RMC Sport

Tamgho : « C’était le scénario parfait »

Teddy Tamgho

Teddy Tamgho - -

Intégrale Sport - les Top Sports de l’année. Après deux années tumultueuses, Teddy Tamgho a signé un retour fracassant en 2013. Le triple sauteur français se souvient avec joie de sa médaille d’or mondiale décrochée à Moscou.

Teddy, Moscou, le 18 août dernier, 18,04m, ça vous inspire quoi ?

Ça m’inspire tout simplement les championnats du monde que j’ai gagnés. Forcément, c’est un très bon souvenir. C’est là que j’ai pu concrétiser tous mes efforts de l’année. Un énorme souvenir, donc. Ça n’a pas été facile du tout parce que la concurrence était prête. Mais j’étais serein car j’avais très bien travaillé avec Ivan (Pedroso, son coach) et je savais que je ne devais pas louper ce concours.

Avec du recul, que retenez-vous de cette performance historique ?

Que du positif. C’est une finale qui m’a permis de concrétiser ces deux années de galère. Je n’en ressors que du positif. Mais je me dis qu’il ne faut pas que je m’arrête là. Ce qui veut dire : c’est bien, mais c’est maintenant que tout va commencer. Quand tu atteins le haut niveau, tu es attendu à chaque fois et tu dois confirmer. Je suis prêt à assumer cela. Mes concurrents ont quelqu’un aux 18m contre lequel ils vont sauter et vont vouloir me chercher très rapidement. Je pense, entre autres, à Christian Taylor, qui a un record à 17,96m. Même si, symboliquement, on n’est pas dans la même dimension puisque j’ai fait 18m et pas lui. Mais il n’y a que huit petits centimètres qui nous séparent. Ce n’est rien du tout. Ce que je retiens par-dessus tout, c’est que comme on n’avait pas gagné de médaille d’or, on attendait beaucoup de moi. J’avais un peu regardé les réseaux sociaux la veille de la finale et la plupart des pronostiqueurs me voyaient gagnant, donc j’ai éteint directement l’ordinateur. Je savais que j’étais attendu et qu’il fallait que j’amène cette médaille d’or. C’était l’objectif. 

Vous étiez le dernier espoir de médailles et vous le faites avec la manière, c'était le scénario parfait...

Bien sûr, c’était le scénario parfait. Tous les yeux étaient rivés sur la France et moi-même. 

« J'ai puisé ma force auprès de ceux qui m'ont toujours soutenu »

Aviez-vous le pressentiment qu'il allait se passer quelque chose de grand pour vous ?

Je savais que j’étais dans une grande forme. J’avais quelques séances avant et Garfield Darien m’a dit qu’il m’avait rarement vu aussi fort. Lorsque j’ai passé les qualifications, j’ai compris que j’étais prêt à faire quelque chose de grand. 

Le fait que vos parents et vos proches soient présents à Moscou a-t-il rendu le moment encore plus magique ?

Bien sûr. J’ai fait le concours avec ma mère et Ivan. J’avais le coach psychologique et le coach physique pour la compétition. Un des moments forts dont je me souviens était avant le dernier essai. Ma mère me demande de faire 18m. Je lui réponds que je vais le faire mais, au fond, je ne savais pas si j’allais vraiment le faire… C’est un peu insolite. Donc quand ça arrive, on est encore plus étonné.

Lors de la victoire, on a pu voir combien vous étiez complice avec votre mère...

Mes origines font que j’ai eu une éducation très familiale. On est vraiment proche des uns des autres. C’est pour moi un noyau très dur et ce qui m’a permis de rester solide, tout simplement. Comme on dit, on ne change pas une équipe qui gagne. La famille Tamgho est une grande famille qui s’étend au-delà de la famille de sang. Il y a ceux avec qui on a grandi, ceux qui nous ont aidés tout au long de notre vie. Ils font partie intégrante de notre famille.

« Ma blessure va me permettre de souffler »

Ce titre mondial est aussi une façon de tourner la page après deux années difficiles entre les blessures et votre opération...

Ça fait partie de mon vécu. Il faut l’accepter. C’est ce genre de choses qui m’ont permis de me reconstruire. Comme on dit, c’était un mal pour un bien. Je ne retiens de ces deux années que des enseignements majeurs. J’ai grandi, j’ai appris à mieux m’écouter. Sur tous les points, il n’y a que des bonnes choses qui sont ressorties. Des choses qui ont fait que j’ai pu gagner aux championnats du monde.

Beaucoup ont douté de vous durant ses deux années. Cela vous a-t-il donné plus de hargne pour revenir au haut niveau ?

Disons que j’ai puisé ma force auprès de ceux qui m’ont toujours soutenu. J’ai cherché le positif pour me reconstruire et non le négatif. Et je pense que ça a marché en tout cas.

Alors que vous vous entraîniez pour la saison hivernale, vous vous êtes fracturé le tibia gauche fin novembre. Comment avez-vous vécu cette blessure ?

Je le vis différemment parce que c’est quelque chose que je connais très bien. C’est pour moi le problème physique le plus facile que j’ai connu au cours de ces deux dernières années. C’est un problème que mon corps sait gérer. Il n’y a donc pas de souci à se faire. Ce n’est pas un coup d’arrêt. Tous les événements qui arrivent dans la carrière d’un sportif sont de très bonnes choses. Ça va me permettre de souffler, de me recentrer sur ce que j’ai à faire dans l’avenir. Il ne faut pas oublier que nous préparons trois grosses échéances avec les championnats du monde en 2015, les Jeux Olympiques en 2016 et de nouveau les championnats du monde en 2017. Cette année va donc me permettre de me reposer et de repartir en pleine forme pour ces trois années. Il faut toujours tirer du positif de ce qui nous arrive. Si c’était arrivé en 2015, c’est vrai que cela aurait été plus délicat. Etant donné qu’il y aurait eu les championnats du monde en ligne de mire et que je suis le champion en titre, les choses auraient été plus difficiles, c’est vrai. J’ai connu plus difficile que ça et j’ai réussi à revenir. C’est là-dessus que je mets vraiment l’accent. En trois opérations, j’ai réussi à revenir à 18,04m et être là le jour J. Cette petite pause sportive ne sera pas un frein dans ma carrière.

Lire aussi : 

>> Tamgho : « C’est maintenant que tout va commencer »

>> Tamgho, graine de star

>> Tamgho, l'or du renouveau

Propos recueillis par François-Xavier de Chateaufort