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En WNBA, les stars vent debout contre "les pires dirigeants du monde", qui affirment que "les joueuses devraient être à genou"

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En pleine finale WNBA, le ton monte encore entre la patronne de la Ligue et les stars qui demandent une revalorisation de leeurs conditions salariales.

Le torchon brûle entre la WNBA et ses stars. Les attaques de la star américaine Napheesa Collier à l'encontre de la patronne de la WNBA Cathy Engelbert ont fait monter d'un cran la tension entre les joueuses et la dirigeante, en pleine finale, sur fond d'âpres négociations pour une nouvelle répartition des revenus.

Quelques minutes avant le succès vendredi de Las Vegas contre Phoenix lors du premier match de la finale 2025, Cathy Engelbert a répondu en conférence de presse aux propos mordants tenus mardi par Napheesa Collier, qui déplorait travailler avec "les pires dirigeants du monde".

Lors de la demi-finale entre Minnesota et Phoenix, le sujet récurrent d'un arbitrage défaillant était revenu en force après la blessure de Collier lors du match 4 sur une action non sifflée par les arbitres qui avait déclenché le courroux de son entraîneuse Cheryl Reeve, exclue et suspendue par la suite.

L'intérieure âgée de 29 ans a de nouveau regretté le niveau des officiels mais a surtout porté ses attaques contre les dirigeants de la ligue et leur "insuffisance année après année", des propos appuyés par de nombreuses autres joueuses depuis.

Engelbert "dévastée"

Cette taulière de l'équipe nationale américaine, double championne olympique, a surtout fait mouche en rapportant des propos que lui aurait tenu Engelbert à l'encontre de Caitlin Clark, la mégastar de la ligue. Elle l'avait interrogée sur ses faibles revenus en tant que jeune joueuse (estimé à environ 84.500 dollars par an en moyenne) par rapport à la lumière qu'elle attire sur la ligue de basket nord-américaine.

"Elle devrait être reconnaissante, aurait rétorqué Engelbert. Elle gagne 16 millions de dollars par an hors des terrains (sponsors), sans la plateforme qu'est la WNBA elle ne gagnerait rien (...) les joueuses devraient être à genou et remercier leur bonne étoile pour le contrat TV que je leur ai obtenu."

Engelbert a mollement démenti vendredi avoir tenu ces propos, tout en disant avoir été "abattue" et "dévastée" par la sortie de Collier, regrettant "des imprécisions"., mais balayant l'idée de quitter son poste.

"On a échangé des messages avec Napheesa, on doit se rencontrer la semaine prochaine", a assuré la commissionnaire en place depuis 2019, avant d'esquisser une main tendue: "si les joueuses ne se sentent pas soutenues par la ligue alors on doit faire mieux, je dois faire mieux."

La menace d'un "lock-out"

L'escarmouche intervient alors que les négociations pour établir une nouvelle convention collective entre le syndicat de joueuses - dont Collier est vice-présidente - et la WNBA n'avancent pas.

En pleine croissance, la ligue bénéficie de revenus en augmentation, grâce à un nouveau contrat TV record (2,2 milliards de dollars en tout pour onze saisons à partir de 2026) et des frais de 250 millions de dollars réglés par les nouvelles franchises d'une ligue en expansion (de 13 à 18 équipes en 2030).

Les revenus des joueuses, comme leurs conditions de travail (qualité des vols, des infrastructures) restent à des années-lumières de leurs collègues masculins de la NBA, une ligue richissime plébiscitée par le public depuis plusieurs décennies qui est l'actionnaire principal de la WNBA.

Les basketteuses ont pris l'habitude de compléter leurs revenus en jouant l'hiver en Europe ou en Asie. De nouvelles ligues ont vu le jour ces dernières années aux Etats-Unis pour combler l'intersaison, notamment la populaire "Unrivaled" de basket 3x3, cofondée par Napheesa Collier et Breanna Stewart, toutes deux au coeur des négociations avec la WNBA.

Lors du All-Star Game en juillet, les joueuses avaient porté un T-shirt avec l'inscription "Payez-nous ce que vous nous devez".

La prochaine convention collective doit être signée avant le 31 octobre, une date limite qui peut encore être repoussée ou aboutir à une impasse en direction d'un "lock-out", un arrêt du travail faute de convention, comme la NBA en avait connu en 1998-1999 ou en 2011 notamment.

PK avec AFP