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Gruda : « A l’Euro, on sera l’équipe à battre »

Sandrine Gruda, ici avec Emilie Gomis, veut briller à l'Euro

Sandrine Gruda, ici avec Emilie Gomis, veut briller à l'Euro - -

Moins connue que Céline Dumerc, Sandrine Gruda, 25 ans, est un pion essentiel du 5 majeur des « Braqueuses », vice-championnes olympiques. A 48 heures de l’Euro en France, celle qui a remporté l’Euroligue Dames avec Ekaterinbourg, s’est confiée sur ses ambitions et sa vie de basketteuse pro

Sandrine, la France accueille l’Euro Dames, quel sera l’objectif des Bleues pour cette Euro ?

On n’a qu’une seule ambition : la gagne. Point barre. Tout autre résultat qu’une victoire serait un échec. On va jouer cette compétition à domicile, mais je ne ressens aucune pression particulière. Au contraire, pour moi, c’est un avantage de sentir le soutien des fans.

Comment voyez-vous votre équipe ?

Sportivement, on peut encore progresser, mais je pense qu’on est plus fortes qu’au moment de notre titre européen de 2009 parce qu’on se connaît mieux et qu’on a grandi. Notre principal adversaire, c’est nous-mêmes. Parce qu’on peut dominer qui on veut, et comme on veut. On sera l’équipe à battre.

Le regard du public français sur le basket féminin a-t-il changé depuis votre campagne olympique ? Ressentez-vous davantage de soutien ?

C’est difficile à dire parce que je ne peux pas bien m’en rendre compte depuis la Russie. Mais quand je rentre, je remarque qu’on me demande de signer plus d’autographes. Depuis cet été, les gens connaissent les « Braqueuses », c’est un grand pas. Mais je n’y pense pas quand je suis sur le parquet. Je sais que si on gagne, les retombées vont être automatiques, donc je pense surtout à jouer.

« Depuis les JO, j’ai grandi comme joueuse et comme femme»

Sur un plan personnel, qu’est-ce qui a évolué depuis un an ?

Depuis les JO, j’ai grandi, je suis une joueuse différente. Quand on te passe cette médaille autour du cou, tu sens que tu franchis un palier. La saison qui vient de s’écouler m’a aussi fait grandir en tant que femme et joueuse. Avant, j’étais à fond sur la performance et j’en oubliais la femme que je suis. Sur le plan du jeu, je prends plus de plaisir à jouer, et j’ai compris l’importance de la répétition des gestes, parce qu’on n’a jamais fini d’apprendre.

Vous avez remporté cette saison l’Euroligue Dames avec votre club russe d’Ekaterinbourg. Que représente ce titre pour vous ?

C’est un accomplissement, le plus gros titre de ma carrière. Je l’attendais depuis tellement longtemps ! Maintenant, j’ai l’impression d’avoir passé un cap. Je suis fière de mon équipe, fière de moi aussi parce que le coach m’a donné un rôle de leader, ça prouve que j’ai le niveau. C’est pour vivre ce genre de choses, pour gagner ce titre que je suis partie à l’étranger. Gagner avec cette équipe, avec ce staff, c’est génial

« Je sais que tout ça prendra fin »

Vous avez quitté tôt la France pour la Russie, vous n’avez pas trop souffert pour vous acclimater ?

Je suis en Russie depuis maintenant 6 ans. Au début, j’étais jeune, ça n’était pas évident. D’abord parce que je n’étais pas affirmée dans le haut niveau. Et puis, j’ai dû m’adapter au climat, à la nourriture, au style de jeu, à la langue… Mais maintenant je suis un vrai caméléon.

D’ailleurs, vous avez profité 3 fois de la coupure dans la saison européenne pour rejoindre les Etats-Unis et la WNBA. Vous sentez-vous plutôt russe ou américaine ?

Je me sens plus proche de la culture américaine. C’est proche de la Martinique, mon île natale, donc j’ai plus baigné dans culture US. Mais au niveau du basket, il n’y a aucune différence. En tout cas, à Ekaterinbourg, notre staff est formé à l’école américaine, donc on joue dans ce style

Vous avez passé votre enfance en Martinique. Qu’est-ce que ça représente pour vous, aujourd’hui ?

La Martinique, c’est mon équilibre, l’endroit où j’arrive me retrouver, à me ressourcer. Ça me permet de retomber les pieds sur Terre, près de la nature et de mes proches. La vie en Russie est luxueuse, presque irréelle : on est traité en princesse, il y a toujours des gens à notre disposition. C’est bon à vivre mais je ne veux surtout pas oublier d’où je viens. Je sais que cette vie durera le temps de ma carrière, qu’elle est éphémère. Que tout ça prendra fin. Alors j’essaie aussi de faire maintenant ce que je peux faire pour les autres. J’ai envie de partager ce que je vis.

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Une globe-trotteuse|||

Après deux saisons et un titre de championne de France à Valenciennes, Sandrine Gruda rejoint en 2007 la Russie et le club d’Ekaterinbourg. Pour sa deuxième saison, elle est élue, à 21 ans, meilleure joueuse du championnat. En 2008, 2009 et 2010, elle profite de la coupure d’été européenne pour jouer en WNBA avec les Sun du Connecticut. C’est cette année qu’elle remporte son plus grand titre en club, l’Euroligue Dames, avec Ekaterinbourg. Au poste de pivot, la grande (1m96) Sandrine compte plus de 100 capes en bleu. Avec l’équipe de France, elle a remporté l’Euro 2009 et la médaille d’argent aux derniers JO de Londres. Elle a également été élue meilleure joueuse européenne en 2009.  Elle est actuellement la joueuse française la mieux payée, avec des revenus estimés à 700 000 euros par an.