Mekhissi : « Une médaille pour toute l'équipe de France »

Mahiedine Mekhissi - -
Mahiedine, quelle sensation vous laisse cette médaille de bronze ?
Le titre se joue à rien. Je suis content de la course que j'ai réalisée. Je ne me suis jamais affolé. Je ne fais qu'une erreur dans la course, c'est de n'être pas au contact de Kemboi quand il accélère à 400m de l'arrivée. Mais peu importe la médaille, tant que je suis sur la boite, ça me va. Je la dédie à toute l'équipe de France. Je tiens aussi à remercier la Fédération française de m'avoir sélectionné. Ils auraient pu ne pas m'emmener ici, quelque part je ne le méritais pas. La seule façon de les remercier, c'était d'obtenir une médaille. J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres pour la France ici.
Comment avez-vous vécu la course ?
J'avais de bonnes sensations, il ne faisait pas chaud comme en séries la veille. Mon erreur, c'est un manque d'expérience. C'était ma première finale aux Mondiaux. La médaille d'argent se joue à un fil. Kipruto ne m'a pas laissé passer. La DTN a porté réclamation, c'est elle qui décide, mais moi je suis fair play, je respecte les Kenyans et Kipruto. Je félicite d'ailleurs Kemboi. Ce qu'il a fait, c'est quelque chose. Il garde son titre. C'est un grand champion. Je m'incline contre plus fort que moi. Bravo à lui.
Un mot pour Bouabdellah Tahri, qui ne termine que quatrième ?
Je suis triste pour lui, on voulait être deux sur le podium. On a donné le meilleur de nous-mêmes pour battre les Kenyans. Mais c'est le sport.
Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Je suis passé par des moments difficiles. Je m'entraîne dur tous les jours. Je fais ça pour gagner des médailles. C'est dur de rarement voir sa famille, ses proches, de n'être jamais chez soi. Après Monaco, je ne voulais plus courir cette saison. C'était difficile de continuer. Mon entraîneur (Farouk Madaci, ndlr), a su me remotiver. Cette médaille est pour lui aussi. La seule médaille qui me manquait, c'était celle-là (2e aux JO de Pékin, champion d'Europe 2010, ndlr). Et puis je n'ai que 26 ans. J'ai encore l'avenir devant moi.
Avec le recul, comment voyez-vous cette bagarre à Monaco avec Mehdi Baala ?
Comme un mal pour un bien. Croyez-le ou pas, sincèrement, avec Mehdi on s'est beaucoup rapproché. Je n'aurais pas cru devenir aussi proche de lui. Ce qui est fait est fait. Je suis content qu'il passe en finale (du 1500m, ndlr). Cette histoire m'a beaucoup renforcé. Aujourd'hui j'ai prouvé que j'étais quelqu'un de fort. J'ai été chercher la médaille avec les tripes.
Le titre de l'encadré ici
Mekhissi perd aux points|||
L’espace d’un instant, on a craint le pire. Regard noir et colère en bandoulière, Mahiedine Mekhissi-Benabbad se rapprochait dangereusement de Brimin Kiprop Kipruto à l’arrivée du 3000 m steeple. Une image qui n’était pas sans rappeler les préambules de sa bagarre désormais légendaire avec Mehdi Baala, en juillet dernier à Monaco à l’issue du 1500 m. Cette fois-ci, le Français n’est fort heureusement pas passé à l’acte, mais il avait toutes les raisons d’avoir une dent contre le Kenyan. Alors que le champion d’Europe en titre du 3000 m steeple fondait dans la dernière ligne droite sur le coureur des hauts plateaux, ce dernier, après un rapide coup d’œil sur l’écran géant, mettait lentement mais sûrement le clignotant à droite, histoire de déporter son poursuivant et de préserver sa médaille d’argent.
Un geste antisportif que n’a même pas cru bon de sanctionner la fédération internationale (IAAF), malgré l’appel déposé par la fédération française (FFA). A se demander si le récent passif pugilistique du Rémois n’a pas pesé lourd dans la balance. Ironie de l’histoire, quarante-huit heures plus tôt, l’IAAF avait cette fois-ci accepté l’appel de Baala, requalifié pour les demi-finales du 1500 m après avoir terminé dernier de sa série suite à une chute provoquée par un de ses adversaires.