RMC Sport

Pourquoi Roberto De Zerbi vit "sa meilleure période" en tant qu’entraîneur de l'OM

placeholder video
Des recrues talentueuses et matures sur le plan tactique, un vestiaire très impliqué et un environnement qu’il a appris à maîtriser, Roberto De Zerbi vit sa meilleure période depuis qu’il est à Marseille. Au fil des victoires et de ses choix gagnants, et alors que l’OM est aujourd’hui leader de Ligue 1, l’Italien se sent serein, apaisé et épanoui.

Igor Paixao l’a appelé au micro de RMC Sport "le Professeur De Zerbi". Et si son OM est aujourd’hui premier de la classe en Ligue 1, cela est aussi dû au fait que l’entraîneur italien vit sa meilleure période depuis qu’il est arrivé à Marseille, comme lui-même l’avait reconnu après la victoire à Metz avant la trêve internationale d’octobre.

Roberto De Zerbi a su - en un temps record - créer un esprit de groupe dans le vestiaire phocéen cette saison, et mettre ses nouveaux joueurs dans les meilleures dispositions. Pas besoin de ritiro - finalement annulé après le report du match OM-PSG -, l’intégration des recrues estivales et leur acclimatation sont passées par le jeu, et les matchs à enjeu. 

De l’audace et des choix gagnants 

De Zerbi n’est pas du genre à être frileux et il avait donné le ton dès le premier match ayant suivi le mercato. À peine arrivés, Pavard et Aguerd avaient été lancés dans le grand bain contre Lorient le 12 septembre, "RDZ" estimant que des joueurs de cette qualité et de cette expérience allaient vite prendre leurs repères et qu’il fallait rapidement préparer les matchs cruciaux au programme. 

Cette confiance totale en ses recrues guidera ensuite De Zerbi dans ses choix, quasiment toujours gagnants depuis un mois et demi. Un côté gauche performant et new-look à Madrid (Emerson et Weah), sept recrues au coup d’envoi face à l’Ajax dont la première titularisation d'Arthur Vermeeren, associé à Bilal Nadir: les matchs de Ligue des champions ont validé l’audace du coach de l’OM depuis début septembre.

Septembre, "le plus beau mois depuis le début de sa carrière d’entraîneur"

Si De Zerbi avait pris un coup au moral en début de saison après l’affaire Rabiot, il confie en privé avoir vécu en septembre "le plus beau mois depuis le début de sa carrière d’entraîneur". Rien que ça.

Dans les jours qui ont suivi le succès à Strasbourg (26 septembre) ou plus récemment après la victoire face au Havre, le technicien italien a souvent cité Medhi Benatia, Pablo Longoria et même l’actionnaire Frank McCourt pour insister sur le fait que cette réussite retrouvée est avant tout à mettre au crédit de l’ensemble du club. 

Une relation forte et consolidée avec les dirigeants 

Avec la direction, la relation s’est renforcée depuis les échanges sincères et constructifs à Miami. Et De Zerbi a eu la conviction, à la fin du mercato, que ses dirigeants avaient tenu leurs promesses en termes de réorganisation interne et de recrutement ambitieux.

Cette période faste est aussi et surtout la résultante d’une vraie osmose entre ce nouvel effectif et le coach. De Zerbi a trouvé un groupe à son image, composé de joueurs passionnés, perfectionnistes et déterminés à réussir à l’OM. Ses proches décrivent un entraineur totalement en phase avec la mentalité de son vestiaire, à l’opposé des crispations de la saison passée avec quelques recrues… vite invitées à quitter l’OM. Loin également d’un certain laisser-aller que les dirigeants avaient pointé du doigt à la fin de l’été, pendant ce fameux mois d’août tendu.

Il adore travailler tactiquement avec ce groupe 

Face à lui, De Zerbi trouve désormais du répondant quand il parle football… Une séance vidéo d’une heure avec Emerson Palmieri pour évoquer son rôle hybride et le surnombre dans le cœur du jeu? Aucun souci! L’international italien écoute, est attentif et aime ces échanges avec son entraîneur.

