Monte-Carlo : les raisons du retour de Loeb

Sébastien Loeb (Citroën) - AFP
Simple envie ? Virus qui le reprend ? Coup de publicité pour la marque ? Les conjectures allaient bon train – bonne voiture, plutôt – depuis l’annonce du retour de Sébastien Loeb à ses premières amours avec une participation au Monte-Carlo 2015. On en sait désormais un peu plus. Et chacune des hypothèses citées forme une partie de la solution. Le rallye, Loeb ne l’a jamais oublié. Sa dernière saison complète remonte à 2012, ses dernières spéciales à 2013. Mais quand on est nonuple champion du monde, passage sur circuit ou pas, le virus ne vous quitte jamais vraiment. « Les sensations dans la voiture, c’est quelque chose qu’on ne retrouve pas ailleurs, précise l’intéressé. La glisse, le pilotage au feeling, au naturel, c’est quelque chose de différent. Remonter dans une WRC est sympa, c’est une voiture plaisante. » L’envie le titillait. De plus en plus.
L’an dernier, il avait déjà émis le souhait de prendre part au rallye d’Alsace, chez lui, mais son calendrier dans le championnat WTCC avait empêché la chose. L’idée n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd du côté de la marque aux chevrons. Yves Matton, directeur de Citröen Racing, l’a juste adaptée pour en parler à Loeb. Au programme ? Un rallye, donc, mais pas n’importe lequel. Le légendaire Monte-Carlo, dont l’Alsacien détient le record de victoires avec sept succès, et ses caractéristiques parfaites pour un retour de Loeb : des dates tôt dans l’année, pour éviter les conflits de calendrier avec ses nouvelles activités, et un terrain à sa guise. « Je ne l’aurais pas forcément fait sur un autre rallye », confirme le pilote français. En souriant, Matton confie qu’il n’a pas eu besoin de beaucoup insister pour convaincre le garçon…
Loeb meilleur temps du shakedown
L’idée ? Réaliser un « coup marketing » dans le cadre du lancement de DS, la marque premium de Citroën, avec une DS3 pilotée par son plus célèbre représentant. Que Loeb gagne ou pas, coup de pub garanti. La main tendue vers une salle de presse de Citroën comble, ce qui n’était pas le cas l’an dernier, Matton n’est pas peu fier de sa réussite : « On a déjà fait une bonne partie du boulot avec le buzz et les retombées qu’on a eues. Un bon résultat ? Ce serait la cerise sur le gâteau. » Et le directeur de Citroën Racing de préciser, tout de même, qu’il a nominé Loeb comme l’un des deux pilotes qui pourront marquer des points en vue du championnat constructeurs. La preuve d’un gage de confiance évident. Normal vu le CV du bonhomme. Officiellement, il s’agit donc d’une pige pour aider Citroën – qui n’a rien gagné l’an dernier et a un déficit d’image à combler – et pour prendre du plaisir.
Du plaisir ? Oui. Mais pas que. Ni âme de VRP ni conducteur du dimanche, Loeb reste un champion. Motivé. Un rallye sans jouer les premières places pourrait nuire à une image à laquelle il fait très attention. « Quand on est un compétiteur, on essaie de faire les choses bien », glisse avec malice celui qui a réalisé… le meilleur temps du shakedown (spéciale d’essai) ce mercredi. Selon les journalistes spécialisés, il garde même le potentiel pour gagner. Tout simplement. Pour cela, il faudra bien sûr écarter le danger Sébastien Ogier. Double champion du monde en titre, l’ancien rival de Loeb a pris la suite sur le trône du dominateur de la discipline. Vu leurs trajectoires, croisées sans être entremêlées, que l’un ou l’autre prenne l’avantage ce week-end ne voudra pas dire grand-chose. Mais le spectacle s’annonce passionnant. « Ça ne change vraiment pas mon approche, confie Ogier. C’est un concurrent en plus très sérieux, comme il l’a toujours été. S’il y a une belle bagarre entre nous, ce sera tant mieux pour tout le monde ! » Reste à savoir : alors, simple one shot ? Loeb répond oui avec un sourire : « Je ne fais qu’une course, ce n’est pas un retour mais un passage. On me l’a proposé et je me suis dit que ça pouvait être sympa. »