Prost : « On avait touché le fond »

Alain Prost - -
Alain Prost, quel regard portez-vous sur ce Grand Prix mythique qu’est Monaco?
C’est une course magique, elle est à part et le cadre est idyllique. Ça me parait même incroyable qu’on ait pu conserver ce Grand Prix depuis plus de 50 ans. Les voitures ont évolué, ça va de plus en plus vite mais ça reste un des Grands Prix les plus sûrs du monde. La sécurité et les commissaires de piste sont incroyables. Ça prouve que quand les choses sont bien faites et qu’elles évoluent dans le temps, on peut réaliser ce genre de choses. C’est aussi le Grand Prix le plus médiatisé au monde. Pour n’importe quel pilote ou constructeur qui gagne à Monaco, c’est la course la plus importante de l’année.
Certains pilotes disent qu’une victoire sur le Rocher représente autant qu’un titre de champion du monde.
Non, je pense qu’un titre est plus important. Après, dans les 15-20 courses que compte le calendrier, c’est un rendez-vous complètement à part. Une victoire à Monaco pour un pilote, c’est celle qui vous amène le plus loin. Mais le titre reste le titre.
Quel conseil donneriez-vous aux trois Français qui débutent à Monaco au volant d’une F1 ?
Ça m’arrive de donner des conseils mais ce n’est pas facile, chacun voit les choses différemment. Ce qui est sûr, c’est que Monaco dure 4 jours contrairement aux autres Grands Prix. Il y a plus de sollicitations, ne serait-ce que se déplacer dans les rues, c’est plus difficile. C’est fatiguant et en même temps, il faut une concentration exacerbée par rapport aux autres courses. Il faut vraiment aborder le jeudi d’une manière différente et monter en puissance pour arriver au top physiquement, mentalement et moralement en qualifications. C’est un exercice qui demande des qualités de précisions plus importantes qu’ailleurs. Monaco, ce n’est vraiment pas évident.
Quel Français a la meilleure chance de monter sur la première marche du podium cette saison ?
A court terme, c’est bien évidemment Romain (Grosjean sur Lotus, ndlr) car il a la meilleure voiture. Peut-être même la meilleure du plateau. Sur le moyen-long terme, personne ne peut prédire. Jean-Eric Vergne (Toro Rosso) apprend très bien et sur un circuit comme Monaco avec la voiture qu’il a, il peut faire un bon coup. Ce n’est pas du tout impossible. Pour Charles Pic (Marussia), c’est difficile d’espérer quelques choses. Mais s’il doit faire un résultat, c’est à Monaco sur ce tracé atypique.
Avec trois pilotes de F1 et le possible retour d’un Grand Prix, la France est de retour au premier plan dans le monde de la F1. Comment jugez-vous cette évolution ?
On a touché le fond il n’y a pas longtemps. C’était la fin d’un cycle. Cette année, il y a des Français et le spectacle télévisuel attire les gens vers un show. En ce qui concerne le Grand Prix de France, je ne sais pas ce qu’il va se passer puisque je me suis retiré des discussions après la décision de ne pas avoir organisé un Grand Prix autour de Paris. Ce qui était une hérésie alors que tout était prêt. Il n’y a pas eu la volonté de faire quelque chose pour la F1. Au contraire, ce n’était même pas bien vu d’un point de vue écologique.
Est-ce important d’assister à un nouvel engouement au niveau de la F1 en France ?
Bien sûr. Aujourd’hui, on parle d’économie et le sport automobile en fait partie. Je suis de ceux qui pensent que c’est ridicule de dire « ça, ça ne sert à rien ». Tout est important, mais de là à dire qu’on ne veut plus entendre parler de sport automobile… L’industrie automobile représente des millions d’emplois. Sans parler des victoires de Renault tous les dimanches et de la renommée que ça apporte. Moi, je dis que c’est important et je crois que le message ne passe pas assez.