Corruption athlétisme: l’IAAF était pourrie de l’intérieur

- - AFP
« Il faut voir comment certaines de ces ordures ont agi (…) Rarement j’ai vu des présidents de fédérations sportives aussi impliqués dans la corruption ». Il y a quelques jours, Dick Pound, l’ancien président de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) aujourd’hui chargé de faire toute la lumière sur les affaires de corruption et de dopage au sein de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) avait annoncé la couleur.
Ce jeudi, c’est donc presque sans surprise que la Commission indépendante de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) a rendu public le second volet de son rapport d’enquête de 89 pages dans lequel on découvre que « la corruption était partie intégrante » de l’IAAF.
Brebis galeuses et avis de recherche
Si jusqu’à présent seuls trois protagonistes ont été mis en examen (l’ancien président de l’IAAF Lamine Diack, l’ancien administrateur antidopage Gabriel Dollé et le conseiller juridique de la présidence de l’IAAF, Habib Cissé), la Commission indépendante de l’AMA souligne que les dirigeants et le clan Diack « ne pouvaient ignorer l'ampleur du dopage » et que la corruption ne pouvait « être attribuée seulement à quelques brebis galeuses agissant de façon isolée ».
Papa Massa Diack, fils de Lamine et rouage essentiel du système, fait d’ailleurs l’objet d’un avis de recherche international.
IAAF-Fifa, même combat
Autrement dit, et un peu à l’image de ce qu’il se passe depuis un an dans les arcanes de la Fifa, « la corruption était partie intégrante » de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF).
Dans les plus hautes sphères, personne ne pouvait ignorer ce système mafieux organisé à grande échelle. Notamment sur le volet du dopage organisé en athlétisme, où des dizaines de cas positifs ont été étouffés ou contre-financés par connivence avec la fédération russe d’athlétisme (ARAF), extorsion de fonds auprès des athlètes incriminés, chantage, inflation des droits télé, blanchiment d'argent et autres petites arrangements entre amis.
Et le Kenya ?
« On attendait des choses un petit peu plus précises, estime Maryse Ewanjée-Epée, membre de la Dream Team RMC Sport, notamment sur une fédération qui avait été beaucoup montrée du doigt dans les mois qui précédaient, qui était la fédération kényane puisqu’il y a eu énormément de cas de dopages du côté du Kenya. Or, là on n’a absolument aucune information de ce côté-là, ni d’autres cas de dopages. On reste un peu centré sur les affaires sales de la Fédération Internationale. »
Coe peut souffler
En tout cas, s’il est en un qui peut souffler, c’est bel et bien Sebastian Coe. Nullement visé ou cité dans ce rapport d’enquête, le Britannique -qui a hérité de la patate chaude en succédant à la tête de l’IAAF à Diack après en avoir été membre puis vice-président entre 2003 et 2015- a été conforté dans ses fonctions par Pound lui-même qui a estimé qu’il était l’homme de la situation pour mener à bien les réformes au sein de l’IAAF. On lui souhaite bon courage.