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Marathon de Paris: Tony Moulai, un triathlète à l'assaut du mythe

Tony Moulai, ici en 2012.

Tony Moulai, ici en 2012. - DR

Ancien international de triathlon (vice-champion d’Europe 2008 et vice-champion du monde de relais 2012), Tony Moulai a été rattrapé comme de nombreux sportifs de haut niveau par le virus du marathon. Ce dimanche à Paris, le Nazairien aujourd’hui âgé de 40 ans se testera donc pour la première fois sur 42,195km. Pour le plaisir, lui qui penche plutôt pour le trail et les grands espaces.

Tony, comment vous est venue l’idée de prendre le départ du marathon de Paris ?

C’est en accompagnant mon frère Jérémy, l’année dernière, sur le trottoir durant une quinzaine de kilomètres. Il faisait grand beau, j’ai été bercé par l’atmosphère. Les tambours, les orchestres, le public, le paysage. Ca a été le second déclic. Le premier, je l’ai eu dès le premier kilomètre quand j’ai vu en bas des Champs-Elysées cette masse de coureurs arriver vers moi. J’ai eu des frissons, la glotte s’est resserrée. Je me suis dit : « Qu’est-ce que tu fous là ? Ta place est dans le peloton ! » Ca entre dans ma quête de plaisir et de nouvelles expériences.

Disputer un marathon, était-ce un rêve que vous aviez dans un coin de votre tête ?

Non, ce n’était pas un rêve. Je savais que j’en ferais un un jour ou l’autre. Mais avec le triathlon, j’étais bien occupé et toute mon énergie y était dédiée. Et puis, j’ai très vite désacralisé la distance car l’an passé, j’ai disputé la SaintéLyon (75km) ou encore les "France" de trail (63km). C’est comme si j’avais fait plusieurs marathons dans ma vie ! Mais le marathon, ça reste 42km de bitume et ce n’est pas pareil. Il y a zéro temps mort. On est sur le fil du rasoir avec un objectif de temps car finir pour finir, ça ne m’intéresse pas. Du coup, on se met la pression.

Vos meilleures performances sur 10km et sur semi sont respectivement de 30’20 et 1h08. Dans ces conditions, quel chrono viserez-vous dimanche ?

Je voulais casser les 2h25, c’était dans mes cordes. Mais le corps dictant ses lois, ces derniers temps, je n’ai vraiment pas de bonnes sensations. Je ne partirai donc pas sur des bases que je n’atteindrai pas. Je partirai aux sensations et je m’adapterai en fonction de ça pour prendre du plaisir.

Si pour le commun des mortels la préparation marathon peut s’avérer lourde et éreintante, pour un ancien triathlète comme vous, ce devait être presque du gâteau, non ?

C’était les vacances pour moi ! Avant, je m’entraînais en moyenne 28 heures par semaine et là, depuis janvier, c’était 14 heures. J’ai fait trois semaines à 115km, et une à 130. Même quand je préparais les trails, je partais quatre heures dans la pampa. Là, faire des séances d’1h45, ça va, c’est pas dur. A tel point que j’ai rajouté deux séances à vélo et deux autres en natation. Pour le foncier et la caisse.

Les triathlètes ont parfois été diabolisés, regardés de travers quand ils s’alignaient sur des épreuves de course à pied ou cyclistes. Avez-vous déjà ressenti cela ?

Peut-être que dans le haut niveau, on ne nous prenait parfois pas au sérieux. Mais moi, je n’ai jamais ressenti ça. Au contraire, il y a toujours eu du respect à notre égard. Quand tu fais de bonnes places ou que tu fais des cross dans la boue en janvier, on te considère comme un coureur à part entière.

Redoutez-vous le fameux « mur » ?

Je ne le redoute pas car par la force des choses, je partirai plus doucement que prévu. Mais le jour où je prendrai le mur, je pense que je ne pourrai pas m’en relever. Quand t’es planté, t’es planté. Le moral lâche. Je l’ai ressenti maintes et maintes fois à l’entraînement, et j’ai vu mon frère Jérémy se le prendre aussi à l’entraînement donc je sais que si je le prends un jour, c’est fini !

GM