
Bianchi, au fond de la classe

Jules Bianchi - -
Romain Grosjean, Jean-Eric Vergne, Charles Pic et Jules Bianchi. Sur le papier, le championnat de F1 version 2013 comptera donc quatre Français. Mais en pratique, on risque vite de ne parler que des deux premiers. Voire du troisième. Mais très rarement du petit dernier. Et pour cause. Engagé sur le tard par Marussia, Jules Bianchi, tout proche d’être promu chez Force India avant de se faire souffler la place par Adrian Sutil, aura le bonheur de débuter en F1 au volant d’une voiture, hélas, condamnée à jouer les lanternes rouges. « L’objectif ? Finir le plus de courses possible et engranger de l’expérience. De toute façon, on n’ira pas marquer des points », reconnait le Niçois, conscient que sa MR02 disparaitra vite des écrans radar pour truster rapidement les bas-fonds du classement.
Comme Charles Pic une saison avant lui, Bianchi ne pourra rien espérer de mieux que rouler. Encore rouler. Toujours rouler. « C’est presque un triple challenge, juge Patrick Tambay. Le plus dur commence maintenant pour lui. Charles Pic était l’année dernière 3 secondes et demie plus lent au tour que les autres. » Tout heureux de débuter en F1, Jules Bianchi risque, comme le nouveau pilote Caterham, de se battre contre lui-même, son coéquipier Max Chilton, et, aussi, une certaine forme d’ennui. Un peu comme un élève suffisamment doué pour être surclassé mais incapable par la suite de suivre le rythme de sa nouvelle classe. « L’important est que Jules ait son expérience en F1 et qu’il puisse rouler, rappelle son manager Nicolas Todt. On a sauté sur l’occasion après la déception de ne pas avoir été retenu par Force India. Il est content, motivé, il ne va pas laisser passer sa chance. »
L’exemple d’Alonso
Mais est-ce vraiment une chance de débuter en F1 dans une voiture promise à l’anonymat ? Surtout pour un talent précoce comme Bianchi, champion de France Formule Renault dès sa première saison (2007), champion de Formule 3 Euro Series deux ans plus tard (2009) puis vice-champion World Series by Renault en 2012 ? « C’est toujours plus simple de commencer dans l’équipe la plus compétitive, poursuit Nicolas Todt. Il y a différentes façons d’y arriver. Ce n’est peut-être pas la plus simple. L’histoire montre que beaucoup de pilotes ont débuté dans des petites équipes, comme Fernando Alonso.» L’exemple n’est pas anodin. L’Espagnol avait commencé chez Minardi. Le voilà désormais sous les couleurs de Ferrari, qui a engagé Bianchi… dans sa filière de jeunes pilotes en 2009, convaincu des qualités du Français.
Ce dernier rêve désormais d’épouser la même carrière, d’autant que le baquet de Felipe Massa pourrait bientôt sonner creux et pousser la Scuderia à se tourner vers ses jeunes pépites. Pour cela, il faudra briller. Plus facile pour Sergio Perez, l’autre jeune talent surveillé de près par Ferrari, au volant d’une McLaren cette saison. Plus simple pour Bianchi, s’il avait pu obtenir son baquet chez Force India. Mission carrément impossible avec Marussia. A moins que… « Il faut aussi penser à 2014, juge Patrick Tambay. Pour Marussia, qui utilise actuellement un moteur Cosworth, il est intéressant de lier des relations avec le manager de Jules et Ferrari, pour pouvoir envisager une motorisation Ferrari pour 2014. » A défaut d’avoir la même voiture qu’Alonso, Bianchi pourrait partager avec l’Espagnol le même moteur. Toujours ça de pris…