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Pistorius, le rêve et les questions

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L’athlète aux jambes de carbone s’est qualifié mardi soir à Lignano (Italie) pour le 400m des mondiaux de Daegu (du 27 août au 4 septembre prochain). Le quadruple champion paralympique sud-africain s’élancera pour la première fois au départ d’un grand championnat avec les « valides ». Sans faire l’unanimité.

Une image en forme d’espoir. Oscar Pistorius, amputé des jambes au niveau du péroné à l’âge de onze mois, exulte sous la pluie de Lignano à l’issue d’un 400m qu’il qualifiera lui-même de « course de rêve ». Lors de ce meeting de la dernière chance, le Sud-africain abaisse son record personnel de 45''61 à 45''07 (15e temps de l’année) et franchit la barre des minimas fixée à 45''25. Il valide à 24 ans son ticket pour les mondiaux de Daegu (Corée du sud).

Pour la première fois de l’histoire, un athlète handisport participera à une compétition majeure avec les « valides ». Une consécration après laquelle Pistorius court depuis 2008. Un « non évènement » pour le spécialiste du 400m français Leslie Djhone, même si dans le milieu beaucoup ne peuvent s’empêcher de se poser la question : « S’il avait été valide, aurait-il fait aussi bien ? »

Hurtis : « Il est avantagé par ses prothèses »

Depuis 2008 et l’autorisation donnée par l’IAAF à Pistorius de courir avec les « valides », la polémique n’a jamais été vraiment éteinte autour de ses fameuses prothèses en carbone, des outils de haute technologie. « Il est avantagé par rapport aux autres avec ses prothèses, confirme ainsi la sprinteuse française Muriel Hurtis. Elles sont extrêmement légères, très préformantes. »

La difficulté de mise en action est compensée sur la longueur de la course par les énormes renvois impulsés par les prothèses à chaque foulée. « Il n’a pas les sensations d’un athlète valide sur les fins de course, explique Hurtis, avec tout le lactique qu’il peut y avoir au niveau des jambes. Et je reste persuadé qu’il ne serait pas à ce niveau s’il avait été valide. »

Condamné depuis toujours à la différence, Pistorius, symbole apprécié du handisport, vole désormais vers la barre mythique de 45 secondes. Pour se rapprocher un peu plus des meilleurs. Mais pas trop, il s’agirait de ne pas faire scandale.