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Jules Bianchi est pour l'instant le Français le plus proche d'obtenir un baquet en F1

Jules Bianchi est pour l'instant le Français le plus proche d'obtenir un baquet en F1 - -

Alors que la saison de F1 débute ce week-end avec le Grand Prix de Bahreïn, le championnat ne comptera pas le moindre coureur tricolore titulaire. Une mauvaise habitude depuis 2005.

Comme le dit Sébastien Bourdais, dernier Français au départ d’une saison de championnat en 2009, « les coureurs français vont connaître une saison blanche ». Bis repetita après les éditions 2005, 2006 et 2007. Exit Romain Grosjean, envoyé au feu par Renault la saison dernière après le départ de Nelson Piquet Jr. Le Franco-Suisse, pourtant issu de la filière de détection de pilotes de la marque au losange, n’a pas convaincu. Pas plus que Bourdais chez Toro-Rosso en 2008 et 2009 ou Franck Montagny, intérimaire chez Super Aguri en 2006. Les Frenchies, qui surfaient sur la vague dans les années 80, avec René Arnoux, Jacques Laffite, Alain Prost et Patrick Tambay, ne sont plus à la fête. « C’est uniquement une question d’argent, tempête Tambay. Être bon n’est plus qu’une valeur ajoutée. L’essentiel est de ramener de l’argent. La tendance est encore plus exacerbée avec la crise. »

En difficulté depuis son doublé en 2005 et 2006, Renault en est la parfaite illustration. En sacrifiant Grosjean, la marque française s’est assise sur sa filière de formation. A l’inverse, ce sont deux pilotes issus de marchés stratégiques pour les ventes du constructeur qui ont été recrutés : le Polonais Robert Kubica et le Russe Vitaly Petrov. Ce dernier a fait entrer Lada dans le budget de Renault F1. Pour Bourdais, qui a tant ramé pour retrouver un baquet en 2009, les coureurs français sont jugés trop peu « bankable » : « On n’est plus une économie émergente, on n’est pas les mieux placés en Europe pour arriver avec des budgets. »

Les instances de la F1 ayant décrété que l’avenir de la discipline s’écrivait à l’Est, on a vu débarquer cette saison un pilote indien, Karun Chandhok (Hispania Racing Team, HRT), deux ans après l’arrivée dans le paddock de l’écurie Force India, détenue par l’homme d’affaires Vijay Mallya. En toile de fond, la tenue d’un Grand Prix en Inde en 2011. Alors que les Russes font aussi le forcing pour être sur la carte mondiale de la F1, le championnat passera cette année pour la première fois en Corée du Sud.

Alors que manque-t-il à la France pour peser de nouveau en F1, à l’instar de nos voisins allemand et anglais ? « De grands investisseurs, comme Virgin en Angleterre ou Elf dans les années 70, assure Tambay. Mais les sports mécaniques ne sont pas politiquement corrects chez nous. »

La rédaction - Louis Chenaille