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"Tu es un lâche" : la lettre d’une victime de l’attentat de Boston au terroriste

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L’une des victimes de l’attentat au marathon de Boston en 2013 a écrit une lettre ouverte à Dzhokhar Tsarnaev, le terroriste dont le procès a débuté cette semaine.

Blessée lors de l’attentat à l’arrivée du marathon de Boston en 2013, Rebekah Gregory a dû être amputée d’une jambe. Après avoir témoigné au procès de Dzhokhar Tsarnaev, l’un des deux frères-terroristes, elle a publié sur les réseaux sociaux une lettre ouverte en s’adressant à lui. Poignante.

« Cher Dzhokhar Tsarnaev,

Mon nom est Rebekah Gregory. Nous ne nous connaissons pas vraiment et nous ne nous connaîtrons jamais vraiment. Mais ces deux dernières années, j’ai vu ton visage non seulement en photos, mais dans presque chacun de mes cauchemars. Quelques instants avant la première explosion, ton stupide sac à dos a même frôlé mon bras, mais je doute que tu t’en souviennes puisque je ne suis personne pour toi. Une vraie étrangère. Mais même si je n’étais qu’un point sur ton radar (quelqu’un qui se tenait à 1 mètre du ‘‘bon endroit’’ pour la bombe), tu es beaucoup plus pour moi. Parce que tu es sans aucun doute ma source de peur depuis le 15 avril 2013. (Après tout, tu es l’un de ceux qui sont responsables de m’avoir presque pris mon enfant et de l’image en permanence dans ma tête de voir quelqu’un en train de mourir). Jusqu’à maintenant, j’ai eu vraiment peur de toi et de ce fait, de tout ce que les gens peuvent être capables de faire.

Mais aujourd’hui, tout a changé. Parce que j’ai dû marcher vers une salle d’audience et m’asseoir parmi les témoins, à seulement quelques mètres de de l’endroit où tu étais assis. (Je MARCHAIS. Vous vous rendez compte ?) Et aujourd’hui, j’ai expliqué tous les détails horribles, la façon dont tu as changé ma vie, aux gens qui te tiennent entre leurs mains. C’est un peu effrayant non ? Avant d’y aller, je ne vais pas mentir, j’avais les mains moites. Et être assise là, parler à l’accusation, m’a fait pleurer. Mais aujourd’hui, vous savez ce qu’il s’est passé ? Je t’ai regardé en face… et j’ai réalisé que je n’avais plus peur. J’ai réalisé qu’être assise à côté de toi était en fait le pas en avant assez fou dont j’avais besoin.

Je pense que c’est le genre de choses ironiques qui arrive quand quelqu’un fait quelque chose de mal. Parce que d’une certaine façon, tout finit toujours bien. Mais tu es un lâche. Un petit garçon qui ne m’a même pas regardé dans les yeux. Tu ne peux pas supporter le fait d’avoir rendu plus fort ce que tu as essayé de détruire. Si tes yeux avaient croisé les miens pendant juste une seconde, tu aurais vu que ce que tu voulais ‘‘faire sauter’’ a en fait été rejeté. Parce que maintenant, tu m’as donné (et aux autres survivants) une énorme base pour aider les autres et contribuer à améliorer le monde.

Donc oui… tu as pris une part de moi. Félicitations, tu as une longueur d’avance (‘‘leg up’’ en anglais, jeu de mots avec ‘‘leg’’, jambe en français). Mais de plusieurs manières, tu m’as sauvé la vie. Maintenant, j’apprécie beaucoup plus chaque jour qui m’est donné. Maintenant, je peux serrer encore plus mon fils contre moi qu’avant, bénie qu’il grandisse malgré tout ce qu’il s’est passé.

Donc, pendant que tu es assis seul (en train d’attendre le verdict de ta vie), je suis en train de PROFITER de tout ce que ce beau monde a à offrir. Et devine quoi ? Je le ferai sans avoir peur… de TOI. Parce que maintenant, pour moi, tu n’es personne et c’est officiel, tu as perdu. Donc mec, ça craint vraiment pour ton frère (tué par la police, ndlr). J’espère que ça le méritait.

Sincèrement,

Quelqu’un que tu n’aurais pas dû chercher.

#bostonstrong »