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Grosjean : « Le jour où j’ai peur, j’arrête »

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La F1 fait étape en Allemagne ce week-end, sur le circuit d’Hockenheim. Le pilote français Romain Grosjean, qui vit une saison compliquée avec Lotus, espère pouvoir faire un coup. Mais sans grande conviction.

Romain, vous n'avez pas couru en Allemagne depuis deux ans. Est-ce un inconvénient ?

Effectivement, ça fait deux ans qu’on n’a pas couru sur ce circuit en F1. Maintenant, c’est un circuit que je connais parce que j’y ai couru pendant pas mal d’années : la première fois que j’ai couru ici, ça devait être en 2003. J’y ai de bons et de moins bons souvenirs. De manière générale, c’est un circuit qui allie l’ancien et le nouveau, avec deux nouveaux virages, ce qui est plutôt sympa.

Ce circuit peut-il convenir à la Lotus ?

Difficile de répondre puisqu’il y a eu un gros changement de réglementation cette semaine : on a perdu les suspensions interconnectées avant et arrière. Les voitures vont devoir pas mal changer par rapport à ce dont on avait l’habitude et c’est difficile de savoir qui a perdu du temps au tour avec ce changement. Ce qui va changer, c’est la distance entre le sol et le fond plat : plus cette distance est petite, plus la voiture génère d’appui aérodynamique. Avec la perte de suspension, on ne peut pas rouler aussi bas qu’avant.

Vous n'avez pas participé aux essais privés à Silverstone, entre les deux Grands Prix : est-ce un handicap ?

Oui parce c’est un sport où on passe assez peu de temps dans la voiture. Or plus on peut rouler, plus on peut comprendre de choses. C’était une demande de l’écurie. Il faudra s’adapter mais si je pouvais rouler une fois par semaine, je prendrais !

Le passage du grand soleil à la pluie annoncé entre les essais et la course est-il compliqué à gérer ?

Effectivement, ce n’est pas une situation simple. L’an dernier, j’aurais dit que c’était loin d’être idéal parce qu’on avait une voiture extrêmement performante et qu’on pouvait se battre pour le podium. Cette année, ce n’est pas vraiment le cas donc si la météo vient jouer, ça peut créer des opportunités pour nous.

Vous avez confié avoir trouvé un truc pour conduire cette voiture. Quel est-il ?

C’est un peu compliqué à expliquer. C’est toujours du ressenti. On a pas mal travaillé sur le système de freinage, une chose à laquelle je suis assez sensible.

Quel regard portez-vous sur le duel entre les deux pilotes Mercedes, Rosberg et Hamilton ?

Ça fait un moment qu’ils jouent chacun leur carte. Le premier concurrent qu’on a en Formule 1, c’est son coéquipier parce qu’il dispose du même matériel. Maintenant, quand on est aux deux premières places du championnat, avec un tel avantage technique, les choses sont encore plus claires. Personne ne peut s’intercaler entre les deux en termes de performance donc c’est difficile de les départager. Mais ça donne de belles courses et de belles bagarres. 

Comment peut-on passer d'amis à rivaux ?

Plus on avance plus les enjeux sont importants et plus l’amitié est compliquée. Il y a un jeu psychologique qui s’installe assez rapidement et il ne faut pas rentrer dans le jeu de l’autre. Sinon, on risque d’y laisser pas mal de plumes.

Lors de l'accident de Kimi Raïkkönen, vous aviez reçu un petit objet sur la visière. De quoi créer une appréhension ?

Non. Quand on est pilote, on est conscient du risque et que ça reste un sport dangereux. Et quand on est dans la voiture, on n’y pense pas : quand je roule, je ne vais pas me dire ‘’attention c’est dangereux’’. Je pense que le jour où je commence à avoir peur, j’arrête.

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Propos recueillis par A.A. à Hockenheim