Laudet (Running Days du Figaro) : « Le mot ‘’cross’’ faisait un peu peur »

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Vincent Laudet, pourquoi avoir changé le nom de cette course mythique ?
Le « Cross du Figaro » existe depuis plusieurs dizaines d’années (1961), et on a choisi de l’appeler « Running Days du Figaro » parce que ça correspond plus à la réalité de l’épreuve. Le mot « cross » fait un peu peur, c’est une clientèle très particulière, et ce n’est pas cette clientèle qui vient courir aujourd’hui sur les « Running Days du Figaro ». Le nom générique a changé, mais à l’intérieur de ces courses, il y a toujours le Cross du Figaro, qui est le 12 km. On perpétue donc la tradition de l’histoire du Figaro, parce que c’est une marque assez connue. Mais pour être plus honnête avec l’ensemble de nos runners, on a préféré faire évoluer le nom sur quelque chose de plus simple, car nous ne sommes plus du tout dans le domaine du cross.
N’est-ce pas dû aussi à l’évolution de la cible que vous visez ?
Traditionnellement, la saison du cross a lieu en hiver, dans la boue, le froid. Ce sont des épreuves très particulières. Nous avons changé la date parce qu’on voulait faire un événement un peu plus familial et convivial. C’est vrai que l’univers du running, d’une manière générale, a beaucoup évolué ces dernières années. Aujourd’hui, les gens cherchent de l’effort mais avant tout du plaisir. Le parcours qu’on propose a lieu dans le Domaine national du parc de Saint-Cloud (92). C’est un parcours un peu vallonné, parce qu’il y a pas mal de dénivelés, mais qui reste très convivial et tout public. D’ailleurs, on propose des parcours pour les personnes entraînées et celles qui courent de manière très occasionnelle.
Au-delà de l’environnement, comment comptez-vous vous démarquer des autres épreuves ?
Les coureurs ont l’habitude de faire des 10, 20 km, voire des marathons, en milieu urbain. Nous, on propose un cadre beaucoup plus ludique, ça change un peu de ce qui existe sur le marché du running. On cible la famille et de fait, chez nous, les couples s’inscrivent avec leurs enfants. On fait en sorte qu’ils viennent passer une journée agréable, dans un lieu agréable. Il s’agit plus d’une attraction éphémère sur toute une journée, que d’une thématique purement running. Notre village est animé, il y a des points restauration, et même une garderie.
L’anglicisme utilisé (« Runnind Days ») ne risque-t-il pas de reléguer au second plan voire d’éclipser l’aspect nature de votre course ?
Le mot « running » est vraiment ancré dans le vocabulaire de ceux qui pratiquent la course à pied aujourd’hui. On aurait éventuellement pu nommer l’événement « la course à pied en nature »... Je crois que les participants, ou les gens qui ont envie de pratiquer notre épreuve, savent que c’est en nature. C’est une des particularités de notre course, et c’est en partie pour cela qu’ils y viennent. En choisissant le parc de St Cloud, on n’a pas dénaturé l’esprit du cross du Figaro qui était de courir en pleine nature.
Maintenant que l’emballage a changé, qu’est-ce qui vous lie encore au Cross du Figaro ?
Ce qu’on a gardé de l’ADN du Cross du Figaro, c’est la multiplicité des épreuves : des courses un peu plus dures, des courses pour les femmes, un 3 km, un 2 km, un 400 mètres. Il y en a vraiment pour tous les niveaux, ce qui était déjà le cas à l’époque. Par exemple, le Cross du Figaro proposait des classements « entreprise », et même des épreuves par catégorie professionnelle. Aujourd’hui, on tente de reproduire la même chose, avec notre « challenge des entreprises » où on essaiera de fédérer. En revanche, ce qu’il y avait dans le Cross du Figaro et qu’il n’y a pas sur notre épreuve, ce sont les obstacles. Mais rien ne dit qu’on n’en réintroduira pas un jour, si on sent qu’il y a une demande. Rien à voir avec les courses à obstacles telles qu’on les voit aujourd’hui, bien sûr, mais on peut y penser. Même si, actuellement, on ne sent pas cette attente de la part des participants qui viennent sur nos épreuves.