Euro de basket: Rachid Meziane, l'ancien entraîneur adjoint des Bleues affronte son ancienne équipe à la tête de la Belgique

Ce soir, Rachid Meziane s’assiéra sur le banc d’à côté, celui de la Belgique. Le Français de 43 ans, en penchant la tête, verra l’équipe de France, celle qu’il a côtoyé pendant sept ans, de 2014 à 2021. Il était adjoint de la sélectionneuse Valérie Garnier, notamment en charge de la vidéo, et a laissé d’excellents souvenirs aux joueuses.
"C’est quelqu’un que j’apprécie énormément, pas seulement en tant que coach. J’ai appris à le connaître avec le précédent staff. Il aime le beau basket, le jeu simple, détaille l'intérieure Valériane Vukosavljevic. Je ne suis pas surprise qu’il soit là car c’est un des très bons coaches français. Mais je sais qu’il prépare des choses pour chacune d’entre nous, qu’il sera prêt."
L’homme souriant, bosseur, était apprécié pour sa proximité : "On s’entendait toutes bien avec Rachid. Les assistants sont souvent proches des joueuses, confirme la meneuse Marine Fauthoux. On échange beaucoup avec eux. Rachid, c’est vraiment un bon gars. On l’adore mais ce sera contre lui donc pas de cadeau !"
Pas conservé par l’équipe de France
Le Français a gagné quatre médailles d’argent à l’Euro avec les Bleues (2015, 2017, 2019, 2021) et le bronze aux JO de Tokyo. Il n’a pas été conservé dans le staff de Jean-Aimé Toupane mais a vite rebondi, appelé par la Belgique comme adjoint de Valéry Demory en janvier 2022, qu’il a remplacé lors de son licenciement dix mois plus tard. Son bilan : 13 victoires en 14 matchs et l'ambition de barrer la route des Bleues.
"J’ai l’impression que c’est écrit, qu’on doit jouer cette équipe de France en demi-finales, sourit Meziane. Il ne faut pas que cela devienne un inconvénient aussi pour moi sur le plan émotionnel. Pour l’instant je suis assez blindé par rapport à ça. On fait un métier pour vivre ce genre de choses aussi, mais c’est contrôlé. J’oublierai que ce sera le bleu-blanc-rouge et ce sera un adversaire que je vais vouloir battre. J’aurais peut-être des poils qui vont s’hérisser lors de la Marseillaise mais j’ai fait un travail sur moi-même."
Le travail, avec sa sélection, porte ses fruits. Les Belgian Cats, troisièmes des Euros 2017 et 2021, n’ont jamais semblé aussi proches de vivre leur première finale sur une compétition internationale. L’or est un objectif affiché, le jeu est agréable à voir, fait de passes, de courses, de partage des responsabilités. Les joueuses ont appris de leurs expériences passées et Rachid Meziane, sous contrat jusqu'en 2024, JO inclus, s’est parfaitement intégré à tout ça.
"Il est beaucoup dans la communication, il veut beaucoup avoir notre ressenti, savoir comment on voit les choses… Il nous demande lorsqu’il veut rajouter un entraînement, il s’adapte, explique la meneuse belge de l’ASVEL Julie Allemand. Il essaie de continuer à nous connaître de mieux en mieux individuellement et collectivement pour amener le groupe le plus haut possible. Il a confiance, nous laisse jouer et il découvre un peu le 'Belgian Cats show', il adore ça et ce n’est pas lui l’a créé. Il nous laisse notre liberté."
"L’avantage, c’est que je connais les joueuses de la France"
Une liberté qu'il aime donner à ses joueuses en club également. Car Rachid Meziane, qui a croisé la route de Jean-Aimé Toupane lors de ses jeunes années, est l’entraîneur de Villeneuve d’Ascq. Il a amené son équipe en finale du championnat de France cette année (défaite face à l’ASVEL).
"L’avantage c’est que je connais les joueuses et je les côtoie tous les week-end en championnat de France, avoue-t-il. Je vais essayer d’aider au mieux mes filles pour avoir une meilleure connaissance des individus qu’elles devront défendre. On peut considérer ça comme un avantage. Je sais que c’est une équipe qui propose un jeu un peu différent que celui que lorsque j’étais assistant."
Le coach a même échangé quelques messages avec Janelle Salaun, la tricolore qui joue à Villeneuve d’Ascq. Alors un avantage, vraiment ? "Nous aussi on connait bien leurs joueuses, sourit Jean-Aimé Toupane. Je pense qu’on se connait des deux côtés. C’est vrai qu’il coache quand même en France. Je regarde aussi ses matchs. L’avantage qu’est-ce que tu en fais après ? Je n’en sais rien. Je vous laisse commenter, nous on essaie d’être pragmatique !"
Trois Belges jouent en France
Il est vrai que les analyses personnelles de certaines Belges de la part des Françaises devraient être un peu plus faciles : Julie Allemand (ASVEL), Julie Vanloo (Lattes-Montpellier) et Kyara Linskens (Lattes-Montpellier) jouent toutes en France. Au total, six "Belgian Cats" évoluent ou ont évolué dans l’Hexagone.
"C’est vrai qu’on se connaît par cœur. On connaît des joueuses qui ont joué dans le championnat de France. Je ne sais pas si c’est un plus ou pas, explique Romaine Bernies, la meneuse française qui évolue à Lattes-Montpellier. On aura un peu moins de difficulté à apprendre le scouting-report et on sait déjà ce qu’elles aiment faire mais ce sera une grosse bataille quoi qu’il arrive."
La bataille, la France veut la gagner face à Rachid Meziane l'ancien adjoint, le compatriote. Mais pour bien finir la compétition dans tous les cas, Meziane a trouvé la parade : "Le côté positif c’est qu’il y aura des Français en finale."