Stewart : « Le sport s’est développé de façon fantastique »

Jackie Stewart et Sebastian Vettel - -
Jackie, que pensez-vous de la sortie de ce film, tourné il y a quarante ans ?
Roman (Polanski) est l’un des meilleurs réalisateurs au monde. Il est tellement créatif, quand on faisait le film, il filmait presque tout, seul ! Il prenait le petit déjeuner avec moi chaque matin, on ne se quittait jamais jusqu’à l’heure de se coucher. C’est un grand technicien. Sortir un film 40 ans après son tournage, ça n’arrive pas souvent… Ça a été une belle expérience, je suis très flatté, pour Roman et moi, que la première soit lors de la grande nuit de Cannes. Et puis, ce sport grandit. Je pense que les gens seront plus intéressés par ce film aujourd’hui, parce qu’ils pourront comparer.
Quel souvenir gardez-vous de ce GP de Monaco 1971 ?
C’était une belle course. J’avais la pole position, et gagné la course avec deux détachements de roues, ce n’est pas facile. C’était vraiment l’une de mes plus belles courses, et une bonne année : j’ai gagné le championnat du monde, et Monaco. Mais j’étais très fatigué, j’avais la mononucléose. J’étais dégoûté ! Cette année-là, je suis allé en Amérique 43 fois… J’étais complétement épuisé.
Dans ce film, vous dites aussi qu’à l’époque vous ne saviez ni lire, ni écrire…
Je suis dyslexique. Mais Steven Spielberg est dyslexique, George Lucas est dyslexique, Einstein était dyslexique, Leonard de Vinci était aussi dyslexique ! Mes années d’école ont été les pires de ma vie. Personne ne comprenait ce que j’avais. Ensuite dans le paddock, personne n’était au courant, même ma femme ne le savait pas ! J’étais très embarrassé à l’idée de dire que je ne pouvais ni lire, ni écrire. Aujourd’hui, ça ne me gène plus.
Malgré les changements technologiques qui ont bouleversé le monde de la Formule 1, y a-t-il certains aspects qui ne changeront jamais ?
Le sport s’est développé de façon fantastique, la technologie avance très vite. Elle a changé, mais l’animal n’a pas changé. Le pilote que vous voyez dans le film n’est pas différent d’Alonso, de Vettel, de Webber ou Räikkönen... Nous sommes les mêmes animaux. Le changement technologique ne s’est pas seulement opéré entre 1971 et 2013. Si vous continuez à rembobiner le film, jusqu’aux années 1920-30 et leurs pilotes, ces animaux étaient les mêmes que nous.
L’an dernier vous aviez proposé votre aide à Romain Grosjean…
J’ai passé un peu de temps avec lui. Quel que soit votre métier, vous avez reçu un don pour faire ce que vous faites. Si vous acceptez un don, mais que vous ne le développez pas, vous serez là, vous serez peut-être bon, mais vous pourriez être meilleur. Si vous l’amenez au meilleur niveau, voilà la différence entre les réellement talentueux, et ceux qui sont juste bons. Il faut développer et polir votre talent. Il faut développer, perfectionner ce don. J’espère l’avoir fait.
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