RMC Sport

Esteban Ocon raconte son retour: "Les gens ont vu que j'étais là, que j'en voulais"

placeholder video
Après une année sans écurie, Esteban Ocon s'est engagé avec Renault à partir de 2020. Le pilote français déborde d'ambition, surtout après tout ce temps passé à ronger son frein en attendant de renouer avec la Formule 1. Les objectifs de Renault, les conseils d'Alain Prost, le plaisir et l'adrénaline de l'asphalte... Esteban Ocon dit tout à RMC Sport.

Esteban Ocon, vous allez rejoindre l'écurie Renault en 2020. Vous allez retrouver la piste, les joies du volant. Qu'est-ce que ça vous fait? Ça y est, le stress a disparu?

Oui, le stress a disparu. C'est vraiment la super nouvelle de cet été, d'avoir un futur sûr avec une équipe comme Renault. C'est quelque chose d'énorme dans ma carrière. Et en plus, pouvoir travailler avec une grande équipe comme Renault, qui a gagné des titres par le passé et qui a pour grande ambition de revenir en top-équipe, c'est juste un super challenge. J'ai vraiment hâte de commencer.

Avez-vous douté, eu peur de ne pas vous retrouver sur la grille en 2020 et de devoir attendre une année de plus?

Bien sûr. Surtout en début d'année, on a peur d'être oublié parce qu'on n'est plus sur la piste. Beaucoup de choses se passent, ce n'est pas forcément facile. C'est clair que j'ai eu cette peur. La solution Renault est arrivée et le challenge m'a plu tout de suite. On s'est bien entendu. J'ai hâte que ça commence.

"Rattraper les équipes devant"

Quelle a été votre stratégie? Dès la fin de la saison dernière, vous nous confiez que vous seriez là sur tous les Grands Prix pour ne pas disparaître. Vous aviez souvent de petits yeux...

Je les ai toujours ! J'ai fait ainsi toute l'année. La voiture à peine démarrée, l'essence à peine dans le réservoir, j'étais tout de suite là. Je pense que c'est aussi ce qui a fait la différence. Les gens ont vu que j'étais là, que j'en voulais, que je ne dormais pas la nuit parce que je restais dans le simulateur, que je volais le samedi... Ça a plu aux patrons de l'équipe. Et puis, ça parle, la Formule 1 est un petit monde. Je suis de retour et je suis content.

Dans quelle mesure allez-vous pouvoir aider Renault à atteindre ses objectifs, qui sont de revenir et de réduire l'écart sur les trois grandes écuries que sont Mercedes, Ferrari et Red Bull?

L'équipe compte sur moi et l'expérience que j'ai pour avoir travaillé ici, avec l'équipe championne du monde (Mercedes, ndlr). J'amène un nouvel air à l'équipe. J'ai pas mal de choses à apporter. Ensemble, on va faire du mieux possible pour rattraper les équipes devant. Il est sûr que Renault a déjà bien progressé. On espère que ça va continuer.

"Je bois les paroles d'Alain Prost"

Alain Prost nous a confié que vous avez beaucoup échangé tous deux, notamment sur la pression liée à ce que peut représenter un pilote français dans une écurie française. Comment abordez-vous ce challenge particulier?

Bien sûr, avec Alain, on a beaucoup discuté au téléphone et en vrai. Il est plein de très bons conseils. Je bois ses paroles. Je pourrais rester des heures à l'écouter. Bon, il n'a pas des heures à me consacrer! (Rires) Il va m'être d'une grande aide pour m'intégrer avec l'équipe Renault. D'un point de vue extérieur, être dans une équipe française en tant que pilote français, plein de choses sont différentes. Mais avec Alain, l'équipe et l'entourage autour, je pense qu'on va très bien s'en sortir.

Dans quelle mesure, alors que vous étiez éloigné des circuits, avez-vous progressé? En combien de temps allez-vous retrouver votre niveau? Car un simulateur, même très performant, ne remplace jamais un casque et une voiture...

C'est sûr que ça ne les remplace pas complètement. Je pense que je vais revenir assez vite parce que je connais toutes les nouveautés des voitures. Je les teste avant même les pilotes, au simulateur. C'est sûr, les simulateurs sont performants, mais ce n'est pas pareil que la piste. Il y a des jours d'essais. Certes, il y en a deux de moins, ce qui n'est pas génial car je n'ai pas roulé depuis un moment. Mais ça suffira pour être prêt à Melbourne.

"Ne plus revivre cette situation"

Vous parlez déjà de l'Australie en 2020. Qu'est-ce que ça vous fait? Quel sera votre étape d'esprit au moment où vous fermerez la visière et où les feux sont s'éteindre?

C'est top ! Je vais faire ce que je veux faire et qui m'a été enlevé l'année dernière. C'est juste super. J'ai hâte de voir ces feux, de pouvoir me lancer et de faire ce que j'aime. J'aime le sport, prendre le départ, rouler dans les plus belles voitures du monde contre les meilleurs pilotes du monde. J'ai hâte de faire ce qui m'a toujours plu et ce dont j'ai toujours rêvé.

Est-ce que ça a été dur de voir rouler les autres pendant un an?

Très, très dur. Mentalement, émotionnellement aussi. C'est sûr qu'arriver fatigué sur les Grands Prix et voir des pilotes qui font des podiums et des victoires, c'est très dur mentalement. On se dit: 'Qu'aurais-je pu faire à leur place ?', 'peut-être aurais-je pu faire podium'... Avec la fatigue en plus, ça n'a pas été simple du tout. Mais ce qui ne tue pas rend plus fort. Ça m'a fait grandir. J'espère ne plus revivre cette situation.

"Rien à effacer ou à brûler"

Est-ce que c'est une deuxième carrière qui s'offre à vous?

Non, ce n'est pas une seconde carrière. Sur le plan sportif, ce que j'avais fait était bon. On ne m'a rien reproché. C'est sûr qu'il y a toujours des choses à améliorer. Il y en a certaines que je compte améliorer. Mais voilà, il n'y a rien à effacer ou à brûler. Je dois me servir de ce qu'il s'est passé et que je le garde pour le futur. C'est ça qui va m'aider.

Quels ont été les mots des autres pilotes?

J'ai reçu quelques messages sympas. Un de Fernando (Alonso), un de Felipe (Massa)... Fernando m'a juste dit bravo. Felipe pareil. 'Bravo, on est content que tu sois de retour'... Rubens Barrichello aussi. C'est super.

Quel sera l'objectif avec Renault l'année prochaine? Un podium au GP de France?

Ce serait le rêve ! On va voir, on va faire les essais correctement, faire la première course pour voir où on en est. L'objectif serait de commencer à titiller les équipes de devant, mais pour l'instant, on n'y est pas.

N.B avec Lucas Vinois