Kevin Mayer: "Je ne vais pas spoiler, mais ça court vite"

Kevin Mayer est une des grandes attractions des championnats de France d’athlétisme. Dans le Tarn ce week-end, c’est encore le cas et tout le public espérait voir un record de la part du sauveur de l’athlétisme tricolore ces dernières années. Le seul médaillé mondial et olympique en athlé depuis quatre ans est pourtant venu travailler. Avec 15m26 au poids, 46m92 au disque et 5m10 à la perche, le boulot apparaît léger sur le plan statistique. Il ne s’est même pas approché de ses records.
Mais pas de panique pour l’athlète de 31 ans: "J’ai appris à continuer à travailler. Je me connais, je ne suis jamais en forme à un mois des gros championnats. Il y a un petit down avant que ça remonte en flèche". Une phrase balancée casquette vissée sur la tête, et avec le sourire, et ce n’est pas si souvent le cas avec le Montpelliérain.
"La plus grosse moyenne de ma vie au disque"
Car derrière les performances comptables, le clan Mayer est plus que satisfait de la progression du double champion du monde. "À la perche, j’ai failli arrêter à l’échauffement tellement je faisais des beaux sauts. J’ai dû attendre deux heures avant de pouvoir sauter après l’échauffement (il devait attendre le passage de tous ses concurrents éliminés à des hauteurs moindres pour entamer son concours à 5m). Et j’ai fait une insomnie la nuit dernière, je commence à penser à Budapest… je sais ce que je vaudrais dans un mois, je n’ai plus besoin de me rassurer".
Pour le lancer du disque, les feux sont aussi au vert. "J’ai fait la plus grosse moyenne de ma vie. Avec les jets à l’échauffement, j’étais à 49m de moyenne. Le premier essai hors secteur était à 51m80, j’y allais pour battre mon record, je pense que j’avais 53-55m aujourd’hui. Je n’ai pas agi en décathlonien mais pour le record et j’ai fait un peu n’importe quoi. J’ai tout de même assuré le dernier jet à 46m92 pour ne pas me faire battre par Make (Makenson Gletty) quand même (rires)".
Un Mayer devenu pur sprinteur?
Pour le lancer du poids, c’est totalement différent. Autrefois grande force de Kevin Mayer (record à 17m08 en 2019), le poids gicle beaucoup moins loin depuis plusieurs mois. "C’est mon talon d’Achille aujourd’hui, c’est clair. Je ne vais pas vous spoiler mais ça court vite en ce moment. Je sens moins de force et plus de puissance et de vitesse. Le sprint se passe bien, je saute à des longueurs que j’ai rarement faites". Plus fin même physiquement, Mayer annonce entre les lignes basculer vers un profil de sprinteur/sauteur. Pour ça, Mayer va filer dès ce dimanche soir en altitude à Font-Romeu pour travailler le sprint, puis à l’INSEP à Paris pour se tester face aux spécialistes du 100m et du 110m haies. "Mais d’ici un mois, il faudra rééquilibrer un peu pour assurer dans les lancers".
Mayer pour un 3e titre mondial, du jamais-vu en France
Affûté et sûr de lui malgré des résultats bruts pas spécialement impressionnant, Kevin Mayer a toujours su exploser au bon moment. Et s’il s’active pour travailler la vitesse, est-ce pour résister au champion olympique en titre, le canadien Damian Warner, le décathlonien le plus rapide de l’histoire sur 100m? "La vérité, c’est que je vois bien Pierce Lepage briller cette année. C’est le seul que je vois vers les 8800/8900 points. Warner doit montrer qu’il est encore capable de sauter à 8m à la longueur. Je ne suis pas concentré que sur lui. Celui qui fera un bon 100m (première épreuve du décathlon), je vais commencer à m’inquiéter".
La concurrence sera rude en effet en Hongrie avec les canadiens Warner et Lepage donc, mais aussi avec l’Allemand Leo Neugebauer (8836 pts meilleure performance mondiale 2023). Première journée du décathlon mondial le vendredi 25 août pour Kevin Mayer, à la recherche d’un troisième titre mondial, ce qui serait une première dans l’histoire de l’athlétisme français.