Une championne de l'UTMB contrôlée positive, l’ombre du dopage ressurgit sur le monde du trail

Mardi soir, l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU) a annoncé que l'athlète de 27 ans, Joyline Chepngeno, avait été testée positive à l'acétonide de triamcinolone, un glucocorticoïde, après sa victoire sur le trail de Sierre-Zinal le 9 août dernier en Suisse. Écopant d'une suspension de toutes compétitions pour deux ans, Chepngeno s'est, dans la foulée, vue déclassée de l'OCC, l'une des courses annexes de l'UTMB, qu'elle avait également remportée.
"Le classement féminin de l'OCC 2025, qui a eu lieu le jeudi 28 août 2025, a été officiellement mis à jour", a écrit dans un communiqué l'UTMB Group qui, interrogé par l'AFP mercredi matin, n'a pas souhaité faire davantage de commentaires. Conséquence directe: la Chinoise Miao Yao a récupéré son titre sur cette course de 55 km, et l'équipementier Salomon a annoncé mettre fin à sa collaboration avec la coureuse kényane.
Deux cas en trois ans sur la même course
"Nous sommes tous tristes et en colère", a déclaré sur ses réseaux sociaux l'Italien Francesco Puppi, vainqueur cette année à Chamonix de la CCC, une autre course annexe de l'UTMB. "C'est une situation difficile, mais cela montre aussi que le système mis en place à l'arrivée des courses fonctionne", a commenté auprès de l'AFP l'athlète suédoise Ida Nilsson, membre du groupe de travail antidopage au sein de la Pro Trail Runners Association, une association internationale regroupant plus de 200 traileurs professionnels.
Les podiums masculins et féminins de l'UTMB, de la CCC et de l'OCC ont tous fait l'objet cette année de tests antidopage à leur arrivée, mais les résultats de ces tests ne sont pas encore disponibles. Les organisateurs de la course suisse Sierre-Zinal, où Chepngeno a été testée positive, ont aussi déclassé l'athlète kényane, avant de rappeler dans leur communiqué qu'il ne s'agissait pas d'un cas isolé. "Ce cas de dopage intervient pour la deuxième fois en trois éditions sous la responsabilité du coach Julien Lyon et de son équipe Milimani Runners", ont-ils déclaré, interdisant désormais aux athlètes de cette structure de participer à Sierre-Zinal.
En 2022, le Kényan Mark Kangogo, coureur au sein des Milimani Runners, s'était déjà vu retirer sa victoire à Sierre-Zinal après un contrôle positif à la norandrostérone (stéroïde anabolisant) et à l'acétonide de triamcinolone.
Une étude inquiétante sur l’UMTB 2017
Longtemps considérée comme une pratique amateure, le trail est aujourd'hui confronté à des cas de dopage récurrents avec la professionnalisation de la discipline, qui continue de gagner en popularité d'année en année. Si les organisateurs d'événements testent de plus en plus régulièrement à l'arrivée des courses, "les politiques antidopage dans le trail sont encore perfectibles", a estimé Nilsson. "Nous aurions besoin d'organiser davantage de contrôles hors des courses, lors des entraînements ou aléatoirement, mais pour cela il faudrait que le trail soit un peu plus structuré", a-t-elle ajouté.
En 2024, le groupe UTMB a investi 100.000 euros pour faire réaliser des contrôles aléatoires par un organisme indépendant, mais il ne s'agit pas du seul circuit majeur proposant des primes financières attrayantes pour les vainqueurs. Et dans un sport où la supplémentation, c'est-à-dire le recours à des compléments nutritionnels, fait partie intégrante de la performance, "nous devons aussi continuer à éduquer au maximum les pratiquants sur ce qui relève ou non du dopage", a expliqué Ida Nilsson.
Des échantillons d'urine de 412 athlètes participants à la semaine de l'UTMB en 2017 ont été analysés dans le cadre d'une étude publiée l'année dernière par la revue américaine Medicine & Science in Sports & Exercise. Selon cette étude, 16,3 % des échantillons contenaient une ou plusieurs substances référencées sur la liste des produits interdits par l'AMA à l'époque.