Si De Zerbi s’appuyait beaucoup la saison passée sur des leaders comme Balerdi, Hojbjerg, Kondogbia, Murillo ou Rulli, il a trouvé chez Pavard ou Aguerd - pour ne citer qu’eux - une mentalité de champion et une maturité tactique qui lui permettent de faire ce qu'il adore: varier ses compositions d’équipe et notamment sa ligne défensive, surprendre l’adversaire et préparer ses plans dans la semaine avec une vraie implication à l’entraînement.

Des joueurs à son image : passionnés et déterminés 

De Zerbi se régale, ressent de l’envie et de l’enthousiasme même quand les séances durent 2h30. Il adore aussi ressentir cette passion du ballon chez des joueurs offensifs comme O’Riley, Paixao, Weah ou Vaz, qui permettent à De Zerbi d’avoir plusieurs options et des profils différents en attaque, autour du "grand frère" Aubameyang et des joueurs comme Greenwood ou Gouiri, que De Zerbi a appris à mieux connaître la saison dernière. 

Intégrer des recrues de talent est toujours plus facile. Savoir manager des joueurs avec lesquels il a déjà un vécu est aussi plus aisé. La continuité a ses vertus et le De Zerbi de la saison 2 est aujourd’hui encore plus mature que celui, à fleur de peau, de la saison 1.

RDZ aura toujours le même caractère, entier et sanguin, mais le quotidien au centre Robert-Louis-Dreyfus est moins marqué par des éclats de voix par rapport à la saison passée. L’Italien est apaisé, parfois même plus lucide. Peut-être pas un hasard si son coaching en cours de match porte souvent ses fruits, ces derniers temps.

De Zerbi saison 2, plus de maturité et de lucidité 

L’entraîneur italien a vécu une saison riche en émotions l’année dernière et il a abordé cette deuxième année avec une connaissance encore plus grande de son OM et de l’environnement. 

De Zerbi ne se laissera pas griser par les compliments ni embarquer dans des déclarations sur le titre de champion ou sur la lutte avec le PSG… même s’il est venu pour cela à Marseille. Il répète souvent qu’une crise n’est jamais loin quand on accepte d’entraîner l’OM.

Sa cote de popularité au plus haut à Marseille 

Sa cote de popularité est en tout cas au plus haut à Marseille. Le Vélodrome lui a réservé une puissante ovation à l’annonce de son nom par le speaker, samedi avant le match contre Le Havre. De Zerbi a même eu le plaisir de voir une banderole rien que pour lui, celle concoctée par la Vieille Garde du CU84, en bas du virage sud: "Roberto, Uno di Noi" ("Roberto, l’un des nôtres"). 

L’Italien assume son âme d’ultra et les supporters de l’OM ont appris à mieux le connaître et à aimer sa personnalité. "On apprécie ce coach connaisseur de la culture et du mouvement ultra", confie la Vieille Garde, à l’origine de cette banderole. "Cela n’a rien à voir avec une tenue vestimentaire (référence à sa veste CP Company portée à Metz et plébiscitée par beaucoup de supporters ultras, NDLR). On aime sa personnalité car il inculque la grinta et la fierté du maillot aux joueurs et est sensible au sort et aux attentes des supporters comme il l’a montré à Metz (quand des amoureux de l’OM ont été pris à partie par des ultras messins, NDLR)."

L’expression "Uno di Noi" est d’ailleurs propre au mouvement ultra italien et désigne le fait de reconnaître une personne comme faisant partie du groupe et du mouvement. Après la conférence de presse d’après-match samedi soir, De Zerbi a confié à RMC Sport avoir vu le message et l’avoir grandement apprécié. Il a ensuite filé vers ses obligations et son vestiaire. La tête déjà trop occupée à son prochain match, mercredi à Lisbonne en Ligue des champions, et à ses prochains choix. 

Florent Germain