Bleus : un bronze qui vaut de l’or

Les Bleus médaillés de bronze - AFP
Ils ont pu profiter de la médaille sur le parquet, seuls, bras levés, cris de joie et sourires XXL. Une cérémonie protocolaire un brin originale (merci l’organisation espagnole) qui leur laissera au moins le souvenir de ce moment de joie collective. Comme s’ils étaient champions. Ils ne le sont pas et le titre reviendra aux Etats-Unis ou à la Serbie. Mais comment ne pas se dire que cette médaille de bronze, dans un sens, vaut de l’or ? L’équipe de France a battu la Lituanie ce samedi (95-93) pour offrir au basket masculin tricolore la première breloque mondiale de son histoire. Et l’exploit est immense.
Sans leur leader et meilleur joueur de tous les temps (Tony Parker), sans ce pivot censé pouvoir les porter vers ces sommets jusque-là inatteignables (Joakim Noah), sans d’autres joueurs importants mais absents (Alexis Ajinça, par exemple), les Bleus ont soufflé sur la poussière qui recouvrait la ligne mondiale de leur palmarès. Vraiment immense. Portés par deux leaders affamés, Nicolas Batum et Boris Diaw, ils ont contrecarré les avis de tous ceux qui voyaient leur potentiel à peine les sortir des poules avant de vite revenir à la maison. C’est fort, très fort, et ça restera dans les mémoires. La médaille, bien sûr, mais aussi le parcours qui a permis de l’arracher avec en point d’orgue ce succès de légende contre l’Espagne en quart de finale. Il fallait pourtant être capable de se remobiliser.
Batum impérial, Diaw royal, Lauvergne superbe
A peine dix-huit heures après la déception de l’échec contre la Serbie (90-85) en demie, les hommes de Vincent Collet ont su oublier pour mieux rebondir. La breloque était à ce prix. Mais on a longtemps cru qu’elle serait difficile à aller chercher. Bien dans leur match dès l’entame, tout l’inverse de la rencontre face aux Serbes, les Bleus prenaient le défi par le bon bout. Diaboliques d’adresse et lancés par un Lauvergne de feu dans les premières minutes (13 points au final), ils menaient vite au score mais l’écart montait au maximum à +5 (32-27, 15e), les Baltes profitant de leur domination totale dans la raquette et aux rebonds offensifs (12 en première période) pour s’accrocher.
Au retour des vestiaires, la crainte se transformait en réalité : la Lituanie retrouvait enfin son adresse extérieure et en profitait pour s’envoler (62-54, 27e). Mais ces Bleus n’abandonnent pas. Jamais. Ils refusent, à raison, de lâcher l’affaire. Royal contre la Serbie (35 points), Nicolas Batum remet le couvert (27). Boris Diaw (15 points) met les paniers importants. Gobert touché par les fautes, Lauvergne continue son gros match. L’écart se resserre, le suspense grandit et les dernières minutes voient s’organiser le bal des lancers francs. Qui craquera en premier ?
Heurtel montre une nouvelle fois un sang-froid dingue. Batum ne tremble pas. Diaw non plus, pourtant pas le meilleur spécialiste de l’exercice. La Lituanie continue à y croire mais les secondes s’égrainent. Un dernier cafouillage au rebond sur un lancer raté exprès par Maciulis libère la joie, énorme. Sirène. Les visages ne trompent pas. Championne d’Europe en 2013, cette équipe de France a réalisé un exploit dingue. Le bronze d’une vie. L’an prochain, elle défendra son titre continental chez elle. En 2016, si tout va bien, elle clôturera la carrière internationale de « TP » aux JO de Rio (après les deux médailles d'argent olympiques décrochées en 1948 et 2000). Ils n’ont pas fini de nous étonner et de nous faire vibrer. Bravo, messieurs. Et merci.