Le Marathon de Paris fait-il partie du gotha ?

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Nombre d’engagés et finishers : Paris dans la course
Sur les plus de 54 000 engagés au Marathon de Paris, au moins 20% d’entre eux ne seront pas au départ. A Paris comme ailleurs, on observe toujours ce différentiel en raison des forfaits de dernière minute, blessures et autres obligations professionnelles ou familiales. L’an passé, ils étaient ainsi 40 783 au départ pour 50 000 inscrits. Idem pour Londres qui a recueilli quelques 49 872 inscriptions, pour un total de 36 000 partants. Mais plus que le nombre de partants, c’est le nombre total de finishers qui forge la réputation d’un marathon.
Dans cette catégorie, New-York l’emporte très haut la main avec 50 530 finishers pour l’édition 2014. Au classement des marathons qui ont eu le plus grand nombre de finishers dans l’histoire, le marathon new-yorkais truste d’ailleurs les cinq premières places (50 530 finishers en 2014, 50 062 en 2013, 46 759 en 2011, 44 785 en 2010, et 43 250 en 2009) devant Chicago qui occupe les deux suivantes (40 802 finishers en 2014, 39 122 en 2013). Paris ne pointe qu’en 8e position après avoir enregistré 39 115 finishers l’année dernière. De ce point de vue, le marathon de Paris rivalise donc avec les meilleurs, laissant derrière lui Boston (32 004 finishers en 2014), Londres (35 817 finishers en 2014) Berlin (29 021 finishers en 2014) et Tokyo (34 584 finishers en 2014).
Prize money lucratif vs Esprit populaire : Paris a choisi
La cote d’un marathon réside aussi dans sa capacité à se montrer généreux envers le plateau Elite. Paris, qui privilégie plutôt la masse, est on ne peut plus clair sur cette question du prize money. « Pas question de payer 500 000 euros pour avoir un Gebreselassie » tranche Laurent Lachaux, directeur marketing d’ASO qui organise la boucle parisienne. L’an passé, quand le marathon de Londres offrait une prime de 288 000 € à son seul vainqueur (excepté bonus), le marathon de Paris proposait une enveloppe de 260 000 € pour l’ensemble de son plateau Elite.
Outre-Atlantique, on est tout aussi dispendieux, à l’image des 741 000 € de gratification à Boston uniquement pour le vainqueur ou des 600 000 € offerts par New-York pour le lauréat. Un atout supplémentaire pour attirer les meilleurs performeurs mondiaux. Malgré cela, le marathon de Paris reste attractif grâce à la qualité de son peloton amateur, qui hisse la course au premier rang du nombre de coureurs en moins de 3h (plus de 1500 chaque année).
Frais d’inscription : Paris dans la norme
Comme ce qui est rare est cher, les six marathons de référence et Paris sont pratiquement tous dans la même tranche pour ce qui est de leurs frais d’inscription. Hormis New-York qui répercute plus fort son attractivité (250 €) et Londres qui propose un tarif étonnamment bas (60 €), les frais d’engagement varient entre 100 et 130 € (100 € pour le marathon de Paris, 120 € pour le marathon de Tokyo, 130 euros chacun pour le marathon de Berlin et celui de Chicago). Là aussi, Paris est au niveau, ses tarifs d’inscription se situant dans la moyenne de ses concurrents.
Chronos : Paris en retrait
Ce n’est pas un scoop, le marathon de Paris n’entrera pas dans l’histoire en effaçant des tablettes l’actuel record mondial de la discipline (2h02’57). Dans le ranking mondial tous temps, le meilleur chrono réalisé à Paris ne pointe d’ailleurs qu’au 32e rang, loin derrière les meilleures perfs réalisées à Berlin, Francfort, Chicago, Dubai, Rotterdam, Londres et même New-York. Le second semi de la course parisienne est particulièrement exigeant, avec de nombreux faux plats et autres tunnels sur les quais de Seine, qui sont autant de frein pour affoler le chrono. Des caractéristiques pas idéales pour « claquer » une grosse performance, contrairement à Berlin, Londres et Amsterdam dont les parcours sont beaucoup plus roulants. Pas étonnant d’ailleurs de constater telle une évidence que c’est dans la capitale allemande que le record du monde du marathon a été amélioré quatre fois en cinq ans… Face à cet état de fait, Paris ne peut donc pas grand-chose devant ses principaux concurrents. Mais heureusement, la Ville Lumière a bien d’autres atouts.
Beauté du parcours : Paris au top
En France, c’est bien connu, on n’a pas de pétrole mais on a des idées. C’est peut-être ce que s’est dit Laurent Lachaux en misant sur « l’aspect fête populaire et le charme de la ville de Paris » pour faire de son marathon un événement spécial. Et la stratégie paie puisqu’en 2015, ce seront 40 % de coureurs étrangers qui viendront participer à la 39e édition du marathon de Paris. D’abord et avant tout pour profiter d’une véritable carte postale à taille réelle ou effectuer une visite guidée en courant. Le parcours réserve notamment un départ sur les Champs-Elysées avec l’Arc de Triomphe en toile de fond, puis des passages place de la Bastille, sur les quais de Seine, près la Tour Eiffel ou encore du Grand Palais.
Sous cet angle, le Marathon de Paris joue dans la cour des grands, et n’a pas à rougir devant le succès de New-York par exemple. Les deux villes profitent d’ailleurs largement de leur prestigieux patrimoine et de leur potentiel touristique pour attirer sans cesse plus de coureurs. Une aubaine pour les organisateurs et les runners, qui peuvent ainsi faire d’une pierre… deux courses !