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Hopkins, « Renaissance Man »

John Hopkins

John Hopkins - -

Après de belles années dans la discipline, John Hopkins a connu l’enfer et a bien failli ne plus jamais revenir sur une moto. Il devait effectuer, à Brno, sa seconde pige de la saison avec Suzuki. Avant de chuter samedi lors des essais libres. Témoignage.

A 28 ans, John Hopkins a presque tout connu. De la gloire à l’alcool en passant par la dépression, l’Américain est un pilote au destin hors normes. Et au moment de retrouver la MotoGP à la faveur d’une deuxième pige chez Suzuki (après le GP d’Espagne en avril), ce week-end en République tchèque (il ne participera finalement pas à la course après s'être fracturé la deuxième phalange de l’annulaire de la main droite suite à une chute lors des essais libres ce samedi), le Californien n’oublie pas ses addictions passées : « Toute ma vie, je n’ai pensé qu’à faire la fête. Et moi, quand je bois de l’alcool, je dois en boire beaucoup. Jamais deux ou trois verres. Je bois au maximum. Avant 2008, je le vivais bien. Je me disais que je célébrais les moments de la vie et de la course. Mais quand ma vie est devenue un enfer, je buvais vraiment beaucoup. Là, tout a vraiment mal tourné dans ma vie. »

Le pire est à venir. Celui que le monde de la moto surnomme alors « Hopper » (jeu de mots avec « l’espoir » en anglais) touche le fond peu de temps après. John raconte : « A un certain moment, je suis passé par une phase très noire. J’étais dans une sorte d’univers très sombre dans mon existence. Ma relation avec ma famille était très mauvaise, ma carrière était en train de se terminer. J’assistais impuissant à ce naufrage alors que j’avais terminé 4e du championnat en MotoGP (en 2007, ndlr). En un an et demi, je n’avais plus rien. J’avais perdu toute ma vie. Au-delà la souffrance physique, je buvais surtout pour ne plus subir la souffrance mentale. Je me voyais comme un looser ».

« Je pensais devenir SDF »

Le déclic se produit à la fin de l’année 2009. Flash-back. « C’était difficile mais j’ai réussi, se souvient Hopkins. Il faut comprendre que j’en étais au point ultime. Je ne voyais aucune lumière au bout de ce tunnel, je pensais bien devenir SDF et sans aucun lien familial et cela m’a vraiment fait peur. Tout le monde autour de moi m’avait pourtant donné des signes mais je ne voulais pas écouter et on m’a naturellement délaissé ». A l’heure de retrouver son sport en République Tchèque, John ne cachait pas son envie de bien faire : « Avoir la possibilité de rouler ici, à Brno, est très important pour moi. Après tout ce qui s’est passé, je sens que j’ai une deuxième grande opportunité qui m’est offerte. C’est comme une seconde chance. Je veux me donner à 100%. » Et tourner définitivement la page de ses années noires. Malheureusement pour lui, une vilaine fracture du doigt lors de la dernière séance d'essais libres, a coupé court à ses rêves.