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Martinot-Lagarde veut brûler les idoles

Pascal Martinot-Lagarde

Pascal Martinot-Lagarde - -

A l'image de Lemaitre et Vicaut, le champion de France du 60m haies (20 ans) n’hésite pas à afficher ses ambitions. A confirmer dès ce week-end aux Mondiaux indoor d’Istanbul face à une concurrence très relevée.

Tout feu, tout flamme. Depuis son titre aux championnats de France en salle, le 25 février à Aubière, Pascal Martinot-Lagarde veut tout croquer. A 20 ans, le jeune hurdler de Saint-Maur-Des-Fossés, dans la banlieue parisienne, a brûlé la politesse aux « anciens » Cédric Lavanne (2e) et Ladji Doucouré (3e). Avec un chrono de 7’’54, il a battu Doucouré, son modèle, celui qui lui avait « donné envie de courir quand il est devenu champion du monde en 2005 à Helsinki ». Grâce à sa perf réalisée aux portes de Clermont, « PML » s’est donné le droit d’affronter d’autres idoles aux Mondiaux d’Istanbul ce week-end. A commencer par le Chinois Liu Xiang. « Mes idoles sont devenues mes adversaires », lâche-t-il dans un grand sourire gourmand.

Ah oui, l’appétit justement. Avant d’espérer « tuer » les maitres, Martinot-Lagarde a dû faire une croix sur la malbouffe. « Je mangeais des cochonneries, à n’importe quelle heure. Patricia (Girard, son entraîneur, ndlr) m’a pris en main. On ne peut pas aller aux Jeux en mangeant des McDo toutes les semaines. » Le géant du hamburger, partenaire de l’équipe de France olympique, appréciera. Le salut est donc venu de Patricia Girard. La médaillée de bronze sur 100 m haies aux JO d’Atlanta a recadré les ardeurs d’un garçon qu’elle entraine depuis septembre. « Il y avait tout à refaire, s’amuse la Guadeloupéenne. Il était un peu bourrin, il ne touchait pas à la muscu, il ne savait pas courir… ». Un joyau à l’état brut qui compense par une envie sans limite. « No pain, no gain (pas de succès sans effort) », affirme le poulain.

« On est ‘no limit’. Greene avec sa langue qui fait peur, c’est fini »

« J’étais chez les enfants, je suis chez les grands », s’enthousiasme le longiligne (1,90m) Francilien qui représente une nouvelle génération de sprinteurs français décomplexés. « Avec Christophe (Lemaitre) et Jimmy (Vicaut), on veut faire gagner la France », assure-t-il. Vicaut (19 ans), médaillé d’argent avec le relais 4x100 aux Mondiaux à Daegu cet été, avait été sacré champion du monde, comme Martinot, chez les juniors il y a deux ans à Moncton (Canada). « On est ‘no limit’, jure le hurdler. Maurice Greene avec sa langue qui fait peur, c’est fini. » S’il vise la finale et un chrono sous les 7’’50 ce week-end à Istanbul, c’est à Londres sur 110 m haies (13’’74, record personnel) qu’il donne rendez-vous. « Le 110 mètres, c’est pour lui, confirme Girard. Avec sa grande enfourchure, il peut faire quelque chose. » Tranquille comme Martinot. « Je n’ai pas de gris-gris, j’ai Patricia. Vous connaissez Pa-tri-cia Girard ? Elle me donne la ‘power’ (puissance). » Réponse de l’intéressée : « C’est un peu mon fiston, il me dit qu’il a frappé à la bonne porte. » Pour mieux ouvrir celles des idoles à coups d’épaule ?

Le titre de l'encadré ici

Avec Liu et Isinbayeva en vedette|||

Malgré la suprématie d’Usain Bolt et de ses compatriotes, jamais un sprinteur caribéen ne s’est imposé en 13 Mondiaux en salle. Nesta Carter et Lerone Clarke essaieront de corriger l’anomalie sur 60m face aux Américains Kimmons et Gatlin. Le Français Emmanuel Biron visera la finale. Sur les haies, le champion olympique d’Athènes Liu Xiang sera le favori de l’épreuve, d’autant que son grand rival le Cubain Dayron Robles est forfait. Le tout frais champion de France, Pascal Martinot-Lagarde, 20 ans, tentera de se faufiler en finale. Malheureux lors de ses deux précédentes participations aux Mondiaux en salle, Renaud Lavillenie, meilleur perchiste de la saison (5,93m) espère qu’Istanbul lui réussira. Il sera accompagné de Romain Mesnil. En l’absence de l’Australien Hooker, vainqueur il y a deux ans à Doha, le danger viendra d’Allemagne avec Bjorn Otto et Malte Mohr. Chez les femmes, la tsarine Yelena Isinbayeva a retrouvé son meilleur niveau après trois saisons compliquées (5,01m). La Française Vanessa Boslak effectuera son retour au plus haut niveau après trois saisons passées à soigner une blessure au genou. Enfin sur 3000m, l’Ethiopienne Meseret Defar tentera de devenir la première athlète féminine à remporter cinq titres en salle consécutifs. En cas de succès, elle égalerait chez les hommes le sauteur en longueur cubain Ivan Pedroso.