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Fan d'Iniesta, QI foot "incroyable", échec à l'Atlético... Qui est Arthur Vermeeren, le nouveau chouchou du Vélodrome?

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Arrivé dans la dernière ligne droite du mercato estival, Arthur Vermeeren a épaté le Vélodrome mardi contre l’Ajax en Ligue des champions. Une prestation pleine de promesses pour le jeune milieu belge (20 ans), bien décidé à se relever de deux dernières années contrastées.

Il y a ce soir-là sur la pelouse du Bosuilstadion d’Anvers quelques-uns des meilleurs joueurs au monde avec Robert Lewandowski, Pedri ou Ilkay Gündogan. Les yeux sont aussi rivés sur un jeune crack catalan de 16 ans dont il se murmure déjà qu’il pourrait martyriser bien des défenses dans les années à venir, un certain Lamine Yamal. C’est pourtant dans le camp d’en face que toute la lumière est prise. Ce 13 décembre 2023, ce qui ne devait être qu’un banal match de phase de poules de Ligue des champions entre le Royal Antwerp et le FC Barcelone devient l’acte de naissance d’un joyau belge de 18 ans: Arthur Vermeeren.

Car avant de séduire les supporters marseillais par sa prestation maousse réussie contre l’Ajax Amsterdam (4-0) dans la chaleur du Vélodrome cette semaine, le droitier avait déjà eu droit aux honneurs de la presse internationale. Il y a deux ans, ce sont les médias espagnols qui étaient tombés sous le charme de ce gamin maigrichon au sourire timide mais à l’élégance certaine, buteur au bout de deux minutes et capable d’éteindre à lui tout seul ou presque le milieu du Barça pour guider les siens vers un succès de prestige (3-2). Au coup de sifflet final, son entraîneur Mark van Bommel s’était empressé de saluer "l’extra classe" de son milieu: "On dirait que ce qu'il fait est simple mais je peux vous dire que ça ne l'est pas."

L'OM le voulait déjà il y a un an

C’est sans doute ce que s’est dit Roberto De Zerbi en le voyant rayonner dans l’entrejeu marseillais pour sa première titularisation de la saison ce mardi, avec une activité de tous les instants à la récupération (six ballons grattés, record du match) et cette même faculté à jouer simple. Une performance d’autant plus remarquable qu’il a tout de suite répondu présent dans l’intensité, malgré un temps de jeu pour le moins limité depuis le début de saison (13 minutes contre Lorient, 25 minutes face au Real Madrid).

"Arthur est un super joueur. On avait déjà essayé de le recruter l’an dernier. Malheureusement, on n’avait pas réussi. Pour son âge, il joue déjà comme un ancien. On sent quelqu’un de très tranquille. Techniquement, il est toujours orienté, toujours en mouvement. C’est un vrai joueur de football", louait à l’issue de la rencontre face à l’Ajax le directeur du football du club phocéen, Medhi Benatia, anticipant les questions sur son avenir. "Même s’il n’est que prêté, si le projet lui plaît et s’il enchaîne ce genre de prestations, on pourrait le voir ici pour quelques années." Pour l’heure sous contrat jusqu’en 2029 avec le RB Leipzig, Vermeeren ne dirait sans doute pas non à un peu de stabilité, pour ne pas revivre le même genre d’échec qu’à l’Atlético.

Car à peine deux mois après sa soirée magique de 2023 face au Barça, le Belge s’était laissé séduire par les bons mots de Diego Simeone, rejoignant l’Espagne pour 20 millions d’euros. Trop jeune, trop tôt, trop de pression. Les Colchoneros ne lui ont jamais vraiment laissé sa chance et se sont même empressés de le céder dès l’été suivant à Leipzig. Pourtant pas aidé par un collectif en grande souffrance (7e de Bundesliga), Vermeeren a pu retrouver en Allemagne des sensations, et se rapprocher par séquences du niveau qui en avait fait l’un des artisans du doublé Coupe-Championnat obtenu par le Royal Antwerp en 2023.

"Aucun dribble ou geste superflu"

En Belgique, on espère maintenant que cette signature à Marseille permettra de révéler le plein potentiel de ce talent au caractère discret mais affirmé, fan de Rocky Balboa et de Kobe Bryant, d’abord révélé en défense centrale, puis lancé chez les pros à seulement 17 ans. "On dirait qu'il a été formé à la Masia", disait de lui il y a deux ans David Penneman, son ancien entraîneur chez les U17 belges, dans les colonnes de La Dernière Heure. Sans lésiner sur les compliments. "Les analogies avec Andrés Iniesta ne sont pas volées. Je sais que ce genre de comparaison est à double tranchant car il connaîtra des creux. Mais son QI foot est incroyable. Même l'histoire de sa première sélection est amusante. J'allais scouter d'autres joueurs des U18 de l'Antwerp à l'été 2021 et j'ai vu Arthur. Il était le meilleur joueur sur le terrain tout en étant peu visible."

"Il résolvait toutes les situations avec tellement d'intelligence. Ses choix étaient bons, sa position toujours idéale. Il ne faisait aucun dribble ou geste superflu."

Bluffé par sa vista et son sens de l’anticipation, Van Bommel a même un jour promis à son poulain du Royal Antwerp une trajectoire à la Jude Bellingham - rien que ça - à condition de "ne pas franchir les étapes trop rapidement". À l’OM, De Zerbi aimerait qu'il se montre "moins timide en dehors des terrains pour augmenter son rendement" sur le rectangle vert. "C'est le présent et aussi le futur du club. Il a encore une très grande marge de progression. Il faut qu'il réussisse à être plus patron de l'environnement qui l'entoure", dit de lui l'exigeant technicien italien. Un discours laudateur à l’égard d’un élément qui doit apprendre à composer avec une concurrence fournie et incarnée par Pierre-Emile Hojbjerg, Matt O'Riley, Angel Gomes, Geoffrey Kondogbia ou Bilel Nadir.

"L’important, c’est le collectif et que l'équipe joue bien. Chacun travaille pour ça. Tout le monde aimerait jouer, moi aussi, mais on doit respecter les choix du coach et supporter l'équipe, qu'on joue ou pas", répond l’international belge aux six sélections (son dernier match avec les Diables Rouges remonte à novembre 2024), qui cite parmi ses principales qualités sa vision du jeu et sa lecture des matchs. "Avec le ballon, je suis très calme, j'ai confiance. Andrés Iniesta est un exemple pour moi. J’aimais regarder ses matchs, il était magnifique à voir jouer", a-t-il confié ce vendredi pour sa première conférence de presse, se disant "reconnaissant d’avoir été très bien accueilli" à l’OM.

Quant à son avenir et les conditions de son prêt, lui y voit pour l'instant un non-sujet: "Je ne sais pas trop. Le plus important, c'est que je vais tout donner sur le terrain." Soit à peu près le meilleur moyen de gagner le cœur des supporters marseillais.

https://twitter.com/rodolpheryo Rodolphe Ryo Journaliste RMC Sport