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Schumacher, un mois après

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En soins intensifs au CHU de Grenoble depuis le 29 décembre, date de son accident de ski à Méribel, Michael Schumacher reste plongé dans un coma artificiel. Et plus le temps passe, plus les séquelles pourraient être terribles.

Les préoccupations sur son état de santé quittent peu à peu le radar médiatique permanent. Mais elles restent prégnantes. Accidenté en ski à Méribel le 29 décembre, Michael Schumacher se trouve depuis en soins intensifs au service de neurochirurgie du CHU de Grenoble. Plongé dans un coma artificiel. Les informations sur son évolution ? Rares. La porte-parole du septuple champion du monde de F1, Sabine Kehm, se borne à évoquer le dernier bulletin , du 17 janvier, qui qualifiait son état de « stable ». Si les conclusions de l'enquête judiciaire sur l'accident ne seront pas communiquées avant mi-février, la dernière tendance excluant toute responsabilité extérieure sur un plan pénal, les interrogations sur la santé du champion se multiplient.

Avec en premier lieu celle autour du cap des trois semaines, désormais dépassé, au-delà duquel les craintes d’un décès s’amenuisent. « Plus le temps passe, moins le pronostic vital lié aux lésions initiales est engagé, explique Patrick Mertens, chef du service de neurologie du CHU de Lyon, qui évoque un cas général en l’absence des données médicales exactes de Schumacher. Mais même s’il n’est plus engagé de manière aigue, tant qu’un patient se trouve sous ventilation artificielle, des complications peuvent survenir dans des tas de domaines, respiratoire, cardiovasculaire, viscérale, infectieuse, et impacter l’espérance de vie. »

« A deux mois sans amélioration, l'inquiétude sur la récupération sera majeure »

Le curseur oscille entre bonne et mauvaise nouvelle. Car au-delà de ce cap des trois semaines, complications et séquelles peuvent se multiplier en absence de réveil, comme c’est le cas pour l’Allemand. « Les équipes de réanimation font des tests de réveil réguliers, s’ils sont possibles, pour juger de l’état neurologique du patient, indique Mertens. On peut alors avoir quelques indications sur l’évolution potentielle. On regarde aussi l’état général, respiratoire, cardiovasculaire, infectieux, toutes les choses qui peuvent motiver de le maintenir sous ventilation artificielle. Mais plus le temps passe et plus les capacités de récupération sont affectées. »

Pas indemne quoi qu’il arrive, « Schumi » ? Tout pousse à le croire. « Si on assiste à un réveil, il faudra probablement de nombreux mois, voire un an ou plus, en centre spécialisé, pour optimiser toutes les fonctions, juge Patrick Mertens. On assiste à des récupérations plus ou moins complètes. Plus le réveil tarde, plus on peut imaginer une récupération longue et des séquelles importantes. » Le prochain écueil semble se situer dans un mois. « Ces délais peuvent varier en fonction de chaque patient, précise Mertens. Mais si on arrive à deux mois et qu’il n’y a pas d’amélioration, l’inquiétude sur les capacités de récupération sera majeure. »

« Deux à trois mois pour qu'un hématome se résorbe »

En attendant, le travail médical continue. « Normalement, à un mois, on est toujours en phase de résorption des hématomes et de cicatrisation, précise Patrick Mertens. Ça prend deux à trois mois pour qu’un hématome se résorbe complétement. Il faut surtout espérer qu’il y ait une phase de récupération et de plasticité cérébrale, c’est-à-dire de réorganisation des circuits cérébraux qui permettent de compenser les déficiences liées au tissu cérébral abimé. C’est une phase qui peut s’étendre sur plusieurs mois. Plus le temps passe, plus on peut s’inquiéter sur ce plan mais ce n’est pas non plus rédhibitoire. Il faut se donner du temps. » Un allié tout autant qu’un ennemi dans le combat de Michael Schumacher.

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A.H. avec Vincent Delzescaux