Le bouquet final des Bleus

Les relayeurs français - -
Usain Bolt a le sourire. Perché sur la plus haute marche du podium, le roi du sprint reçoit un gros chèque en carton de 100 000 dollars, récompensant le record du monde du 4x100m (37’’04) qu’il vient d’abaisser avec ses potes jamaïcains. Jamais avare de plaisanterie, le Caribéen fait mine d’en déchirer un bout pour l’offrir à Christophe Lemaitre. Posté un peu plus bas en compagnie du relais français, deuxième de la course, le Savoyard éclate de rire. Et se venge en faisant des oreilles de lapin à Bolt à la fin des hymnes. Une ambiance de cour de récréation qui traduit l’euphorie générale.
Ce dimanche après-midi, les gradins de Daegu ont tremblé pour ce relais historique. Dans un stade archi-comble, la bande à Bolt, époustouflant dans la dernière ligne droite, a offert un récital pour battre son propre record établi aux JO de Pékin en 2008 (37’’10). Derrière cette clique d’extraterrestres, renforcée par le prodige Yohan Blake, les Français ont répondu présents. Profitant des défaillances de la Grande-Bretagne, de Trinidad-et-Tobago et surtout des Etats-Unis, les Bleus ont décroché une superbe médaille d’argent. La quatrième du clan tricolore en Corée du Sud. De quoi clôturer en beauté ces Mondiaux. « C’est un superbe résultat, savoure Renaud Longuèvre, le manager du sprint français. Ce n’était pas forcément attendu. Ces garçons-là nous surprennent. Ils ont tous élevé leur niveau grâce à Christophe Lemaitre. »
Vicaut : « Une équipe soudée »
Dans la roue du médaillé de bronze du 200m, Teddy Tinmar, Yannick Lesourd et Jimmy Vicaut se sont sublimé pour signer le troisième chrono français de l’histoire du 4x100m (38’’20). « On ne réalise pas encore qu’on est vice-champions du monde, sourit Tinmar. On a tout donné. On est fiers. Je pense qu’on a bien bouleversé la hiérarchie aujourd’hui. » Un sentiment partagé par Vicaut, 19 ans et déjà une belle ligne au palmarès. « On est vraiment une équipe soudée, glisse le benjamin du groupe. Ça fait plaisir d’avoir cette médaille avec le relais. La joie est d’autant plus forte. Je n’y croyais pas. Je suis encore junior. J’arrive dans le grand bain et je prends une médaille. Je suis super content. »
Après avoir claqué la bise à Maurice Greene, double champion olympique et consultant télé, Vicaut a rejoint ses potes pour un tour d’honneur bien mérité. Avec cette jeune équipe (moins de 22 ans de moyenne d’âge), la France peut envisager un avenir radieux. Surtout si elle continue à bosser aussi sérieusement. « On ne va pas bouder notre plaisir, souffle Vincent Clarico, l’entraîneur du relais français. Cette médaille restera dans l’histoire. Mais on ne va pas non plus crier victoire. Notre potentiel se situe autour des 37’’80. Il va falloir se remettre au travail. On peut encore progresser. » A eux de le prouver dans un an sur la piste de Londres.