut pourquoi pas se mêler à la lutte pour le bronze au saut à la perche. Romain Barras croise les doigts pour sa dernière en tant que manager des Bleus, lui qui sera remplacé par Jean Galfione après ces Mondiaux japonais.

"Je n’ai pas attaqué la saison en me disant c’est la dernière. Ce n’est pas dernière compétition, j’aspire à rester au sein de la Fédération et apporter mon savoir-faire. Le bilan pour l’instant n’est pas celui espéré, notamment en termes de médailles, mais on a construit des choses sur les quatre dernières années, notamment au niveau de l’optimisation de la performance, du staffing. Cette jeune génération doit être accompagnée, la dynamique est lancée." On attend la confirmation plus que jamais.

Aurélien Tiercin, à Tokyo