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Grosjean : "Il y a des nuits où on ne dort pas"

Romain Grosjean

Romain Grosjean - AFP

ENTRETIEN RMC SPORT. Romain Grosjean embarque ce week-end pour sa cinquième saison de F1, à bord d’une monoplace bien plus affutée que la saison dernière. A quelques jours du GP d’Australie (15 mars), le pilote Renault, ragaillardi après une saison noire, s’est confié au micro de RMC Sport.

Romain, vous partez moins dans l’inconnu que la saison dernière…

La situation est très différente. On a une voiture qui a été capable de faire des tours en essais hivernaux, une voiture qui obéit bien aux changements de réglages. On a une ambiance dans l’équipe beaucoup plus positive car on a moins de problèmes, donc on se concentre sur des choses qu’on aime, sur le métier de chacun. Donc on démarre avec plus de volonté et dans la recherche de petits détails.

Après certaines mauvaises années des pilotes sont tombés dans l’oubli, est-ce l’année ou jamais pour montrer votre valeur ?

Il y a toujours le risque en F1 d’avoir des années difficiles et de tomber dans l’oubli. Il y a entre 16 et 18 places dans le monde. La situation n’est pas simple. Je pense avoir prouvé ce dont j’étais capable en me battant avec les Red Bull en 2013, en faisant 9 podiums, en étant plus rapide que Kimi Räikkönen en qualifications. Maintenant, c’est vrai que chaque année les compteurs sont remis à zéro et il faut se battre au maximum pour refaire les meilleurs résultats.

La Lotus peut-elle viser des podiums ?

Parler de podiums, c’est trop tôt. Je pense pouvoir dire que je vais parvenir à être en Q3 à certains moments. Etre dans le Top 10, marquer des points, ça va être un premier objectif. Ensuite, ce sera le Top 5 et puis ensuite on pourra rêver de podium, mais il faut monter les marches les unes après les autres.

L’année dernière la voiture avait peu évolué, qu’en sera-t-il cette année ?

Il y a beaucoup de compréhension de ce qu’il s’est passé l’an dernier. On a cette année un gros programme de développement, avec beaucoup de travail fait à l’usine. Ce sont des choses qui vont nous permettre d’amener de nouvelles pièces. L’an dernier, ce n’était pas le cas car on ne comprenait pas la voiture. Dans ce que j’ai vu à l’usine, il y a de gros pas en avant qui sont prévus et assez rapidement.

Y-a-t-il eu des recrutements à l’usine d’Enstone ?

Il y a eu des recrutements à partir de septembre dernier, pour quelques postes importants. Mais la stabilité de 2014 à 2015 nous sert énormément. Entre 2013 et 2014, on a eu beaucoup de départs. Les gens arrivés depuis se sont habitués à leur poste et sont capables de nous offrir les meilleures solutions.

« J’aurais pu gérer ma frustration différemment »

Quand vous allez à l’usine, qui préférez-vous suivre ?

J’ai toujours un immense plaisir à me retrouver dans la soufflerie et dans la partie aérodynamique de l’usine. Si je n’avais pas été pilote, j’aurais fait des études d’ingénieur dans ce domaine. C’est quelque chose qui m’attire depuis des années et en F1, c’est la clé. On voit quelle l’évolution de la voiture. J’aime aussi voir les gens qui arrivent à faire des pièces, des ailerons avec des feuilles de carbone.

Qu’est-ce que vous ne referiez pas ?

L’an passé, j’aurais pu gérer ma frustration un peu différemment. J’aurais pu mieux choisir mes mots. A chaud, ils n’ont pas forcément la bonne signification. Je travaille là-dessus, mais je suis impulsif et c’est ce qui fait aussi ma force sur un tour de qualifications.

Cet hiver, avez-vous pu oublier toutes ces difficultés ?

On n’oublie pas la F1 quand on est pilote. C’est une passion, c’est là 24 heures sur 24. Il y a des nuits où on ne dort pas. Après, c’est qu’aujourd’hui ma vie familiale me permet de couper et quand mon petit bonhomme court vers moi les bras grands ouverts, être premier ou dernier a peu d’importance.

Sur votre casque vous avez une attention pour Jules Bianchi, dans un état critique depuis son accident à Suzuka le 5 octobre…

J’ai le logo de Jules sur mon casque. C’est extrêmement important. C’est toujours difficile de parler de ce qu’il s’est passé. La moindre des choses que je pouvais faire, était de faire en sorte qu’il soit avec nous, là où il a sa place. Je l’ai mis au plus haut de mon casque, car la plus haute marche du podium est ce qu’il aimait par-dessus tout. C’est une façon de lui dire « allez, bats-toi ! ».

la rédaction avec AA