Lemaitre, taillé pour la bagarre

Un an après sa triple couronne européenne, le sprinteur Français (9’’92) aborde les séries du 100 m, samedi à Daegu (14h45, heure française), avec plus de maturité. De quoi nourrir de sérieuses ambitions face aux Jamaïcains, privés de Powell, et aux Américains.

Usain Bolt n’est pas le seul à être façonné pour les grands rendez-vous. Depuis un an, Christophe Lemaitre a prouvé qu’il savait être présent, comme la star jamaïcaine, quand les projecteurs se braquent sur lui. C’est à Barcelone, en août 2010 aux Championnats d’Europe, qu’il décroche trois fois l’or (100 m, 200 m, relais 4x100 m). Que ce soit aux Championnats de France 2010 ou 2011, il améliore son record de France, passant la marque de 9’’98 à 9’’92. Samedi à Daegu, en Corée du Sud, près de treize mois après son triplé catalan, l’athlète d’Annecy, voisin de Genève, peut encore démontrer qu’il est réglé comme une montre suisse. Fort de ses quatre courses courues sous la barre des dix secondes cette saison, Christophe Lemaitre, 10e meilleur performeur mondial, aborde les séries du 100 m avec ambition.

Le destin lui a donné un coup de pouce avec le forfait d’Asafa Powell, meilleur performeur mondial (9’’78). « Ça va être plus compliqué qu’à Barcelone, mais je vais essayer d’être performant », promet la perle de l’athlétisme français. « Ça va être le très haut niveau, poursuit Pierre Carraz, son entraîneur. Christophe fait maintenant partie du top 10 mondial, mais s’il veut viser un podium il faudra qu’il coure régulièrement sous les 9’’9. » Que ce soit sur 100 m ou sur 200 m, le Français vise « le top 5 en finale. »

Après son nouveau record de France du 100 m établi à Albi le 30 juillet, le Haut-Savoyard a coupé dix jours. « Ça m’a fait du bien, j’ai oublié l’athlé », racontait-il mi-août à Aix-les-Bains, en pleine préparation finale pour les Mondiaux. Un répit bienvenu après une saison marquée par un enchainement de grands rendez-vous, dont plusieurs meetings de la Ligue de Diamants. Un programme trop chargé aux dires de Bolt. Jugement balayé par le coach du Champion d’Europe. « Bolt a tort, Christophe fait plus de grosses courses, c’est plus usant nerveusement, mais il ne court pas plus qu’avant. C’est notre choix qu’il affronte les meilleurs. » Un avis partagé par les parents du sprinteur. « Il s’est frotté aux Jamaïcains et aux Américains, racontent Christian et Marie-Thérèse Lemaitre. Depuis Barcelone, on voit qu’il a muri. Il n’a plus ce visage d’adolescent, c’est un jeune homme plus ouvert. » Conséquence : aux « France », Lemaitre se fait « plaisir ». « Il a vécu ça comme un meeting régional », glisse Carraz.

Marie-Thérèse Lemaitre : « Christophe est transcendé par les grands rendez-vous »

En Corée, l’athlète va jouer sa carte sans son entraîneur, cloué à Aix-les-Bains en raison de douleurs aux lombaires. Orphelin de son mentor, le Français ne va pas pour autant pleurnicher. « J’aurais aimé qu’il vienne, mais j’ai l’habitude », assure-t-il. A Barcelone, si Carraz était là pour le sacre sur 100 m, il a quitté la Catalogne quand son protégé enchainait sur 200 m et en relais. « Il est imperméable », se réjouit le coach. A Daegu, Lemaitre est encadré par le staff fédéral, Renaud Longuèvre en tête, en charge des disciplines de vitesse. Il pourra aussi s’appuyer sur la présence de son partenaire de club Pierre-Alexis Pessonneaux, membre du collectif du relais 4x400 m. « Christophe est fait pour les grands championnats, conclut sa maman. Il jauge, il teste les autres. Il est transcendé. » Mais pas encore au point d’endosser, à 21 ans, l’habit du capitaine de l’équipe de France. « Il y a des gens plus qualifiés que moi pour ça, je dois encore progresser. »

Le titre de l'encadré ici

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Lemaitre 10e meilleur performeur mondial
Asafa Powell (JAM) 9’’78
Tyson Gay (E-U) 9’’79
Steve Mullings (JAM) 9’’80
Mike Rodgers (E-U) 9’’85
Richard Thompson (TRI) 9’’85
Michael Frater (JAM) 9’’88
Usain Bolt (JAM) 9’’88
Ngonidzashe Makusha (ZIM) 9’’89
Nesta Carter (JAM) 9’’90
Christophe Lemaitre (FRA) 9’’92