Froid, excès de table, motivation en berne... Pourquoi et comment continuer à courir en hiver

La Suédoise Sarah Lahti lors du cross de Roeselare - IconSport
Elles sont là, derrière la porte du placard. Vous ne les voyez pas, trop occupé à reprendre un peu de foie gras, mais leur petite voix résonne tout de même au fin fond de votre cerveau. Elles, ce sont vos chaussures de running, traditionnelles grandes oubliées de Noël. Car si les fêtes de fin d’année sont souvent synonymes de moments chaleureux en famille et d’excès culinaires en tout genre, elles entraînent souvent de longues pauses dans nos routines sportives.
Pourtant, garder ses baskets à portée de main pendant cette période est le meilleur cadeau que vous pouvez faire à votre organisme. Car continuer à courir en hiver, et même pendant les fêtes, présente de nombreux bienfaits pour le corps et l’esprit. Les spécialistes du podcast RMC Running vous expliquent pourquoi vous ne regretterez pas de vous être motivé à sortir.
Courir en hiver, le secret d'une meilleure santé
Avant tout, pratiquer une activité physique pendant les mois d'hiver est une question de santé. "Faire du sport va vraiment booster votre système immunitaire", explique ainsi Marie Chavanes, nutritionniste experte en nutrition sportive et invitée du podcast RMC Running. En effet, courir pendant l’hiver aide à renforcer son organisme face aux infections typiques de la saison, comme les rhumes ou la grippe. En stimulant la circulation sanguine, la course à pied améliore la réponse immunitaire, réduisant ainsi le risque de tomber malade.
Cependant, attention à l’effet de la "fenêtre ouverte", une période temporaire d’affaiblissement des défenses immunitaires après un effort très intense. Comme le rappelle Marie Chavanes, "lors d’une activité physique intense, il y a une réorganisation temporaire des défenses immunitaires, notamment vers les poumons pour protéger l’organisme". Mais dès que l'effort s'arrête, les défenses diminuent fortement et peinent à se réorganiser pour protéger tous les points d'entrée du corps. La "fenêtre immunologique" s'ouvre alors et les agents pathogènes ont plus de facilité à pénétrer dans l'organisme. C'est pour cela que l'on conseille toujours de se couvrir après un effort sportif, même si l'on ne ressent pas le froid.
Cela ne signifie toutefois pas qu’il faut réduire ses séances en hiver, mais plutôt bien gérer l'après pour ne pas tomber bêtement malade et perdre tout le bénéfice de sa sortie.
"Pour être bon l'été, il faut aller au mastic l'hiver"
L’hiver est également le moment parfait pour poser les bases d’une saison sportive réussie. Yohan Durand, membre de l’équipe de France de marathon et consultant course à pied pour RMC Running, ne tarit pas d’éloges sur les bienfaits des sorties hivernales. "Pour être bon l’été, il faut aller au mastic l’hiver, il faut se faire mal", explique-t-il. "Le travail mental et physique dans des conditions difficiles finit toujours par payer".
C'est pourquoi le champion de France de semi-marathon 2021 s'interdit de faire l'impasse sur la saison de cross, qui constitue le socle de sa condition physique du printemps. "Il faut aller dans ces épreuves-là. C'est le passage obligé pour renaître de ses cendres et redevenir fort sur la route. Il faut d'abord refaire ses armes dans la boue. C'est ce genre de travail qui finit par payer." Et ce quel que soit le niveau d'ambition de vos objectifs.
Les défis de l’hiver
Pourtant, les obstacles sont nombreux en hiver. Le froid, la pluie et le manque de luminosité peuvent facilement décourager. "L’hiver, on a l’impression qu’aller s’entraîner, c’est déjà un effort. Mettre les baskets, c’est un effort", admet Yohan Durand.
Alors pour ne pas se laisser aspirer par la spirale de l’abandon, quelques stratégies peuvent être mises en place. Essayez déjà d'adapter vos horaires de sortie. Privilégiez ainsi les heures les plus lumineuses pour courir, comme le midi. Cela aide à maintenir votre niveau de vitamine D, essentielle pour renforcer l’immunité. Ne lésinez pas non plus sur la qualité de l'équipement: des vêtements techniques et imperméables rendent les sorties plus agréables (ou moins désagréables, c'est selon).
Enfin, il est essentiel de varier les plaisirs. Quand la motivation n'est pas au beau fixe, il est important d'éviter d'y ajouter l'effet de la lassitude. Alternez les sorties courtes et plus longues, ou testez des parcours différents pour garder votre motivation intacte.
Les fêtes offrent également une opportunité unique de courir différemment. Profitez-en pour transformer une sortie en famille en balade active, ou partez courir sous les illuminations de Noël pour une expérience féerique.
L’importance de l’hygiène de vie
Rester actif, c’est bien. Mais cela doit s'accompagner d'un soin porté à l'hygiène de vie. Certes, la période des fêtes n'est pas la plus propice à une alimentation équilibrée, mais d'autres paramètres peuvent être soignés.
"Hydratation, alimentation, sommeil: c’est le triptyque clé", résume Marie Chavanes.
L’hiver, il est donc essentiel de compenser les excès en favorisant les aliments riches en nutriments et de saison: agrumes pour la vitamine C, poissons gras pour les oméga-3 et noix pour les bons lipides.
De plus, boire suffisamment (et on parle bien d'eau, bien-sûr) reste crucial, même si la sensation de soif est moins présente. Comme le conseille Marie Chavanes, "il faut fractionner l’hydratation tout au long de la journée pour éviter les déséquilibres."
Enfin, la qualité du sommeil ainsi que sa quantité ont une influence direct sur l'efficacité de la réponse immunitaire. Un organisme en manque de sommeil se mue en forteresse mal gardée face aux agents pathogènes. Veillez donc à dormir suffisamment pour permettre à votre corps de récupérer efficacement.