Dopage: dix ans de suspension pour le marathonien kényan Titus Ekiru

Titus Ekiru en 2019 - AFP
Controlé positif à la suite de sa victoire au marathon de Milan en 2021, et suspendu provisoirement depuis juin 2022, le marathonien Titus Ekiru (31 ans) attendait depuis plusieurs mois que la sentence tombe.
L'enquête menée par l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU) a permis à l'organisme de trancher: le coureur kenyan est suspendu définitivement pour une période de dix ans, à compter de la date de sa suspension provisoire, le 28 juin 2022, pour prise massive de produits dopants et usage de faux dossiers médicaux.
Positif à la triamcinolone et à la péthidine
C'est juste après le marathon de Milan du 16 mai 2021, remporté en 2h2m57s, que le Kényan de 31 ans avait été contrôlé positif au triamcinolone, un puissant corticoïde qui aide les athlètes à perdre du poids sans subir de perte de puissance significative. Il avait expliqué à l'époque la prise du médicament pour des raisons médicales légitimes.
Trois mois plus tard, rebelote. Il est de nouveau contrôlé positif, à la suite du marathon d'Abu Dhabi, mais cette fois-ci à la péthidine, un analgésique narcotique qui peut masquer les effets des blessures et permettre aux athlètes de s'entraîner plus durement et plus longtemps.
De faux dossiers médicaux fournis par un médecin complice
L'AIU avait opté à l'époque pour une suspension provisoire, le temps d'une enquête sur ces deux résultats d'analyse anormaux. Durant l'investigation, le coureur aurait donné de fausses informations et de faux documents, avec l'aide d'un médecin complice.
Ekiru avait reçu des injections lors de visites à l'hôpital, sans papiers, et l'AIU a pu déterminer, en collaboration avec le gouvernement kényan, que les documents médicaux fournis lors de l'enquête avaient été falsifiés. Le médecin en question a été déféré aux autorités pénales du Kenya pour une enquête plus approfondie.

Ekiru a remporté au moins dix marathons et semi-marathons entre 2017 et 2021, dont un record d'Afrique en 2019 sur le semi-marathon. Ce dernier voit ainsi ses résultats, à partir du 16 mai 2021, être effacés et il doit renoncer à tous les prix et bourses obtenus sur les courses remportées.
Un mal qui ronge le milieu du marathon au Kenya
L'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU), organisme indépendant chargé depuis 2017 notamment de la lutte antidopage dans le monde de l'athlétisme, avait dénoncé en avril dernier un dopage à grande échelle au Kenya, pays roi de la course de fond, miné par les cas positifs depuis plusieurs années.
En juin, la légende kényane du marathon, Eliud Kipchoge, avait déclaré: "le dopage est présent (...) il faut tout mettre dans les contrôles".
A la suite de l'annonce de la sanction de Ekiru, David Howman, président de l'AIU, a affirmer que "les responsables gouvernementaux travaillent désormais aux côtés de l'AIU pour dénoncer les réseaux impliqués dans le dopage à grand échelle. Pour les athlètes sous substance et leur entourage, cette affaire véhicule un message fort : il n’y a nulle part où se cacher."