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Rallyes : la sécurité en question

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Au lendemain du rallye des Maures qui a fait 2 morts et 19 blessés, le manque de sécurité est pointé du doigt. La ministre des Sports, Valérie Fourneyron, s’est emparé du dossier tandis que le parquet de Draguignan a ouvert une enquête.

« Des gens ont volé. Il y a eu un grand bruit. Et ensuite, des cris. » Pauline est encore sous le choc. A la main, sa petite caméra portable qui a enregistré l’embardée de Yann Buron, samedi à Plan-de-la-Tour, dans le Var, lors du 14e rallye régional des Maures. Une sortie de route terrible qui a causé la mort de 2 personnes (un commissaire de course de 51 ans et un jeune spectateur de 20 ans) et l’hospitalisation de 19 autres, dont 5 dans un état grave. Mais après l’émotion, voici l’heure des interrogations. Comment expliquer l’accident de ce pilote de rallye d’une quarantaine d’années, certes pas professionnel, mais jugé expérimenté ?

L’hypothèse d’une défaillance humaine -une erreur d’itinéraire- a vite été écartée. « Vu la vitesse à laquelle il est arrivé sur ce carrefour, je pense que c’était un problème mécanique », estime le vice-champion du monde WRC 1993, François Delecour, venu en spectateur avec ses petits-enfants. Avant de lâcher, fataliste : « Cet accident, c’est un concours de circonstances énorme avec des gens qui n’imaginaient pas qu’une voiture folle puisse arriver à cette vitesse-là et qui se sentaient en sécurité. » Mais l’étaient-ils vraiment ? Un spectateur laisse planer le doute. « Il y avait une banderole « interdit au public ». Malgré les gendarmes, les gens n’ont pas bougé. Ils n’avaient donc rien à faire là. »

« Pas de risque zéro »

Désireux d’être au plus près de l’événement, ces spectateurs n’auraient donc pas respecté toutes les règles de sécurité en vigueur, qui se résument à des rubans blancs et rouges pour délimiter les portions dangereuses et à une charte du spectateur responsable, invitant le public à « éviter les zones interdites », « les sorties de virage » et « à privilégier les endroits en surplomb. » « On a mis en place des normes de sécurité extrêmement rigides sur le positionnement du public, défend le quadruple champion de France des rallyes, Bernard Béguin, responsable de la commission des rallyes à la FFSA. Mais on ne s’approchera jamais du risque zéro. Il n’existe pas. Mais on peut encore progresser. »

C’est la volonté de Valérie Fourneyron, qui a prévu de traiter ce dossier en concertation avec le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et le président de la FFSA, Nicolas Deschaux. « Je souhaite un travail de fond sur la sécurisation des manifestations automobiles », a déclaré la ministre des Sports, Valérie Fourneyron, ce dimanche à Bercy, où elle assistait aux finales de la Coupe de France de basket. Il n'est pas question de prendre des mesures brutales, intempestives, dans l'émotion, mais de prendre le temps d'avoir un moment de travail. » En attendant, l’enquête, ouverte par le parquet de Draguignan dans la foulée de l’accident, déterminera bientôt la nature exacte des faits. C’est dans ce cadre que Yann Buron et son co-pilote ont été placés ce dimanche en garde à vue à la compagnie de gendarmerie de Gassin-Saint-Tropez.