Rossi se fait un prénom

Louis Rossi - -
Il voulait du soleil, une piste sèche. Il a eu droit à des trombes d’eau, un asphalte détrempé. Louis Rossi aurait pu être fâché avec la météo. Il remerciera pendant longtemps les gros nuages qui ont bouleversé le Grand Prix de France de Moto 3 ce dimanche au Mans. Quinzième sur la grille de départ, le Manceau de naissance, axonais d’adoption, a vu quatre leaders tomber successivement devant lui. Et au bout d’une course d’acrobate sur sa Honda, c’est bien la Marseillaise qu’a pu faire retentir Louis Rossi, dont le meilleur résultat était jusque-là une 9e place. La première dans la Sarthe depuis Mike Di Meglio en 2008.
« Au moment où je suis passé en tête, il s’est passé un truc marrant, explique-t-il. J’étais tout excité. J’avais vraiment envie de bien faire. Il m’a fallu la ligne droite pour me reconcentrer. C’était important de garder la tête sur les épaules. Je savais que ça allait être une course très longue. » Comme le week-end l’a été. « En amont, j’ai travaillé pour recevoir 80 partenaires. C’était énorme. J’avais 12 de mes amis qui étaient venus pour m’aider. » Piloter et gérer une carrière. Louis Rossi s’accroche pour concilier les deux.
« Une carrière, on la construit sur le sec »
« Je sais d’où il arrive, confirme Mike Di Meglio, contraint à l’abandon en Moto 2. Au début, il était tout seul pour faire la mécanique, pour faire chauffer sa moto. Je suis vraiment très heureux pour lui. J’étais au bord de la piste, je l’encourageais à chaque tour. J’avais les larmes aux yeux. Ça m’a rappelé des souvenirs. Il a fait une course de patron. » Et c’est toute la moto français qui a salué sa victoire, superbe récompense après cinq ans d’efforts en 125cc ou Moto 3, la plus petite catégorie du championnat du monde.
« C’est fantastique, estime Hervé Poncharal, patron de l’équipe française Tech 3 en Moto 2 et MotoGP. Quand on voit le nombre de spectateurs qui ont bravé les conditions météo, quoi de plus beau qu’une Marseillaise ? C’est génial. C’est un super pilote. Il fait un travail énorme pour monter sa petite structure. Il tient tout à bout de bras. » Et son premier succès ne va pas l’amener à changer de méthode. « Une carrière, on la construit sur le sec, maintient Louis Rossi. Ça reste une victoire dans des conditions particulières. » A 22 ans, tous les honneurs sont quand même bons à prendre.