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Mekhissi : « Je peux faire des dégâts… »

Mahiedine Mekhissi, médaillé de bronze aux derniers Mondiaux

Mahiedine Mekhissi, médaillé de bronze aux derniers Mondiaux - -

A 48 heures de l’ouverture des « Europe » d’Helsinki, Mahiedine Mekhissi, champion continental en titre du 3000m steeple, s’est confié à RMC Sport. Il évoque ses ambitions, mais aussi sa famille pour qui il veut aller chercher l’or aux JO.

Mahiedine, comment allez-vous ?

Je me sens bien, je monte en puissance, même si je sais que je ne suis pas prêt (il n’est pas descendu en dessous des 8’10 en trois courses cette saison, ndlr). Je suis encore en cycle de préparation. Je vais aller aux Championnats d’Europe pour défendre mon titre, absolument. Ça va ressembler aux Championnats de France, une course d’homme à homme sans lièvre, mais un cran au-dessus.

Vous êtes néanmoins favori…

Il peut y avoir des surprises et puis, être favori, ce n’est pas toujours évident, il y a un statut à assumer. Je suis confiant mais quoi qu’il arrive, il faut que je coure.

Pourquoi avez-vous modifié votre préparation ?

J’ai fait beaucoup moins de stages en altitude cette année, je suis resté à Reims, parce qu’on n’avait pas assez de temps en altitude. Quand on fait des stages de ce type, il faut rester au moins trois semaines. Je n’avais pas prévu d’aller à Lille, je devais enchainer avec les Championnats de France après Rome. Du coup, on a modifié notre préparation (il ira à Font-Romeu après les « Europe » pour sa préparation finale).

Vos chronos vous inquiètent-ils ?

Non, faire 8’10 avec la préparation que j’ai menée, c’est bien. Les saisons passées, j’étais bien en début et fin de saison. Au milieu, j’avais un coup de moins bien. Là, je veux monter en puissance, je veux arriver à 100% au Jeux.

Quel souvenir gardez-vous des Jeux de Pékin où vous vous êtes révélé ?

C’était il y a quatre ans, mais ma course est restée gravée dans ma mémoire. Je la connais par cœur. Aujourd’hui, j’ai 27 ans, j’ai mûri. J’ai progressé dans tous les secteurs à l’entrainement. Je gère mieux les grandes échéances. Je me mettais trop de pression, je suis plus posé. Si je continue de bien m’entrainer, je ne vois pas pourquoi le reste ne suivrait pas.

Le reste, c’est le titre olympique ?

Je n’ai pas atteint mon maximum. Je sais que je ne vaux pas 8’02, ce n’est pas ma valeur. Je vaux plus que ça. Tant que je ne serai pas champion du monde et champion olympique, la motivation sera toujours là. J’ai beaucoup de choses à prouver. Je sais que je suis capable de faire l’or cet été. Je peux être champion. Je crois en mes forces.

Comment vous jugent vos adversaires ?

Tous les Kenyans savent aujourd’hui comment je cours. Leur but, c’est de me lâcher au train, parce qu’ils me redoutent au finish. Ils ont peur d’être avec moi dans le dernier 400m. Quand je cours avec eux, ça joue des coudes, ça se bouscule.

Vos proches vous soutiennent-ils ?

Ma famille, c’est l’une de mes forces. Quand on sent ses parents, ses frères et ses sœurs, derrière la télé, ça donne une force supplémentaire. On est une fratrie de 9, je n’ai pas grandi dans le confort, on était toujours 3 ou 4 dans la chambre. Vous croyez que je pouvais m’acheter des baskets à 130 euros ? Je gardais mes paires trois ou quatre ans ou j’en récupérais à des anciens coureurs. On n’avait pas beaucoup d’argent. Je ne regrette pas mon enfance. Je sais ce que représente un euro. Même si je gagne beaucoup d’argent aujourd’hui, je connais la valeur de l’argent. Je ne vais pas m’enflammer à faire n’importe quoi.

Qu’est ce qui pourrait vous écarter du titre olympique ?

Mon premier adversaire, c’est moi. Si je ne me blesse pas… Si je suis en forme en finale, croyez-moi, ça va faire des dégâts. Je n’ai pas eu la chance de pouvoir arriver sur des courses en étant à 100% de mes capacités, j’étais fatigué ou j’arrivais avec des problèmes. Si j’arrive comme il faut, je sais ce que je peux faire.

Qu'est ce qui peut vous écarter de cet objectif ?

Mon premier adversaire, c’est moi. Si je ne me blesse pas… Si je suis en forme en finale, croyez-moi, ça va faire des dégâts. Je n’ai pas eu la chance de pouvoir arriver sur des courses en étant à 100% de mes capacités, j’étais fatigué ou j’arrivais avec des problèmes. Si j’arrive comme il faut, je sais ce que je peux faire.

Propos recueillis par François-Xavier de Chateaufort