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Eurochallenge : pourquoi ça compte pour Nanterre

Mam Jaiteh

Mam Jaiteh - AFP

Opposé à Trabzonspor dans sa salle ce dimanche (18h) en finale de l’Eurochallenge, troisième compétition continentale, Nanterre va tenter d’offrir au basket français son premier titre européen depuis 2002. RMC Sport vous explique pourquoi le rendez-vous est important.

Parce qu’une Coupe d’Europe reste une Coupe d’Europe

On l’a d’abord appelée la FIBA Europe League. Puis la FIBA EuroCup. Et enfin, l’Eurochallenge. Créée en 2003 et organisée par la FIBA Europe (au contraire de l’Euroligue et l’Eurocoupe gérées par l’ULEB, ndlr), la troisième compétition continentale n’a pas l’éclat de ses deux rivales. Certains l’appellent même « la Coupe d’Europe des équipes qui ne font pas les playoffs » (ce qui était le cas de Nanterre en Pro A la saison dernière). Mais elle reste une Coupe d’Europe. Et même la C3 est une belle ligne à rajouter dans son palmarès.

« Ça reste un moment historique pour nous, explique Mam Jaiteh, le pivot de la JSF. En tant que joueurs, on n’a pas l’occasion de vivre ce genre de matches tous les jours. » « Les connaisseurs savent que c’est la troisième compétition, confirme Laurent Sciarra, membre de la Dream Team RMC Sport. Ce n’est pas la plus clinquante. Mais ça reste un titre. Et ça permet de te jauger par rapport à d’autres équipes européennes. Seules deux équipes françaises, Cholet et Chalon (en 2009 et 2012, deux défaites, ndlr), ont atteint la finale de cette compétition. » La troisième sera-t-elle la bonne ?

Parce que le basket français en a besoin

Première finale européenne pour Nanterre. Et la première du basket français masculin depuis Chalon-sur-Saône en 2012, déjà en Eurochallenge. Privé de titre continental depuis Nancy lors de la dernière édition de la Coupe Korac en 2002, le ballon orange tricolore a l’occasion de dépoussiérer un palmarès trop peu fourni sur le plan européen depuis le grand Limoges CSP (5 titres européens entre 1982 et 2000). « C’est quelque chose que le club n’a jamais connu, rappelle Mam Jaiteh. On souhaite vraiment remporter ce match car dix ans après, on ne se souvient pas du finaliste mais de celui qui a remporté le titre. On est vraiment motivé car on a envie de faire partie de cette histoire. Pour le club comme pour le basket français dans son ensemble. On a la chance d’avoir avec nous Joseph Gomis, qui faisait partie de l’aventure de Nancy en 2002. C’est peut-être un porte-bonheur pour nous. » Un succès de Nanterre ne serait pas le seul du basket français ce printemps. Car chez les filles, Villeneuve-d’Ascq a triomphé en Eurocoupe il y a un mois.

Parce que Nanterre a bataillé pour y être

Si le niveau de l’Eurochallenge n’est pas le plus relevé du basket continental, atteindre la finale n’a pas été une partie de plaisir pour la JSF. Premiers de leur groupe de saison régulière, où ils étaient opposés aux Belges du Belfius Mons-Hainaut, aux Portugais du Benfica Lisbonne et aux Finlandais du Joensuun Kataja (cinq victoires, une défaite), les Franciliens ont également terminé en tête de leur poule de « last 16 » dans laquelle ils affrontaient les Autrichiens de l’UBC Güssing Knights, les Turcs de l’Usak Sportif et leurs compatriotes du Mans (quatre victoires, deux défaites). Puis ils ont disposé en deux manches des Italiens de l’Enel Basket Brindisi en quart de finale. Avant d’écarter les Allemands du Francfort Skyliners pour s’offrir le droit de défier les Turcs de Trabzonspor dans leur salle en finale.

« On a quand même eu un parcours difficile et on a parfois gagné dans la difficulté, juge Jaiteh. Arriver en finale est un grand plaisir. On a vraiment donné du cœur pour remporter la demie et on mérite d’être là où on est. Maintenant, il faut finir le boulot. » Dans une salle où l’ambiance s’annonce surchauffée. « C’est vraiment hostile, poursuit le pivot de la JSF. Ce sont 8 000 personnes déchaînées, fanatiques. Mais l’avantage, c’est qu’on le sait déjà. Les arbitres seront peut-être aussi un peu influencés car ils sont chez eux, avec la pression du public. A nous d’être encore plus soudés. On ne pourra pas faire abstraction de ce public mais il faudra réussir à s’en servir pour être plus forts. On n’a pas le choix. A nous d’être au-dessus de tout ça. »

Parce que Nanterre poursuit sa belle histoire

On a tout écrit sur la fabuleuse ascension de Nanterre des rangs amateurs au titre de champion de France. Après avoir découvert l’Euroligue (où la JSF ne s’était pas trop mal défendue) en 2013-2014, les Franciliens écrivent une nouvelle page de l’histoire du club avec cette première finale européenne. Le petit poucet continue de grandir. « Ils sont de plus en plus surprenants, s’enthousiasme Laurent Sciarra. Et dans la continuité de ce qu’ils vivent depuis leur montée en Pro A. Ils répondent présents et c’est très bien pour leur histoire. Ils font encore parler d’eux. En France, on aime le ‘‘petit’’. Même si leur budget a sensiblement augmenté, cette image leur colle toujours à la peau. C’est surtout leur façon de jouer qui provoque l’adhésion des gens. C’est un basket plaisant, ça n’hésite pas, les mecs se battent. En demi-finale, ils ont perdu un joueur important, Mykal Riley, et on ne voit pas la différence quand les autres rentrent pour le remplacer. C’est aussi l’état d’esprit de cette équipe qui compte. » Et qui pourrait mener la JSF à un titre européen.

Alexandre Herbinet avec N.J. et l'Intégrale Sport