Une seule médaille aux Mondiaux, faut-il s'inquiéter pour l'athlétisme français à deux ans des JO de Paris ?

La sentence était attendue, elle est tombée. En regardant les bilans Mondiaux d’athlétisme savant les championnats du monde de Eugene, on savait que l’équipe de France allait difficilement faire une razzia de médailles. Kevin Mayer était la seule véritable chance de titre, et le Montpelliérain a assumé. Et heureusement car le zéro pointé aurait fait encore plus mal. Tout l’état-major de la Fédération Française d’Athlétisme a retenu fort son souffle lorsque le recordman du monde du décathlon a frôlé le zéro au saut en hauteur et à la perche. Mais malgré cette médaille d’or, le bilan français n’a jamais été aussi pauvre depuis les Mondiaux de Stuttgart en 1993, où les Bleus ne sont montés sur aucun podium.
>> Mondiaux d'athlétisme: les infos en direct
Romain Barras a "retrouvé une équipe de caractère"
Pourtant, pour Romain Barras, le bilan des Bleus "est très positif." Le directeur de l’équipe de France n’avait annoncé aucun objectif comptable et n’a embarqué à Eugene que des potentiels demi-finalistes. Sur ce point, promesse tenu pour presque 100% de la délégation. "J’ai retrouvé une équipe de France avec du caractère, des gens se sont rapprochés des podiums. Après, le sport est aléatoire." La FFA mettra en avant les performances de Wilfried Happio, 4ème à deux centièmes du podium sur 400m haies, Gabriel Tual 6ème du 800m ou encore Quentin Bigot, 4ème du lancer du marteau. "Ces Mondiaux sont une très bonne expérience pour un noyau d’athlètes qu’on veut amener jusqu’à Paris 2024. Et il y a les Europe de Munich qui arrivent. On devra concrétiser la dynamique née ici aux Etats-Unis."
La France comme l’Allemagne, meilleure que la Belgique ou le Nigeria
Au tableau des points (8 pour une 1ère place, 7 pour une 2eme place…. 1 point pour une 8eme place), la France compte 32 points, comme l’Allemagne et devant l’Espagne, la Norvège ou le Nigeria. Romain Barras n’a donc pas tout à fait tort. Un optimisme –béat dirons certains – que ne partage pas tout à fait un des tauliers de l’équipe de France, Renaud Lavillenie. Le perchiste de 35 ans, 5ème de son épreuve avec un joli 5m87, concède un bilan très mitigé. "On a un contexte mondial dur, on voit des records du monde, des records personnels. D’un point de vue tricolore, on a un déficit de médaille c’est sûr. On a des valeurs sûres, sur qui on peut toujours compter. Et certains s’installent comme le petit Gabriel Tual."
Mais l’ancien recordman du monde de la perche regrette la petite délégation tricolore, avec 27 athlètes en individuel. "Une pensée à ces athlètes qui étaient invités par World Athletics, et si c’est le cas, c’est qu’ils ont le niveau. La FFA ne les a pas emmenés, c’est dommage car c’est aux Mondiaux qu’on progresse. Si on veut briller pour le plus bel évènement du monde qu’on accueille à la maison dans deux ans, il ne faut pas avoir peur de faire confiance."
"La France n’a pas assez l’esprit sportif", selon Kevin Mayer
Pour Kevin Mayer, plus que jamais béquille de l’athlétisme national, le problème est de toute façon plus profond et ne se limite pas à l’équipe de France d’athlétisme. "Ce n’est pas quand on fait du sport de haut niveau qu’on crée des médailles. C’est en créant du nombre à la base, en inculquant des valeurs de dépassement de soi aux petits qu’on aura des opportunités d’exploits. La France n’a pas l’esprit sportif, ou si, mais modéré, de plein air. Et ce n’est pas grave, mais si on pense comme cela, il faut prendre les médailles comme un exploit et non un dû." Le champion du monde du décathlon sait donc de quoi il parle, et en tant qu’amoureux de son sport, il retient le positif chez les tricolores. "Quand on qualifie des gens, on regarde leur potentiel. Et sur ce point, les Bleus ont comblé voire dépassé les attentes. Je suis super fier de mon équipe de France."