Le paddock salue « Schumi »

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« J’aimerais maintenant me concentrer sur mes six dernières courses et en profiter avec vous. » Au bord des larmes, Michael Schumacher a à peine le temps de prononcer ses dernières paroles que des applaudissements retentissent déjà dans l’hospitalité Mercedes, le QG de l'écurie allemande durant ce Grand Prix. Puis, c’est par une émouvante standing ovation que les journalistes rendent hommage au futur retraité. Après 18 années passées sur les circuits de F1 et sept titres de champion du monde -le record absolu- (1994, 1995, 2000, 2001, 2002, 2003 et 2004), l’Allemand tire sa révérence. Et c’est peu dire qu’il a marqué les esprits.
« Il a fait des choses extraordinaires avec Ferrari, confie le pilote français Romain Grosjean. Il a peut-être vécu une deuxième partie de carrière plus compliquée, mais je me suis quand même bien bagarré avec lui. Et quand on l’a dans le rétroviseur, ça reste Michael Schumacher ! »
Jean-Eric Vergne avait à peine un an quand « Schumi » faisait ses débuts en F1 chez Jordan-Benneton, en 1991. Pour lui aussi, une page se tourne. « C’était un héros de jeunesse. Avoir roulé avec lui restera gravé à jamais dans ma mémoire. » Et tant pis si l’Allemand l’a privé de point il y 15 jours au GP de Singapour : « Dans quelques semaines, je serai très fier de dire à tout le monde que je me suis fait rentrer dedans par Schumacher », rigole Vergne.
Vergne « Fier de m’être fait rentrer dedans par Schumacher »
Quadruple champion du monde, Alain Prost a connu « Schumi » à ses débuts. Le Français se souvient d’un passionné. « Il n’y a que derrière un volant qu’il se sent bien. Il représente la passion à l’état pur. C’est à mettre à son crédit. » Une passion qui l’a parfois poussé à prendre des risques insensés, quitte à se mettre à dos une partie du paddock.
L’image d’un champion froid voire glacial lui a également souvent collé à la peau. Pour Patrick Tambay, elle a carrément nuit à sa carrière en dépit d’un palmarès inégalé : « Personnellement, je ne place pas Schumacher devant des pilotes comme Ayrton Senna, Juan Manuel Fangio ou Gilles Villeneuve qui aurait mérité d’être champion du monde. Il lui manquait plus de correction, de fair-play et d’ouverture vers le monde de la F1. C’est ce qu’il essayait d’obtenir quand il est revenu (en 2010). Chez Mercedes, il s’est bonifié. J’ai préféré le Michael Schumacher, version 2. »
Vettel, l’héritier de Schumi
Ce côté distant et dur souvent pointé du doigt, Olivier Panis ne l’a jamais vraiment perçu. Au contraire. « Je me souviens des qualifications annulées, ici, au Japon, à cause d’un typhon, raconte l’ex-pilote Ligier. Eh bien ! c’est Michael qui a réuni tous les pilotes et les mécanos pour faire un foot en indoor. Il avait tout organisé. »
Son équipier et compatriote chez Mercedes, Nico Rosberg souligne de son côté l’altruisme d’un champion. « On a appris l’un de l’autre. » « Son départ est une grosse perte pour la F1 », estime enfin Sebastian Vettel, qu’on a longtemps considéré comme son héritier. Un héritage lourd à porter.