Collet : « Perdre serait une déchirure »

Vincent Collet - -
Vincent Collet, comment éviter que les joueurs pensent trop à l'Espagne ? Sur quels exemples pouvez-vous appuyer ?
Il faut toujours savourer un peu. Ce n’est pas hier (vendredi, ndlr) qu’il fallait le faire. Pour moi, dans notre sport, le plus bel exemple est en 2006 quand les Grecs battent les Américains. Au tour suivant, ils n’existent pas contre les Espagnols privés de Pau Gasol. Ils ne se sont pas remis de cette victoire fantastique. Ça existe aussi dans le sport français. Nos amis rugbymen à Cardiff en 2007 réalisent un exploit monumental contre les Blacks. Derrière, ils laissent du jus et perdent contre les Anglais. Dans ces cas-là, le danger est la perte d’agressivité. Ce serait rédhibitoire. Le problème des grandes victoires c’est que ça rassure, met dans un état de confort. Mais ce n’est pas ce qui nous fait gagner. Il faut se dire que le match du lendemain est encore plus important.
Comment allez-vous aborder cette finale alors qu'il y a deux ans, votre équipe a été submergée par l'émotion ?
On ne pouvait pas se le reprocher. L’objectif olympique était tellement fort. Ça représentait déjà une victoire. Là, en l’occurrence, on sait que la compétition n’est pas terminée. Le fait de battre l’Espagne (en demi-finales, ndlr) rend la victoire plus belle, mais on sent qu’il reste des choses à faire. Surtout que la Lituanie est une très belle équipe. L’objectif est d’aller au bout. Il faut un très gros match. Ce n’est pas comme si la route était dégagée. Il faut un nouvel exploit pour aller au bout.
On a senti que vous faisiez plus d'interventions. Avez-vous le sentiment d'avoir plus de travail ?
En 2011, on avait fait un Euro avec une vraie régularité. En étant presque dominateurs jusqu’à la finale. Au niveau du jeu, on avait un meilleur niveau global. Cette année, si on devait réussir, il fallait réussir par réalisme. Il y a beaucoup de choses qui ne vont pas, mais, a contrario, on a pris de l’expérience et cette capacité à ne pas s’affoler. Et comme toutes les grandes équipes, on a la chance d’avoir un leader au-dessus du lot. Sur les deux derniers matchs, Tony (Parker) a encore montré qu’il était le meilleur meneur européen du moment et peut-être de tous les temps. En tout cas pas loin.
« Un rendez-vous avec l'histoire »
Et que dire aux jeunes qui joueront leur première finale ?
On ne leur dit pas la même chose à tous. Je le fais tout le temps. En club aussi. Les entretiens individuels sont permanents. Pour certains, c’est pour les rassurer. D’autres, ce sont pour des consignes précises. C’est très variable. Ça fait partie du métier. Tout simplement.
Que représente cette finale pour le basket français ?
Quoi qu’il arrive, deux fois en deux ans, c’est vraiment une excellente chose. Quand on l’a fait la première fois, j’avais dit qu’il ne fallait pas que ce soit un coup d’épée dans l’eau. Le fait de revenir en finale, il ne pouvait pas nous arriver quelque chose de meilleur. Mais ce qui serait historique pour le basket français c’est de monter sur la plus haute marche. Il y a deux ans, on ne pouvait pas être déçu après avoir perdu contre l’Espagne. On l’était car on est compétiteur, mais on reconnaissait leur supériorité. Si on perdait contre la Lituanie, ce serait une déchirure. On a le sentiment que c’est notre année. Mais les Lituaniens pensent la même chose. C’est une confrontation entre deux générations à la recherche de la même chose. Ce sera un match énorme entre deux équipes qui donneront tout.
Avez-vous également progressé ces deux dernières années ?
Ce n’est pas à moi de le dire. Mais je le vis différemment, c’est évident. Il y a deux ans, on était tellement submergé par le bonheur d’aller aux Jeux qu’on en a perdu notre agressivité. Dans le sport de haut niveau, c’est mortel. C’est la défaite obligatoire. La finale d’il y a deux ans était plus proche d’un All Star Game que d’une finale de championnat d’Europe. J’exagère un peu, mais c’est ça. Là, on sait que ce qu’il s’est passé hier (vendredi) est une étape. Le match de demain est encore plus important. Le plus grand rendez-vous est demain soir (dimanche, 21h). C’est un rendez-vous avec l’histoire.
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