All Star Game : Diot, brillante antistar

Antoine Diot - -
Son nom évoque quelques anecdotes essentielles de la grande aventure. Le coup de gueule du général Tony Parker à la mi-temps de la demi-finale contre l’Espagne et sa façon de l’interpeller d’un « tu as un tir, tu le prends, oublie-moi ». Ses lancers francs sans nervosité affichée dans les derniers instants de cette demie si tendue. Son tir de dix mètres au buzzer contre la Lituanie, en finale, pour donner à l’équipe de France 16 points d’avance à la pause et l’impression que plus rien ne pouvait la priver de ce titre tant attendu.
Pas le plus connu des Bleus champions d’Europe en septembre dernier, sorte d’antistar quand on le compare à nos étoiles made in NBA, Antoine Diot n’en reste pas moins un élément clé du sacre tricolore. « Je suis dans ma petite vie, je suis très bien comme ça, avoue celui qui est l'un des deux seuls champions d'Europe évoluant aujourd'hui en Pro A avec Charles Kahudi. Si les gens viennent à moi, je répondrai toujours avec le sourire mais s’ils ne viennent pas, ça ne me posera aucun problème. » Avec sa défense étouffante et son apport en sortie de banc, l’ancien grand espoir de l’INSEP au milieu des années 2000 a donné satisfaction au sélectionneur, Vincent Collet, qu’il a également rejoint à Strasbourg cette saison. Sans oublier ce mental de fer qui a parfois permis aux Bleus de se maintenir à flot dans certaines mauvaises passes.
Champion d'Europe des moins de 16 ans et des moins de 18 ans
Cette force mentale, Diot l’a forgée dans son destin personnel. Dans ces deux saisons, entre 2010 et 2012, où le meneur de jeu a oscillé entre blessures, rechutes physiques et retours ratés. Le 20 mai 2010, celui qui évolue alors au Mans se bloque le dos pour la deuxième fois en une semaine. Hernie discale diagnostiquée et absence prévue pour deux ou trois mois, l’obligeant à rater le Mondial 2010. Privé de son énergie physique débordante et de sa faculté à tout donner sur le parquet, bases de son jeu, Antoine n’arrive pas à revenir à 100% et voit son corps le rattraper à plusieurs reprises. Frustration. Interrogations sur le présent et l’avenir, aussi.
Mais le travail avec un préparateur mental va lui permettre de ne pas lâcher. « C’est une personnalité. Il a gagné et mérité son respect, lance Mouhammadou Jaiteh, le pivot de Nanterre. Je n’oublie pas qu’il revient d’une longue blessure. On l’avait quasiment oublié, quasiment plus personne ne croyait en lui. Il a répondu de la meilleure des manières sur le terrain. » Surdoué de la balle orange, champion d’Europe des moins de 16 ans en 2004 et des moins de 18 ans en 2006 avec un certain Nicolas Batum, sélectionné pour la première fois en équipe de France en 2009, Diot a peu à peu retrouvé son niveau la saison dernière au Paris-Levallois (13,1 points et 3,9 passes décisives de moyenne par match) avant de participer au premier triomphe européen des Bleus. Comme un point d’exclamation à son retour après de longs mois où son corps l’avait lâché.
Avant de faire un jour le grand saut et de rejoindre Parker, Diaw et toute la compagnie bleue en NBA ? « Mon but a toujours été de rejoindre les plus grandes équipes européennes. Ce rêve, je l’ai toujours, avoue-t-il. Je n’ai jamais caché mon attachement pour le jeu espagnol. C’est le meilleur championnat en Europe. Après, on verra ce qui arrivera. J’ai appris, par mes années passées, à vivre le présent et à ne pas me projeter dans l’avenir. La NBA est forcément un rêve, j’ai grandi pendant l’époque de Michael Jordan. » Après tant de galères, Diot ne compte plus se fixer de limites.
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