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Alonso, le phare de Renault

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Quand les éléments se déchaînent, il rassure, réconforte. Le pilote espagnol est l’élément indispensable au renouveau de Renault.

Solide, loyal, imperturbable : à Singapour comme ailleurs, Fernando Alonso est exemplaire. Il se joue avec habileté des questions sur son éventuel départ chez Ferrari l’an prochain ; il motive ses troupes depuis le début du week-end en attribuant à Renault une « force collective » au moment où le Team tout entier subit de plein fouet les conséquences des turpitudes de Briatore, Symonds et Piquet, désormais bannis ; il rassure sur l’épaisseur financière d’une équipe qui a perdu deux de ses sponsors principaux en quelques jours…

Et pour couronner le tout, « Nando » assume sur la piste et joue à merveille son rôle de commandant : 4e en essais libres 1, alors que Romain Grosjean crashait dans le même temps sa monoplace dans le virage 17 (celui-là même où Nelson Piquet s’emplâtrait volontairement l’an dernier !), puis brillant dauphin de Vettel en deuxième session.

Les conditions ne sont pourtant pas faciles. Au-delà de l’aspect mental et des perturbations environnantes, il a fallu s’habituer à un rythme de vie très particulier : se coucher à cinq heures du matin, sortir du lit vers midi. Modifier le rythme alimentaire et penser à s’hydrater pour l’un des rendez-vous les plus exigeants de la saison. Avec des températures dépassant les 30° à deux heures du matin et une humidité avoisinant les 85 %, les facultés psychiques et moteur sont très fortement altérées.

« Je suis content du résultat, expliquait tranquillement Alonso à la sortie des essais libres. Tout le monde a la tête au travail. Ce qui se passe dehors, ça ne compte pas. On a une méthode. On la respecte. C’est ça, notre boulot. » Son sens aigu de l’exigence le rattrape très vite : « Je crois quand même qu’on peut faire mieux. Je ne suis pas tout à fait bien avec l’arrière de la voiture, qui glisse. Et si vous, les journalistes, refaites comme d’habitude, alors ce sera plus facile… »

Derrière le mystère de la formule, l’envie de renouer avec la course pour mieux oublier les journées de tempête vécues par le constructeur français. Fernando Alonso sait qu’il a le potentiel pour amener les journalistes à l’interroger sur les résultats plutôt que sur les scandales et les interrogations. Même Romain Grosjean ne verrait pas d’un mauvais œil que la lumière se braque de nouveau sur le phare. Il sait que le gardien veille.

Guillaume Navarro à Singapour